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Libye : le HCR préoccupé par le sort des ressortissants d'Afrique sub-saharienne

Libye : le HCR préoccupé par le sort des ressortissants d'Afrique sub-saharienne

Un groupe de personnes se dirigeant vers la frontière entre la Libye et la Tunisie.
Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'est déclaré mardi préoccupé par le nombre croissant de témoignages sur les violences et la discrimination en Libye à l'encontre des Africains sub-sahariens et a réitéré son appel à toutes les parties concernées pour qu'elles reconnaissent la vulnérabilité des réfugiés et des migrants originaires d'Afrique sub-saharienne et pour qu'elles prennent les mesures nécessaires afin d'assurer leur protection.

« Hier, une équipe du HCR à la frontière égyptienne a interviewé un groupe de Soudanais arrivé depuis l'est de la Libye. Ce groupe a rapporté que des Libyens armés font du porte à porte, forçant des Africains sub-sahariens à partir. Une jeune Soudanaise de 12 ans a subi un viol. Le groupe fait également état de la confiscation ou de la destruction de papiers d'identité pour un grand nombre d'entre eux. Des incidents similaires à l'encontre d'un groupe de Tchadiens qui ont fui Benghazi, Al Bayda et Brega ces derniers jours nous ont également été rapportés », a déclaré un porte-parole du HCR, Adrian Edwards, lors d'une conférence de presse à Genève.

A la frontière égyptienne, un Bangladais est décédé ce week-end après une bagarre ayant éclaté durant une distribution de vivres. Le personnel du HCR a indiqué qu'un grand nombre parmi les 3.500 Bangladais présents à la frontière attend depuis plus de 10 jours de pouvoir continuer le voyage de retour et ils s'impatientent. Un grand nombre d'entre eux dorment en plein air dans un froid vif car les lieux d'hébergement à la frontière sont saturés. Environ 5.000 personnes attendent d'être transportées vers leurs pays d'origine.

Aux deux frontières, la plupart des personnes qui attendent une évacuation sont des hommes célibataires bangladais. « Actuellement, on déplore un manque critique de vols long-courriers vers le Bangladesh, d'autres pays asiatiques ou l'Afrique sub-saharienne. Le HCR et l'Organisation internationale des migrations (OIM) utilisent des contributions reçues en espèces pour l'organisation de vols charters, et plusieurs pays donateurs ont offert des vols long-courriers. Néanmoins, avec environ 40 à 50 vols requis pour rapatrier tous les migrants, un financement supplémentaire sera nécessaire pour assurer que tous bénéficient d'un transport vers leur pays d'origine », a dit le porte-parole.

Parallèlement, à la frontière tunisienne avec la Libye, le nombre des arrivées a considérablement baissé, avec 2.485 arrivants lundi, en comparaison du nombre observé il y a une semaine. Cette baisse coïncide avec l'intensification des combats dans l'ouest de la Libye, où il devient difficile de se déplacer. « Des témoignages de personnes arrivées ces derniers jours font état de nombreux barrages routiers militaires, établis le long des routes. La majorité des arrivants expliquent avoir été fouillés à la recherche de téléphones mobiles, de cartes mémoire et de cartes sim. Dans le camp de transit de Choucha, près de la frontière, 15.000 personnes sont actuellement hébergées dans des tentes du HCR. Le HCR a enregistré 311 personnes confrontées à des problèmes en matière de protection, y compris des Somaliens et des Erythréens », a souligné Adrian Edwards.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, et le Directeur général de l'OIM, William Lacy Swing, se trouvaient mardi en Tunisie afin de rencontrer des membres du gouvernement. Ils devaient également se rendre dans la région frontalière pour y rencontrer la communauté locale qui accueille généreusement des dizaines de milliers de personnes arrivées ces dernières semaines et qui manifeste une solidarité active aux migrants et aux réfugiés en leur offrant de l'assistance et des abris.

Le nombre des personnes qui ont fui la violence en Libye dépasse 212.000. Parmi elles, on compte 112.169 personnes ayant fui en Tunisie (dont plus de 19.000 Tunisiens et plus de 45.000 Egyptiens), 98.188 en Egypte (dont plus de 68.000 Egyptiens) et 2.025 au Niger (dont plus de 1.800 Nigériens). Le gouvernement algérien a également informé le HCR de l'arrivée de plus de 4.000 personnes en Algérie par avion, par la route ou par bateau, y compris avec les évacuations depuis la Tunisie et l'Egypte.

De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué qu'un convoi de camions transportant de l'aide alimentaire était entré en Libye et devait arriver à Benghazi mardi. C'est le premier convoi du PAM à entrer dans le pays. En outre, un navire transportant plus de 1.100 tonnes de farine de blé est en route pour la Libye.

A New York, le Conseil de sécurité a discuté mardi de la possibilité d’imposer une zone d’exclusion aérienne en Libye parmi d’autres d’options. « Le Conseil a eu des discussions très sérieuses et très interactives sur divers aspects », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, B. Lynn Pascoe, lors d’un point de presse à l’issue d’un exposé qu’il a fait aux membres du Conseil.

“Les difficultés que rencontrent les gens pour partir sont source de préoccupation pour nous tous au Secrétariat, et certainement pour le Conseil de sécurité », a-t-il ajouté.