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Iraq : le PNUD appuie une série de programmes pour lutter contre la violence sexiste

Iraq : le PNUD appuie une série de programmes pour lutter contre la violence sexiste

Des femmes iraquiennes attendent pour pouvoir voter.
Dans le cadre de ses efforts pour renforcer la sécurité dans le pays, le gouvernement iraquien a lancé, avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), une série de programmes destinés à réaffirmer la primauté du droit face aux violences faites aux femmes.

« Ce sont bien sûr les populations les plus vulnérables qui ont été les plus affectées par les problèmes de sécurité, et lorsqu'on se penche sur les conditions de sécurité des femmes, la situation ne s'est pas améliorée depuis 2003, au contraire, elle s'est détériorée », indique Helen Olafsdottir, conseillère pour la prévention des crises et le relèvement au PNUD-Iraq. « Nous avons constaté de graves carences dans la résolution des problèmes de violence domestique et de violence sexiste en général », ajoute-t-elle.

Selon les enquêtes menées conjointement par le gouvernement iraquien et les agences de l'ONU de 2006 à 2009, les femmes font non seulement face à des niveaux de violence élevés, mais elles ne disposent pas d'un accès approprié aux soins et à la justice.

Une femme sur cinq âgées de 15 à 49 ans aurait ainsi subi des violences physiques de la part de son mari, dont 14% pendant leurs grossesses. Des chiffres qui sont probablement plus importants dans la réalité, compte tenu du faible taux de déclaration des violences sexistes en Iraq, lié à la crainte de la stigmatisation sociale et au manque de confiance dans les autorités.

Selon le PNUD, « il n'existe pas en Iraq de cadre juridique solide pour protéger les femmes de la maltraitance et le problème est aggravé par le manque de foyers d'accueil et de formations appropriées pour le personnel médical et les forces de l'ordre ».

« Nous examinons le travail de la police, de l'appareil judiciaire, et il faut qu'ils intègrent les soins médicaux, l'aide psychologique, des travailleurs sociaux, l'aide juridique, et la liste n'en finit pas. Il y a un travail immense à accomplir et le gouvernement iraquien part véritablement de zéro », explique encore Helen Olafsdottir, qui reste néanmoins optimiste. « Nous savons que les autorités prennent le problème très au sérieux, nous devons établir une situation de référence, nous devons exercer un suivi et aider le gouvernement à exercer un suivi de ces actions pour déterminer l'efficacité des efforts déployés pour résoudre ces problèmes, en particulier la violence domestique et la violence sexiste ».

Après avoir mis en lumière de vastes manques en matière d'aide juridique et d'accès à la justice pour les survivantes de violences sexistes, le PNUD-Iraq et les pouvoirs publics ont analysé les pratiques les plus évoluées dans ce domaine dans le Moyen-Orient, afin de pousser le gouvernement à adopter des mesures et mener des actions concrètes.

Ainsi, dans le cadre de son programme d'appui à la famille, à la justice et à la sécurité lancé en avril 2010 avec le PNUD, le gouvernement iraquien a mis en place des unités de police spécialisées dans la protection des survivantes de violences sexistes. Appelées « Directions de la protection familiale », elles mettent les victimes en relation avec des services d'aide juridique et suivent le traitement des dossiers au moyen d'une base de données nationale.

En septembre 2010, le PNUD a également mis en place, à Erbil, des formations pour les officiers de police, les travailleurs sociaux, les avocats et les juges, au cours desquelles ont été présentées les pratiques optimales dans la région en matière d'intervention des forces de l'ordre et de services aux survivantes de violences sexistes.

Par ailleurs, deux nouvelles directions de la protection familiale ont été établies dans des commissariats de police de Bagdad et de la région du Kurdistan, pour accueillir les victimes de violences sexistes, en disposant de personnel de police féminin solidement formé.

Avec l'appui du PNUD, le gouvernement du Kurdistan a également élaboré une nouvelle politique relative aux foyers d'accueil, en attendant celle déployée à l'échelle nationale par le gouvernement central.

Grâce à deux autres programmes du PNUD se concentrant sur la primauté de l'Etat de droit face aux violences sexistes, le gouvernement iraquien mène également des activités de sensibilisation auprès des juges, sur les normes nationales et internationales relatives aux droits des femmes et au droit à un jugement équitable.

Un autre programme de l'agence onusienne, destiné à améliorer l'efficacité de la justice, a été mis en place à Erbil, Bagdad et Bassora. Il comprend des formations sur la violence à l'égard des femmes, l'égalité des sexes, la médiation, le droit procédural, la conduite d'enquêtes équitables, la lutte contre la corruption, le droit de la famille, la planification stratégique et les questions d'éthiques et de déontologie. Plus de 400 magistrats iraquiens en ont déjà profité.