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Guinée-Bissau : il faut renforcer la lutte contre l'impunité, selon l'envoyé de l'ONU

Guinée-Bissau : il faut renforcer la lutte contre l'impunité, selon l'envoyé de l'ONU

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Lors d'une séance du Conseil de sécurité vendredi à New York, le Représentant spécial de l'ONU pour la Guinée-Bissau, Joseph Mutaboba, a appelé les autorités à renforcer la lutte contre l'impunité et a salué les progrès effectués en matière de coopération sur les aspects de sécurité intérieure.

« Malgré des développements positifs, davantage de progrès doivent être faits sur d'importants aspects, notamment la lutte contre l'impunité et la lutte contre le trafic de drogues et le crime organisé », a déclaré Joseph Mutaboba devant les Etats membres.

« Sur la lutte contre l'impunité, malgré la libération, en décembre 2010, de l'ancien chef d'état-major des forces armées et d'autres officiers qui étaient détenus depuis le 1er avril 2010, peu de progrès ont été faits sur d'autres fronts, comme l'avancement des enquêtes sur les assassinats de mars et de juin 2009. Je continue de plaider en faveur de la nécessité de plus de transparence de la part des autorités judiciaires de Guinée-Bissau, comme par exemple de mobiliser le soutien des partenaires internationaux pour mener ces enquêtes », a-t-il expliqué.

Selon la presse, le Premier ministre Carlos Gomes Junior avait été arrêté le 1er avril 2010 par un groupe de soldats, avant d'être reconduit quelques heures plus tard dans sa résidence privée. Le chef d'état-major du pays, le général José Zamora Induta, avait également été arrêté, ainsi qu'une quarantaine d'officiers.

Sur la lutte contre le crime organisé et le trafic de drogues, le Représentant spécial a plaidé pour l'application de mesures notamment le déploiement de l'Unité transnationale de lutte contre le crime décidé par l'Initiative de la Côte d'Afrique de l'Ouest.

Joseph Mutaboba a salué les progrès du pays ces dernières semaines dans l'organisation d'une Conférence nationale à la mi-2011. Avec le soutien financier et technique du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau, une série de huit consultations nationales ont été organisées au mois de décembre et janvier avec le personnel de défense et des forces de sécurité.

« Ces efforts qui ont permis d'organiser d'importantes consultations sur la feuille de route de soutien de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour la réforme du secteur de la sécurité en Guinée-Bissau ont révélé un profond désir de changement », a souligné Joseph Mutaboba.

Il a aussi indiqué que des avancées avaient été faites sur le possible examen de la Constitution du pays. Il a également salué les signes positifs de consultations avec l'Union européenne (UE).

« Je souhaite que ces consultations produisent des résultats tangibles et contribuent à réengager l'UE comme un partenaire clé en soutien aux réformes en Guinée-Bissau aux côtés de l'Union africaine, la CEDEAO, le CPLP et les Etats Membres », a-t-il conclu.

Dans un rapport sur la situation du pays publié le 22 février, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé qu'il était « indispensable que le pays soit politiquement stable pour pouvoir mettre à profit la dynamique positive amorcée par l'annonce récente de mesures d'allègement de sa dette. Il importe tout particulièrement que les Bissau-Guinéens, spécialement les acteurs politiques et militaires, réfléchissent à ce qu'ont coûté les années perdues et se montrent résolus, dans l'intérêt national, à travailler ensemble à la réalisation d'un consensus sur les priorités du développement économique et de la stabilité à long terme du pays ».

A l’issue de la réunion, les membres du Conseil de sécurité ont noté les progrès faits par le gouvernement de Guinée-Bissau dans le maintien de la stabilité et de l’ordre constitutionnel. Dans une déclaration à la presse, ils ont également salué « les progrès réalisés en matière de réforme économique. »

Ils se sont dits toutefois « préoccupés par l’insécurité et la croissance du crime organisé transnational, dont le trafic de drogue, qui menacent la paix et la sécurité en Guinée Bissau et la sous-région. » Ils ont jugé nécessaire que les autorités du pays intensifient leurs efforts dans leur lutte contre l’impunité et le trafic de drogue.