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Sénégal : un expert juge nécessaire d'améliorer la qualité de l'enseignement

Sénégal : un expert juge nécessaire d'améliorer la qualité de l'enseignement

Un enfant sénégalais jouant au football..
« Le Sénégal a réalisé des progrès importants dans l'accès aux écoles primaires au cours de la dernière décennie, mais maintenant que les enfants accèdent enfin aux salles de classe, la qualité de l'enseignement doit être assurée », a déclaré vendredi le Rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'éducation, Kishore Singh, au terme de sa première visite dans le pays.

« Sans des professeurs bien formés et motivés, sans accès à du matériel pédagogique adéquat et sans capacité d'enseignement dans les dialectes maternels des élèves de l'enseignement primaire, l'impact de l'augmentation des inscriptions sera limité », a poursuivi l'expert onusien lors d'une conférence de presse à Dakar.

Il a estimé notamment que des défis importants se présentaient encore au Sénégal, qui a « joué un rôle de premier plan dans la promotion des engagements internationaux visant à garantir le droit à l'éducation ». Malgré cela, « seulement 47% des Sénégalais savent lire et écrire, et 2,7 millions d'enfants restent en dehors des écoles ».

Au cours de sa visite dans le pays, Kishore Singh s'est entretenu avec plusieurs représentants gouvernementaux du secteur de l'éducation, responsables d'organisations internationales et d'organisations non-gouvernementales. Il a également visité des écoles publiques et des écoles coraniques dans la capitale et dans des zones rurales.

« En dépit des efforts pour construire de nouvelles écoles, l'infrastructure est encore insuffisante et les salles de classe sont surpeuplées dans de nombreux endroits », a-t-il déclaré, ajoutant que l'enseignement privé était en augmentation et que des pratiques commerciales abusives apparaissaient comme une préoccupation nouvelle.

Le Rapporteur spécial a également estimé que « des investissements accrus dans les systèmes de protection sociale permettraient d'éviter que les enfants marginalisés soient privés de toute éducation ». Il a aussi appelé les autorités sénégalaises à soutenir davantage les filières d'enseignements techniques. « La proportion des ressources allouées aux établissements d'enseignement technique est maigre. Avec plus d'aide, ils pourraient pourtant jouer un rôle important, en élargissant les opportunités d'emploi de nombreux Sénégalais ».

Kishore Singh a conclu en soulevant deux problèmes. D'abord, celui de la situation des enfants dans certaines écoles coraniques, où les locaux sont insalubres et les élèves parfois obligé de se livrer à la mendicité. « Il n'y a aucune excuse pour l'exploitation des enfants. Ce n'est pas seulement inacceptable selon les normes des droits humains, mais c'est également incompatible avec toutes les valeurs religieuses. Les enfants doivent être protégés et un cadre juridique doit être mis en place pour s'assurer que toutes les écoles coraniques sont conformes aux normes des droits de l'homme », a-t-il insisté.

Le Rapporteur a ensuite attiré l'attention sur les difficultés rencontrées par les filles dans les écoles. « Le Sénégal atteint la parité entre les sexes au niveau du primaire, mais la présence de filles n'a pas enregistré la même progression à des niveaux plus élevés. Les mariages précoces, les grossesses, le travail domestique, les abus de professeurs sont autant de problèmes sérieux qui peuvent contribuer à l'interruption de la scolarité des filles ».

« L'éducation est un droit humain fondamental, des mécanismes de protection doivent être disponibles en cas de violation de ce droit », a conclu Kishore Singh, qui présentera un rapport complet sur sa visite au Sénégal au Conseil des droits de l'homme de l'ONU dans les prochains mois.