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Tunisie : la quête pour la dignité doit être entendue, selon la mission de l'ONU

Tunisie : la quête pour la dignité doit être entendue, selon la mission de l'ONU

L'avenue Bourguiba à Tunis.
Les Tunisiens, après avoir connu des décennies de « déni de dignité », espèrent de toutes leurs forces que les institutions de leur pays vont changer fondamentalement et que leurs droits seront désormais protégés et respectés, ont conclu quatre experts de haut niveau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) dans un rapport publié jeudi.

Selon ces experts, dont la mission en Tunisie s'est achevée le 2 février, les droits de l'homme seront essentiels pour la construction de l'avenir du pays et il faudra une gouvernance transparente pour éviter que les aspirations de la population ne se muent en frustration. Un nouveau cadre juridique garantissant une séparation claire des pouvoirs exécutif, législatif et judicaire est indispensable, ajoutent-ils.

Répondant aux demandes reçues par le HCDH, notamment du ministère tunisien des affaires Etrangères, pour qu'il ouvre un bureau dans le pays, et afin de soutenir les transformations actuellement en cours, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a décidé de déployer très prochainement une équipe en Tunisie. Celle-ci sera chargée de soutenir les Tunisiens en veillant à ce que les droits de l'homme restent bien au centre de cette phase de transition.

Le rapport révèle que pendant toute la mission, « le déni de dignité », a été présenté systématiquement comme la cause principale et sous-jacente de la révolte. « La restauration de cette dignité redéfinira la relation entre l'Etat et son peuple. Cette relation doit dorénavant être construite sur la base de l'Etat de droit et du respect des droits de l'homme et elle doit mettre l'Etat au service de son peuple. La quête pour la dignité, la réalisation des droits de l'homme et la recherche de la justice sont en effet des notions étroitement liées ».

L'équipe d'experts a également noté les défis en cette période difficile de l'histoire du pays. Les victimes des violations des droits de l'homme et leurs familles exigent une réparation immédiate et celles qui souffrent de l'exclusion sociale attendent leur réinsertion immédiate. Les citoyens veulent que l'Etat travaille pour le bénéfice de tous et non pas pour une partie d'entre eux. Ils veulent des débats publics et participatifs et un gouvernement responsable qui garantisse le respect des droits de l'homme et la justice sociale.

“Ceci souligne l'importance pour le gouvernement intérimaire de mettre en place un processus transparent qui tienne compte de toutes ces doléances et propose des stratégies réalistes pour y répondre », souligne le rapport.

“Nous avons été témoins du début d'une nouvelle ère absolument remarquable en Tunisie. Il y a une claire volonté de mettre en place des mécanismes qui assurent une rupture nette avec les injustices passées et d'élaborer une vision pour une Tunisie nouvelle », a noté l'équipe du Haut Commissariat aux droits de l'homme. « Les aspirations dans ce sens doivent être renforcées et reflétées dans des textes de lois afin de garantir leur pérennité en Tunisie ».