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Egypte : Ban Ki-moon juge inacceptables les restrictions visant les médias

Egypte : Ban Ki-moon juge inacceptables les restrictions visant les médias

Ban Ki-moon.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a jugé jeudi « absolument inacceptables » les restrictions visant les médias internationaux et les associations de droits de l'homme en Egypte, alors que le Président égyptien Hosni Moubarak fait face à un soulèvement populaire réclamant son départ.

Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a jugé jeudi « absolument inacceptables » les restrictions visant les médias internationaux et les associations de droits de l’homme en Egypte, alors que le Président égyptien Hosnii Moubarak fait face à un soulèvement populaire réclamant son départ.

A l’issue d’une rencontre avec le Président allemand à Berlin, le Secrétaire général a dit à la presse qu’ils étaient tous les deux « préoccupés par les intimidations et les restrictions visant les médias internationaux et les groupes de droits de l’homme au Caire ».

« Que les choses soient claires. Ceci est scandaleux et totalement inacceptable. Cela doit cesser maintenant », a-t-il dit. « Respecter la liberté d’expression et d’assemblée ainsi que la liberté d’information est un élément crucial et essentiel des valeurs démocratiques ».

« J’appelle une nouvelle fois fermement les autorités égyptiennes à écouter la voix du peuple et à entamer immédiatement un véritable changement », a ajouté Ban Ki-moon.

Plus tôt à Londres, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a promis le soutien des Nations Unies aux réformes qu’il juge nécessaires pour répondre aux aspirations des populations au Moyen-Orient.

« Nous ne devrions pas sous-estimer le danger de l’instabilité à travers le Moyen-Orient », a déclaré Ban Ki-moon lors d’une conférence de presse à Londres. Des propos qu'il avait déjà exprimés la veille. « Les Nations Unies sont prêtes à apporter le soutien aux réformes courageuses qui sont nécessaires pour répondre aux aspirations du peuple », a-t-il ajouté.

Il a demandé à nouveau à ce qu’une transition pacifique commence maintenant. M. Moubarak a annoncé mardi qu’il avait l’intention de terminer son mandat mais qu’il ne chercherait pas à se faire réélire en septembre.

De leur côté, à la lumière des soulèvements populaires en Tunisie et en Egypte ces dernières semaines, un groupe d'experts indépendants de l'ONU a appelé jeudi les gouvernements à travers le monde à porter plus d'attention aux aspirations de leurs peuples.

« Les récents événements qui se sont déroulés dans plusieurs pays sont l'expression de la frustration ressentie par de nombreux individus dont les voix ont été négligées ou ignorées par leur propre gouvernement », ont estimé les experts dans un communiqué de presse.

Durant les dernières semaines, des hommes et des femmes de nombreux pays notamment de Tunisie, d'Egypte ou du Belarus, ont exprimé un sentiment d'injustice « qui s'explique, parmi d'autres raisons, par le manque d'emploi et d'opportunités et le souhait de vivre normalement c'est-a-dire de pouvoir se nourrir et se loger décemment ». Ces populations ont dénoncé le déni de leur droit à la participation dans les décisions politiques soulignant ainsi le manque de respect des droits de l'homme : civils, culturels, économiques, politiques et sociaux, ont souligné les experts.

« Nous sommes alarmés par l'augmentation des restrictions au droit à la liberté d'expression et d'information imposées par les gouvernements qui cherchent à réprimer le nombre croissant de personnes qui souhaitent être entendues. Nous sommes particulièrement inquiets des mauvais traitements et des arrestations arbitraires de manifestants, de journalistes, de défenseurs des droits de l'homme et d'avocats. Nous sommes perturbés par les interruptions des réseaux de communication et des transmissions des informations pourtant si essentielles dans le monde moderne », ont-ils ajouté.

Ils ont déploré les morts et les blessés causés par l'usage disproportionné de la force par les autorités.

« Comme les récents troubles l'ont démontré, ignorer les racines des causes de telles manifestations n'est pas durable », ont-ils conclu en soulignant que des réformes doivent être menées nationalement et internationalement pour que les droits de l'homme puissent être respectés.

Le groupe d'experts indépendants de l'ONU est composé de l'Experte sur les droits de l'homme et l'extrême pauvreté, Magdalena Sepulveda, le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, Franck La Rue, la Rapporteuse sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, Margaret Sekaggya, le Rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats, Gabriela Knaul, le Rapporteur spécial sur la torture et les traitements dégradants et inhumains, Juan Mendes, le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns, et le Président du Groupe de travail sur la détention arbitraire, El Hadj Malick Sow.

De son côté, dans un communiqué publié jeudi, le Directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT), Juan Somavia, s'est « joint au Secrétaire général des Nations Unies pour inviter les dirigeants égyptiens à écouter attentivement les aspirations du peuple ».

« La responsabilité qui leur incombe avant tout est de créer des emplois décents et des opportunités qui permettent de vivre décemment », a-t-il déclaré. « Depuis de nombreuses années, l'OIT dénonce l'ampleur du déficit de travail décent en Egypte et dans d'autres pays de la région, où le chômage, le sous-emploi et le travail informel demeurent parmi les plus élevés au monde. L'incapacité à gérer efficacement cette situation, avec toutes ses répercussions en termes de pauvreté et d'inégalités de développement, ainsi que les entraves à l'exercice des libertés fondamentales, ont déclenché ce déferlement historique de revendications populaires », a-t-il ajouté.

Les mobilisations d'ampleur nationale des derniers jours ont conduit à l'instauration de la Fédération égyptienne des syndicats indépendants. Elle a réclamé la création d'emplois, l'instauration d'un salaire minimum, d'une protection sociale et la liberté syndicale, a-t-il expliqué.

« Je me réjouis de cette avancée dans l'exercice des droits des travailleurs égyptiens. Leur voix doit dorénavant figurer au premier rang de celles que l'on écoute », a dit Juan Somavia. « Je suis convaincu qu'ensemble les Egyptiens trouveront le moyen de se rassembler et de garantir à la jeunesse de leur pays un avenir de dignité et de travail décent. L'OIT se tient prête à offrir toute l'assistance nécessaire à cette fin », a-t-il conclu.