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Côte d'Ivoire : l'ONU met en garde contre l'impact humanitaire de la crise

Côte d'Ivoire : l'ONU met en garde contre l'impact humanitaire de la crise

Un groupe de réfugiés de Côte d'Ivoire attendant d'être enregistrés dans l'est du Libéria.
Alors que le Programme alimentaire mondial (PAM) et Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) renforcent leurs opérations d'assistance aux quelques 23.000 Ivoiriens réfugiés au Libéria, l'ONU a mis en garde jeudi contre les conséquences humanitaires des violences postélectorales qui risquent « rapidement de s'aggraver » si la crise politique en Côte d'Ivoire n'est pas réglée de toute urgence.

« La crise actuelle en Côte d'Ivoire menace la vie et les moyens de subsistance de plusieurs dizaines de milliers d'Ivoiriens. Une solution pacifique et rapide à la crise est cruciale pour le peuple ivoirien et la région dans son ensemble », a averti jeudi la Secrétaire générale adjointe de l'ONU aux affaires humanitaires, Valerie Amos, dans un communiqué.

Après avoir rappelé que plus de 23.000 Ivoiriens avaient déjà fui leur pays pour se réfugier au Libéria, que 16.000 autres déplacés internes avaient été recensés dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, que la majorité de ces civils étaient des femmes, dont certaines sont enceintes ou allaitent des nouveaux nés, et des enfants en âge d'être scolarisés, elle a rappelé combien il était « important que toutes les parties s'abstiennent de déclarations incendiaires, de discours incitant à la haine et à la violence, afin que la situation ne s'envenime pas ».

« Les organisations humanitaires font tout leur possible pour s'assurer que l'aide parvienne aux nécessiteux, en particulier les femmes, les enfants et les personnes âgées, le plus rapidement possible », a encore souligné Valérie Amos, précisant que du personnel humanitaire supplémentaire avait été prépositionné dans d'autres pays limitrophes de la Côte d'Ivoire. Au cours des dernières semaines, les plans d'urgence des agences onusiennes ont également été « largement révisés afin de s'assurer que l'ONU et ses partenaires sont prêts à répondre en cas de crise humanitaire majeure ».

Le PAM a ainsi indiqué jeudi que ses opérations d'assistance aux réfugiés ivoiriens, arrivés dans 23 villages frontaliers du Libéria, montaient en puissance depuis le début de la semaine, avec des distributions de rations de céréales, d'huile végétale, de légumineux et de mélange nutritionnel à base de maïs et soja.

« Cela a été difficile de mettre en place un programme de distribution dans cette région reculée et inaccessible du Libéria, mais nous sommes maintenant prêts et distribuons une aide alimentaire vitale à ces réfugiés », a déclaré le Représentant du PAM au Libéria, Getachew Diriba.

Le PAM coordonne ses opérations de son bureau régional de Saclepea, au nord du Libéria, en coopération étroite avec le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), qui continue de son côté la construction d'un premier camp de réfugiés pour accueillir les Ivoiriens au Libéria.

Les experts du HCR en planification de site et la communauté locale défrichent ainsi 80 hectares de jungle alloués par les autorités libériennes pour y construire le camp, qui permettra de mieux protéger les réfugiés et d'alléger la charge pesant sur les communautés des 23 villages libériens où arrivent les réfugiés. Le HCR y a d'ailleurs déjà distribué des bâches en plastique, des couvertures, des matelas ou des ustensiles de cuisine pour plus de 10.000 personnes.

« Le HCR espère achever le travail dans les deux prochaines semaines dans la zone de réception le long de la frontière, à partir de laquelle les réfugiés seront transférés vers le camp principal de Bahn, situé à 12 kilomètres de Saclepea », avait expliqué en début de semaine le porte-parole du HCR, Adrian Edwards.

Si l'agence onusienne dispose d'un stock d'articles humanitaires pour quelque 30.000 personnes au Libéria, elle prépare néanmoins des stocks d'aide supplémentaires en provenance du Ghana pour prendre en charge 30.000 réfugiés supplémentaires.

Valérie Amos a rappelé jeudi qu'il était « essentiel qu'un environnement propice existe et soit maintenu pour la mise en oeuvre effective des opérations humanitaires ».

« Il y a des allégations persistantes de violations graves des droits de l'homme à travers le pays et les violences ont déjà multiplié par dix les déplacements internes de population en seulement quelques jours, montrant avec quelle rapidité une crise politique peut avoir de graves conséquences humanitaires », a-t-elle conclu.