Pillay : le Sénégal a fait d'importants progrès pour protéger les droits de l'homme

Pillay : le Sénégal a fait d'importants progrès pour protéger les droits de l'homme

Navi Pillay.
La Haut commissaire aux droits de l'homme des Nations Unies, Navi Pillay, a déclaré vendredi que le Sénégal avait fait des progrès considérables en vue de protéger les droits de l'homme de ses citoyens ces dernières années, mais a noté qu'une plus grande attention était nécessaire dans un certain nombre de domaines, y compris les droits des femmes et la lutte contre la traite des enfants en Afrique de l'Ouest.

La Haut commissaire a également appelé à une action urgente du Sénégal en vue de débuter au plus vite le procès contre l'ancien dirigeant tchadien Hissène Habré. Elle a rappelé que le Sénégal ayant la garde d'un suspect de crimes internationaux, il est « dans l'obligation de juger ou d'extrader M. Habré ».

Notant qu'une réunion entre l'Union africaine et le Sénégal aura lieu à Addis-Abeba la semaine prochaine à ce sujet, Navi Pillay a invité les autorités sénégalaises « à trouver une solution raisonnable avec l'Union africaine en vue d'aller de l'avant avec le procès le plus rapidement possible ». Elle a souligné les implications pour la réputation internationale du Sénégal si des progrès rapides ne sont pas réalisés.

Au cours de sa visite de trois jours au Sénégal, Mme Pillay a notamment rencontré le Président Abdoulaye Wade et plusieurs ministres du gouvernement.

« Dans une partie du monde qui a connu des nombreux conflits et des violations des droits de l'homme durant les dernières décennies, le Sénégal se distingue par sa démocratie stable et une amélioration progressive des droits de l'homme », a déclaré Mme Pillay. "Cette visite m'a permis de constater que le Sénégal est déterminé à poursuivre ce processus afin de surmonter certaines des lacunes et insuffisances dans ses systèmes de protection nationaux ».

Mme Pillay et le ministre sénégalais des affaires étrangères, Madické Niang, ont signé un accord prorogeant le mandat du Bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest du Haut commissariat des droits de l'homme (HCDH) pour une durée indéterminée. Le bureau a été créé en 2008, initialement pour une période de deux ans.

Lors de la conférence de presse qui a suivi la signature de l'accord, la Haut commissaire a salué l'annonce par le ministre d'une invitation permanente que le gouvernement sénégalais entend ouvrir à tous les experts indépendants des Nations Unies à visiter le pays. Le Sénégal sera le cinquième pays africain à émettre une telle invitation.

Tout en notant les efforts visant à faire avancer les droits des femmes, la Haut commissaire a exhorté le gouvernement à lever un certain nombre d'éléments discriminatoires encore présents dans la législation nationale, et qui entravent les efforts vers une égalité réelle entre les hommes et les femmes. Elle a souligné, en particulier, les dispositions consacrant l'époux en tant qu'unique chef de famille, les dispositions limitant la possibilité pour les enfants d'acquérir la nationalité sénégalaise par leur mère, ainsi que les dispositions discriminatoires en matière d'héritage. Elle a également fait référence aux pratiques traditionnelles néfastes, soulignant que ces atteintes nuisent gravement aux droits des femmes et des filles et que le gouvernement devait poursuivre ses efforts afin d'éradiquer ces pratiques.

Navi Pillay a également exprimé sa préoccupation quant au sort des enfants 'Talibés', souvent victimes de la traite et de l'exploitation. Dans de nombreux cas, ils sont privés d'éducation, de soins de santé, d'un logement décent et de nourriture. Mme Pillay s'est déclarée préoccupée par le nombre croissant d'enfants victimes de la traite dans la sous-région - en particulier en Guinée, en Guinée-Bissau, au Mali et au Sénégal - et a encouragé le Sénégal à jouer un rôle actif dans la lutte contre ce fléau, notamment par la mise en œuvre de la législation et des accords régionaux en la matière.

« Nous ne pouvons tolérer, en aucune circonstance, les violations des droits fondamentaux des enfants. C'est une question d'urgence », a-t-elle dit. « La vie des enfants est définitivement gâchée par la traite. Les gouvernements de la sous-région doivent agir rapidement et résolument pour punir tous les responsables, notamment les trafiquants, et libérer les enfants de cette exploitation déplorable ».

Jeudi, la Haut-Commissaire a également visité un centre qui soigne les victimes de la torture de toute la région, situé à Thiès, à 60 km à l'est de la capitale Dakar. Le centre, VIVRE-CAPREC, est principalement financé par le Fonds de contributions volontaires pour les victimes de la torture.