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Libye, Bahreïn : Navi Pillay dénonce la violence utilisée par les forces de sécurité

Libye, Bahreïn : Navi Pillay dénonce la violence utilisée par les forces de sécurité

Navi Pillay.
La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a condamné vendredi la violence utilisée par les forces de sécurité contre des manifestants en Libye et à Bahreïn, et plus généralement la réaction excessive de plusieurs gouvernements du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord aux demandes légitimes de leurs populations.

« L'usage de la force létale par le personnel de sécurité en Libye aurait entraîné la mort de plus de 20 manifestants », a relevé Mme Pillay dans un communiqué. « Il s'agit d'un pays où la situation en matière de droits de l'homme est en général très fermée à une surveillance internationale, y compris la notre, mais où la majorité de la population semble néanmoins avoir les mêmes aspirations en matière de droits de l'homme que partout ailleurs. »

La Haute commissaire a exprimé son profond regret concernant les décès au cours de ces dernières semaines en Algérie, à Bahreïn, en Iran, en Iraq, en Libye et au Yémen, ajoutant qu'elle était particulièrement troublée par les attaques ciblées contre certaines professions par les forces de sécurité.

« La nature et l'ampleur des violations des droits de l'homme dans plusieurs pays de la région, en réponse à ceux qui ont manifesté essentiellement de manière pacifique pour leurs droits humains et leurs libertés, sont alarmantes », a-t-elle déclaré.

Elle a cité des informations faisant état du meurtre de manifestants pacifiques, d'arrestations et de détentions arbitraires suivies de torture, de disparitions forcées, d'interdiction arbitraire de manifestations et de suppression de la liberté d'expression par la fermeture ou par l'imposition de restrictions à l'accès aux médias et à l'Internet.

« Particulièrement flagrantes sont les attaques ciblées contre des journalistes, des avocats, des défenseurs des droits de l'homme, et même, dans le cas de Bahreïn, de médecins et de personnels de santé prenant soin de manifestants blessés. L'utilisation de membres des forces de sécurité habillés en civil contre les manifestants est très inquiétante », selon Mme Pillay.

La Haut commissaire a condamné l'usage de balles réelles ces derniers jours contre des manifestants pacifiques en Libye, l'usage de tasers électriques et de bâtons au Yémen, et l'utilisation d'armes militaires à Bahreïn.

Elle s'est aussi inquiétée de récentes remarques faites par des parlementaires en Iran appelant à l'exécution de dirigeants de l'opposition.

La Haut commissaire a estimé que les populations du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord ne pouvaient pas se voir dénier le droit à la liberté d'expression et le droit de se réunir de manière pacifique. « Les appels des manifestants à la justice, au respect des libertés individuelles et des droits de l'homme, à des réformes juridiques et politiques, sont raisonnables et légitimes », a-t-elle dit. « Les gouvernements doivent être réceptifs. En choisissant l'oppression, ils ne feront que susciter davantage de frustration, de colère, d'instabilité, ce qui n'est certainement pas dans l'intérêt de leur nation ».

« Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sont remplis de colère », a-t-elle conclu. « La source de cette colère remonte à des décennies de manque d'attention aux aspirations des populations concernant leurs droits civils et politiques mais aussi leurs droits économiques, sociaux et culturels ».

Navi Pillay a réitéré son appel à toutes les parties pour qu'elles exercent la retenue. Elle a appelé à des enquêtes indépendantes et impartiales sur les violations signalées.

Un groupe d'experts des droits de l'homme de l'ONU a également appelé vendredi les gouvernements de Bahreïn et de Libye à garantir le droit à manifester pacifiquement et à immédiatement cesser l'usage d'une force excessive et meurtrière.

« Nous sommes alarmés et choqués par le nombre de manifestants pacifiques qui ont été blessés ou tués dans ces deux pays lors de la violente répression par les autorités », ont dit ces experts dans un communiqué commun.

Ce groupe d'experts comprend le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, Frank La Rue, le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, Christof Heyns, la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, Margaret Sekkagya, le Rapporteur spécial sur la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants, Juan Mendez, le Rapporteur spécial sur le droit des personnes à jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible, Anand Grover, et le Président-Rapporteur du Groupe de travail sur la détention arbitraire, El Hadji Malick Sow.