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Tadjikistan : les services vétérinaires se privatisent et luttent contre la brucellose

Tadjikistan : les services vétérinaires se privatisent et luttent contre la brucellose

Des enfants tadjiks.
Le recul spectaculaire au Tadjikistan de la brucellose, une grave maladie qui s'attaque aussi bien au bétail qu'à l'homme, est reconnu come la première grande victoire du service national de santé animale récemment privatisé de cet Etat d'Asie centrale, explique l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Les services gouvernementaux de cette ancienne république soviétique ont quasiment tous périclité durant la guerre civile des années 1990. Résultat : en 2004 la brucellose avait infecté 8,5% des vastes troupeaux de moutons et de chèvres du pays, entraînant la chute de la production de viande et de produits laitiers. Les personnes ayant contracté la maladie après avoir consommé du lait non pasteurisé ou du fromage ont commencé à se sentir très affaiblies et à souffrir de fièvre chronique et de douleurs musculaires.

Grâce à une campagne nationale qui a fédéré les vétérinaires du pays en une «Association vétérinaire du Tadjikistan» comptant 1.000 membres cotisants, la situation s'est renversée. Les taux d'infection sont désormais aux alentours de 2,5% et avec l'amélioration des compétences et la création d'un réseau de pharmacies vétérinaires et de petits dispensaires, 1,7 million d'animaux ont pu être vaccinés.

Si la phase initiale d'urgence de la campagne a été subventionnée par l'Union européenne et la Suède par le biais de projets FAO, la clé de la privatisation durable a été la décision d'abolir progressivement les subventions. Désormais, les agriculteurs paient toutes les vaccinations intégralement, une véritable révolution après des décennies de soins médicaux gratuits sous le régime communiste.

Les bailleurs de fonds internationaux et la FAO étaient résolus à encourager l'autonomie dans le pays et non pas à se contenter de remplacer la dépendance vis-à-vis de l'aide extérieure par une dépendance du gouvernement.

« Dès le départ, nous avons expliqué que le projet prendrait fin un jour et que le coût de la vaccination serait alors à la charge des éleveurs », assure Karomattulo Khamroev, vétérinaire en chef et consultant national qui collabore avec la FAO depuis onze ans.

Rahmonali Ashurov est vétérinaire en chef d'un sous-district proche de Kulyab, une ville qui pratique le commerce de bestiaux depuis les temps reculés de la Route de la soie. Aux côtés du Dr. Khamroev dans un pré où paissent les moutons, il fait le point de la situation locale actuelle : « Le secteur privé est florissant et le nombre d'animaux croît d'année en année dans notre zone. D'après les dernières analyses de sang, cette région est indemne de brucellose. »

Un des principaux avantages comparatifs du Système des Nations Unies est sa neutralité. Ses institutions travaillent de façon systématique et en toute liberté, à travers les frontières nationales. La FAO a su diffuser les enseignements tirés de ses efforts de privatisation et de ses campagnes menées dans le reste de l'Asie.

« En 2009, nous avons organisé un atelier régional à Douchanbé où des habitants de Géorgie, d'Arménie, du reste de l'Asie centrale, et même de Jordanie et de Turquie, sont venus voir comment la FAO avait affronté la lutte contre la brucellose et quelles leçons et meilleures pratiques pouvaient être reproduites dans leur pays », explique Nassim Jawad, Coordonnateur du Bureau de la FAO au Tadjikistan, qui ajoute que les spécialistes tadjiks se rendent également dans les pays voisins pour partager leurs connaissances.