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PNUE : 2% du PIB mondial peut assurer la transition vers une économie verte

PNUE : 2% du PIB mondial peut assurer la transition vers une économie verte

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Selon un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement publié lundi, « investir 2 % du Produit intérieur brut (PIB) mondial dans dix secteurs clés permettrait de mettre en oeuvre la transition vers une économie verte caractérisée par de faibles émissions de carbone et l'utilisation efficace des ressources ».

« Les nations ont repris le chemin de Rio, mais dans un monde très différent de celui de 1992 », a déclaré le Directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner. « L'épuisement rapide des ressources naturelles et l'accélération du changement environnemental, depuis la perte des récifs coralliens et des forêts jusqu'à la pénurie croissante de terres productives, la nécessité urgente de nourrir les populations et d'alimenter les économies nationales en combustibles et en carburant et les impacts probables d'un changement climatique non maîtrisé constituent la toile de fond de Rio 2012 », a-t-il ajouté.

« L'économie verte présentée et illustrée dans le rapport du PNUE se veut une évaluation ciblée et pragmatique des premiers pas des pays, des communautés et des entreprises vers un schéma plus durable de consommation et de production. Ancré dans les principes de développement durable convenus à Rio en 1992, ce document reconnaît que les signaux fondamentaux qui pilotent nos économies doivent évoluer en termes de politiques publiques et de réponses des marchés », a-t-il poursuivi.

Soutenu par les gouvernements, cet investissement (environ 1300 milliards de dollars par an) permettrait à l'économie mondiale de connaître un taux de croissance à peu près égal, si ce n'est supérieur, aux prédictions des modèles économiques en vigueur , a indiqué le PNUE dans un communiqué de presse. Ces conclusions remettent totalement en cause le mythe de l'arbitrage entre investissements environnementaux et croissance économique et pointent du doigt la mauvaise allocation actuelle des capitaux, explique l'agence onusienne.

Selon le rapport, l'établissement d'une économie verte est « pertinente non seulement pour les économies plus développées mais elle constitue également un catalyseur essentiel de croissance et d'éradication de la pauvreté dans les pays en développement, où près de 90% du PIB générés par les populations pauvres dépendent de la nature ou du capital naturel tel que les forêts et l'eau douce ».

Le document cite l'Inde dont le National Rural Employment Guarantee Act, un programme assurant au moins 100 jours de travail rémunéré aux ménages ruraux, investit plus de 80% des 8 milliards de sa dotation dans des activités liées à la conservation de l'eau, l'irrigation et le développement foncier. Ce programme a généré trois milliards de jours de travail dont ont profité près de 60 millions de ménages.

Le Cambodge, l'Indonésie, les Philippines et le Viet Nam perdent aujourd'hui 2% de leur PIB combiné du fait des maladies d'origine hydrique dues à la mauvaise qualité de l'assainissement. Des politiques réorientant au moins 0,1% du PIB mondial par an pourraient contribuer à résoudre les problèmes d'assainissement et préserver l'eau douce grâce à une réduction de la demande en eau d'un cinquième par rapport aux estimations d'ici à 2050, indique le PNUE.

La transition globale vers une économie verte dégagerait des revenus par habitant supérieurs à ceux des modèles économiques actuels et réduirait l'empreinte écologique de près de 50% en 2050, estiment les experts. Le rapport sur l'économie verte reconnaît que la marche vers le développement durable passerait inévitablement par des pertes d'emplois dans certains secteurs, tels que la pêche. Pour assurer une transition équitable et socialement acceptable, le PNUE recommande « d'investir dans la formation et l'acquisition de nouvelles connaissances pour certains secteurs de la main d'oeuvre mondiale ».

Les experts estiment qu'à terme le nombre « d'emplois nouveaux et décents créés » dans des secteurs allant des énergies renouvelables à une agriculture plus durable compensera les pertes de ceux générés par l'ancienne « économie brune ».

Le PNUE affirme par exemple « qu'investir environ 1,25% du PIB mondial par an dans l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables diminuerait la demande mondiale d'énergie primaire de 9% en 2020 et de près de 40% en 2050 ».

« 2,5 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour et en 2050 la population mondiale comptera plus de deux milliards de personnes supplémentaires : il est donc clair que nos économies doivent continuer à croître et à se développer. Mais ce développement ne peut pas se faire aux dépens des systèmes dont dépend la vie sur terre, dans les océans ou dans l'atmosphère et qui permettent à nos économies d'exister et donc à chacun d'entre nous », a souligné M. Steiner.

« Comment conserver l'empreinte écologique de l'humanité dans des limites supportables par la planète ? L'économie verte constitue un volet essentiel de la réponse. Son but est d'établir un lien entre impératifs environnementaux pour changer le cours des résultats économiques et sociaux, particulièrement en termes de développement économique, d'emploi et d'équité », a-t-il conclu.