Iles Salomon : l'aide au développement ne doit pas être conditionnée, insiste un expert

Après avoir souligné que la part l'aide étrangère représentait plus de 60% du budget de développement et qu'elle avait aussi permis au pays de faire « des progrès substantiels dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dans les domaines et e la santé et de l'éducation », il a estimé qu'il était « important de promouvoir une croissance et un développement économiques autonomes et de s'assurer que les Iles Salomon sont en mesure de sortir du cycle de dépendance de l'aide ».
Cephas Lumina s'est par ailleurs dit préoccupé par l'absence d'approche incluant les droits de l'homme, dans les politiques et les pratiques des agences gouvernementales ainsi que dans la conception et la mise en uvre des programmes d'aide et des projets soutenus par les partenaires au développement du pays.
« Les droits humains sont un élément essentiel de toute stratégie de développement durable », a-t-il souligné, avant d'estimer qu'une « approche fondée sur les droits de l'homme pour guider la conception et la mise en uvre de projets d'aide au développement permet d'améliorer l'efficacité des programmes d'aide et d'atteindre des résultats durables ».
« Cela permettra aussi de s'assurer que les défis du développement dans les Îles Salomon sont abordées de manière adéquate et équitable, et que les droits fondamentaux des personnes sont pleinement respectés dans le processus », a-t-il ajouté.
Avant son arrivée aux îles Salomon, l'expert indépendant était en Australie, où il s'était concentré sur l'impact des programmes australiens d'aide au développement et leurs conséquences sur les droits de l'homme. Aux Îles Salomon, il a souhaité se concentrer sur l'efficacité de ce type d'aide étrangère, fourni par les organismes multilatéraux et bilatéraux, et leur impact sur la promotion et la défense des droits de l'homme dans le pays.
« Un renforcement efficace des capacités devraient promouvoir l'autonomisation des professionnels locaux, à la fois dans le gouvernement et la société civil », a-t-il rappelé, avant de souligner « la nécessité de réduire le nombre trop important de conseillers techniques travaillant actuellement dans des services publics dans les îles Salomon, dans le cadre des programmes d'aide, et dont l'immense majorité sont des ressortissants des pays donateurs ».
Selon Cephas Lumina, « le gouvernement des Îles Salomon doit prendre l'entière responsabilité de la destination de l'aide dans le pays et mettre en place un cadre réglementaire qui garantisse une livraison de l'aide étrangère qui soit transparente, responsable et centrée sur les individus ».
Dans la ligne de mire de l'Expert indépendant, « les conditions nocives qui peuvent accompagner l'aide au développement, telles que la réduction des dépenses du secteur public dans des circonstances où le gouvernement est le principal employeur, ou la privatisation et la libéralisation du commerce et du secteur financier ».
« Toute mesure visant à attirer les investissements étrangers devrait avoir pour objectif d'assurer une utilisation des ressources du pays qui soit durable et respectueuse de l'environnement, et qui bénéficie au peuple, surtout ses composantes les plus pauvres, plutôt que d'enrichir de manière unilatérale les investisseurs», a-t-il notamment insisté.
Cephas Lumina présentera un rapport préliminaire sur ses visites en Australie et aux Îles Salomon au Conseil des droits de l'homme de l'ONU en juin 2011 et son rapport final en 2012.