Iraq : à Bagdad, le chef du HCR plaide en faveur des réfugiés et déplacés

« Le plan doit avoir des objectifs clairs pour traiter les questions de sécurité, de patrimoine et de réinsertion, qui permettront aux déplacés et réfugiés de rentrer chez eux en toute sécurité et dans la dignité », a-t-il indiqué dans un communiqué concluant sa visite, avant de rappeler l'importance du caractère volontaire des rapatriements.
« Forcer les gens à rentrer chez eux contre leur gré, alors que l'insécurité règne est inacceptable », a-t-il insisté, se référant aux récentes expulsions d'Irakiens d'un certain nombre de pays européens.
Le Haut Commissaire a également profité de cette visite pour saluer la formation en décembre du gouvernement de coalition irakien, après des mois d'impasse politique. « Le nouveau gouvernement représente une opportunité majeure pour l'Irak, mais aussi pour notre travail ; j'espère qu'aujourd'hui marque le début de la fin du chapitre des déplacements de populations en Iraq », a-t-il souligné.
A Bagdad, António Guterres a pu s'entretenir avec le Président Jalal Talabani, le Premier ministre Nouri Al-Maliki et le ministre des affaires étrangères Hoshyar Zebari. Il a également eu des entretiens avec Iyad Allaoui, le Président désigné du Conseil national des politiques stratégiques.
C'est lors de ces réunions, que le chef du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a proposé au gouvernement iraquien un plan d'action pour le retour des réfugiés et des déplacés. Une initiative encouragée par des responsables politiques qui ont fait part de graves préoccupations devant la recrudescence des violences et actes terroristes visant des minorités et des groupes religieux.
« Il est essentiel de préserver la diversité en Iraq, où pratiquement toutes les civilisations ont leurs racines », a rappelé António Guterres.
Près de 200.000 Iraquiens sont enregistrés comme réfugiés par le HCR, principalement en Syrie, en Jordanie et au Liban. En outre, l'agence onusienne estime qu'il ya environ 1,3 million d'Iraquiens déplacés à l'intérieur du pays, dont 500.000 vivant dans des conditions extrêmement précaires.
« Ces personnes vivent dans des circonstances dramatiques. Ils sont sans-abris ou vivent dans des taudis, et sont particulièrement désespérés », a-t-il poursuivi, réclamant « davantage d'aide humanitaire pour les groupes les plus démunis ».
Dans la capitale iraquienne, António Guterres a également visité le camp d'Um Al-Baneen,, où 112 familles de déplacés internes habitent des locaux délabrés qui étaient autrefois des bâtiments militaires. Sur place, le Haut commissaire a salué la décision du gouvernement de suspendre leur expulsion tant qu'une solution de relogement de ces familles, dont beaucoup n'ont pas de document d'identité et de sources de revenus, ne serait pas trouvée.
Certaines des familles rencontrées à Um Al-Baneen ont indiqué qu'elles avaient trouvé refuge dans ce camp en raison de la violence dans leurs zones d'habitation ou de leur incapacité à payer leur loyer, fautes d'activités et de revenus.
Parmi les priorités du HCR en Iraq, figurent les projets de construction ou de reconstruction de près de 20.000 logements de deux chambres, dans les zones touchées par les conflits à travers le pays, afin de permettre aux déplacés de rentrer chez eux.
Dans son communiqué clôturant sa visite, António Guterres a également noté que si le nombre de réfugiés iraquiens dans les pays voisins avait diminué, leur vulnérabilité avait en revanche augmenté. Selon la base de données du HCR, 34% d'entre eux sont dans une situation « vulnérable », notamment des milliers de personnes en mauvaise santé et un nombre important de foyers dirigés par des femmes seules.
La majorité des réfugiés iraquiens vivent aujourd'hui en Syrie et en Jordanie. Certains sont arrivés il y a plus de trois ans et beaucoup ont eu du mal à trouver du travail, ce qui les rend tributaires de leur épargne et de l'aide internationale, qui tendent aujourd'hui à diminuer.
Selon le chef du HCR, une des conséquences de leur pauvreté, c'est qu'un nombre croissant d'enfants réfugiés sont déscolarisés et cherchent des travaux occasionnels pour aider à nourrir leurs familles. « Quand un enfant iraquien va à l'école plutôt que de travailler, vous investissez dans l'avenir de l'Iraq », a rappelé António Guterres, qui a plaidé leur cause auprès des autorités iraquiennes.