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Ban Ki-moon défend un programme d'action pour les Pays les moins avancés

Ban Ki-moon défend un programme d'action pour les Pays les moins avancés

Cheick Sidi Diarra, Haut Représentant di Secrétaire général de l'ONU pour les pays les moins développés.
« Nous avons besoin d'un programme d'action pour la prochaine décennie qui assure une croissance économique soutenue et inclusive, l'amélioration des capacités de production, une transformation structurelle créant des emplois et qui aide les Pays les moins avancés (PMA) à renforcer leur résilience aux chocs internes et externes », a souligné vendredi le Secrétaire général, Ban Ki-moon, en ouverture d'un débat thématique sur les PMA, au siège de l'ONU à New York.

Après avoir rappelé que le monde comptait 25 PMA en 1971, contre 48 aujourd'hui, et que les trois quarts de leur population vivaient aujourd'hui avec moins de deux dollars par jour, Ban Ki-moon a estimé que la situation n'était toutefois « pas aussi morne qu'elle ne le semblait ».

Le chef de l'ONU a en effet souligné que la pauvreté avait « décliné au cours des deux dernières décennies » et que ces pays avaient « enregistré des taux de croissance importants ces dernières années ».

Dans ce contexte, Ban Ki-moon a souhaité que la Conférence d'Istanbul sur les PMA prévue en mai soit l'occasion de mettre en place un véritable programme d'action consolidant les progrès des PMA et les rendant moins dépendant des aléas de l'économie mondiale.

Devant les participants, il a soulevé trois points sur lesquelles la communauté internationale et les PMA devaient travailler selon lui.

Première priorité, la diversification des économies. « Trop de PMA ont leurs économies basées sur l'agriculture et l'extraction minière ; peu sont parvenus à diversifier ces activités et à créer de la valeur ajoutée, ce qui les rend hautement vulnérables aux fluctuations des prix des matières premières », a-t-il souligné.

Pour parvenir à cette diversification, le Secrétaire général demande donc plus de soutien de la communauté internationale, le renforcement de la coopération Sud-Sud et la mobilisation des ressources domestiques, à commencer par celles du secteur privé.

Saluant la mise en œuvre d'un groupe de travail sur le secteur privé dans la perspective de la Conférence d'Istanbul, il a rappelé qu'il faudrait aussi « le soutien des gouvernements des PMA » qui « doivent créer l'environnement nécessaire au développement du secteur privé ».

Deuxième priorité, selon Ban Ki-moon, le développement de l'agriculture. « Pendant trop longtemps nous avons ignoré les investissements dans ce secteur, alors qu'en trois décennies, le coût des importations agricoles pour les PMA a triplé », a-t-il souligné, avant de mettre en garde contre le risque de voir à nouveaux des millions de personnes sombrer dans la pauvreté en cas de nouvelle crise alimentaire mondiale.

« Nous devons investir plus dans l'agriculture, dans la construction de marché locaux, pour stimuler la production. Il faut investir dans l'agriculture durable, en particulier dans les petites exploitations et leurs infrastructures. Cela signifie aussi assurer des transferts de technologie », a-t-il poursuivi, avant d'aborder la troisième priorité : l'accès aux marché.

« Les PMS ont besoin de développer leurs productions agricoles, celle de matières premières, celle de produits manufacturés et de développer d'autres services, mais ils ont aussi besoin d'être en mesure de vendre équitablement sur le marché mondial », a insisté le Secrétaire général.

Ban Ki-moon appelle donc à la conclusion rapide du cycle de négociations multilatérales sur le libre échange au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), communément appelé « Cycle de Doha ». Il réclame aussi « une aide au commerce » pour les PMA et la mise en œuvre « d'un véritable partenariat pour le développement », c'est-à-dire « une combinaison d'investissements, d'échanges commerciaux, d'aide au développement, de réduction des dettes publiques et de réformes de la gouvernance économique mondiale ».

Pour le chef de l'ONU, c'est ce qui doit être au cœur du programme d'action qu'il appelle de ses vœux et que la communauté internationale doit mettre sur pied en mai prochain, à Istanbul.

Intervenant à son tour devant les Etats membres, le Président de l'Assemblée générale, Joseph Deiss, a lui aussi estimé que « pour accélérer les progrès » des PMA et rendre les avancées « durables », il était « essentiel d'avoir des conditions-cadre qui stimulent l'investissement et la création d'emplois ».

Soulignant lui aussi que « trop souvent, les succès restent fragiles », car « la croissance se limite aux activités extractives et aux produits de base, secteurs peu créateurs d'emplois, isolés du reste de l'économie nationale et exposés aux aléas de la conjoncture mondiale », il a appelé au « renforcement des capacités productives et à la diversification des économies » des PMA, deux éléments « indispensables pour assurer une croissance soutenue qui bénéficie à l'ensemble de la société ».

Pour y parvenir, Joseph Deiss a estimé que les PMA devaient « intensifier les réformes pour renforcer l'état de droit, le respect des droits de l'homme et des institutions démocratiques, et lutter davantage contre la corruption ».

« La garantie des droits fondamentaux, notamment du droit de propriété, mais aussi la mise en place de structures de marché solides sont les conditions indispensables pour stimuler l'investissement, mobiliser les ressources domestiques, augmenter les capacités productives et créer des emplois », a-t-il poursuivi, avant d'ajouter que l'environnement international devait aussi « être d'une nature et d'une qualité propres à soutenir les pays les moins avancés dans leur effort ».

« La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres », a-t-il encore déclaré. « Réduire la pauvreté et la vulnérabilité des pays les moins avancés, nous le devons à leurs populations démunies, mais c'est aussi une contribution importante à un monde plus prospère, plus sûr, plus dynamique, plus démocratique et plus uni », a conclu Joseph Deiss.