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Tunisie : Ban Ki-moon attristé par les morts lors des violences

Tunisie : Ban Ki-moon attristé par les morts lors des violences

L'avenue Bourguiba à Tunis.
Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est dit vendredi attristé par les morts lors d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre en Tunisie et a appelé une nouvelle fois à la retenue dans le recours à la force.

« Je suis de très près et avec préoccupation la situation en Tunisie. Je suis attristé par les pertes en vies humaines et j’appelle de nouveau à la retenue dans le recours à la force et au plein respect de la liberté d’expression et d’association », a dit Ban Ki-moon lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU à New York.

« La situation politique évolue rapidement et tout doit être fait par toutes les parties concernées pour établir le dialogue, résoudre les problèmes de manière pacifique et prévenir davantage de violences », a-t-il ajouté.

Selon la presse, après avoir annoncé le limogeage du gouvernement, le Président tunisien Ben Ali aurait quitté le pays vendredi. L'état d'urgence a été décrété dans le pays, les rassemblements interdits et l'espace aérien fermé.

De son côté, un groupe d'experts de l'ONU sur les droits de l'homme a également exhorté vendredi le gouvernement tunisien à contrôler le recours à la force contre les manifestants pacifiques, après que 21 morts ont été officiellement confirmés lors du weekend du 8 et 9 janvier dernier.

Des organisations crédibles de défense des droits de l'homme ont fait état d'un nombre de morts supérieurs depuis le début de la contestation à la mi-décembre, a indiqué jeudi le groupe par communiqué de presse.

« L'assassinat de civils innocents est une violation claire de la loi internationale et s'avère totalement inacceptable dans toute société », a déclaré le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns, dans un communiqué de presse commun avec le Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, Margaret Sekaggya, le co-rapporteur du Groupe de travail sur la détention arbitraire, El Hadji Malick Sow, le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Juan Mendez, et le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit de la liberté d'opinion et d'expression, Frank La Rue.

La déclaration jeudi du Président tunisien, Ben Ali, qui a exhorté les forces de sécurité à ne pas tirer à balles réelles contre les manifestants constitue une étape importante, mais ces mots doivent devenir réalité, ont estimé les experts.

« L'usage excessif de la force contre les manifestants doit s'arrêter », ont-ils martelé. « Nous sommes profondément choqués par l'usage excessif de la force malgré la nature pacifique de la majorité des manifestants qui s'expriment contre l'augmentation des prix, le chômage, les allégations de corruption et les restrictions des droits et libertés fondamentaux », ont-ils ajouté.

Pour Christof Heyns, les forces de sécurité « doivent scrupuleusement se conformer aux principes du droit international qui régissent l'utilisation de la force et des armes à feu ». El Hadji Malick Sow considère que le gouvernement doit « cesser immédiatement les arrestations arbitraires ».

Frank La Rue a pour sa part déploré les mesures prises par les autorités tunisiennes limitant la couverture des manifestations par les médias » avant de souligner que « la liberté d'expression en Tunisie doit être garantie ».

Le groupe d'experts a appelé le gouvernement à adopter les mesures nécessaires pour empêcher que de tels actes soient de nouveaux perpétrés. Les experts appellent au respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales des citoyens.