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Côte d'Ivoire : Ban Ki-moon condamne les attaques contre l'ONU

Côte d'Ivoire : Ban Ki-moon condamne les attaques contre l'ONU

Des Casques bleus en patrouille en Côte d'Ivoire.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exprimé jeudi sa « profonde inquiétude » après de nouvelles violences en Côte d'Ivoire et a « fermement condamné » les attaques « commanditées par les forces régulières et irrégulières fidèles à Laurent Gbagbo, visant des véhicules appartenant aux Nations Unies ».

« Ce matin, six incidents de ce type ont été signalés à Abidjan. Un véhicule militaire appartenant aux forces de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a notamment été incendié. Un médecin et un ambulancier ont été blessés lors d’une de ces attaques », a souligné le porte-parole de Ban Ki-moon dans un communiqué.

Le Secrétaire général a vivement condamné ces attaques, ainsi que l'agression armée perpétrée mercredi dans la commune abidjanaise d’Abobo par les Forces de défense et de sécurité (FDS), qui sont loyales à Laurent Gbagbo, à l’encontre d’un convoi de l’ONUCI au cours de laquelle trois Casques bleus ont été légèrement blessés.

Le Secrétaire général a également condamné « l’utilisation continue de la Radio télévision ivoirienne, la RTI, comme moyen d’incitation à la violence à l’encontre de la Mission de maintien de la paix des Nations Unies, notamment par le biais de la diffusion d’informations erronées selon lesquelles les Casques bleus des Nations Unies soutiennent activement les soldats des Forces nouvelles », partisans du Président élu Alassane Ouattara.

Ban Ki-moon a réitéré son avertissement aux auteurs des exactions les prévenant qu’ils seront poursuivis. Le chef de l’ONU a souligné que « toute attaque à l’encontre des Casques bleus ainsi que la destruction des moyens déployés dans le cadre de la protection des civils constituent un crime conformément aux dispositions prévues par le droit international ».

La Côte d'Ivoire est confrontée à une grave crise politique depuis le second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010 qui a été remporté par Alassane Ouattara. Le Président sortant Laurent Gbagbo refuse de reconnaître sa défaite et de quitter le pouvoir.

Pour sa part, l’ONUCI a constaté jeudi que « le camp du président Gbagbo a transformé son hostilité à son égard en passant de la propagande verbale aux attaques physiques ».

Parmi les incidents signalés ces derniers jours, un convoi de vivres destinés à l’Hôtel Golf et accompagné par une escorte de l’ONUCI a notamment été pillé le 10 janvier par un groupe de jeunes proches du camp Gbagbo à un barrage tenu par des éléments armés non loin de cet hôtel, où réside Alassane Ouattara.

Dans la nuit du 10 au 11 janvier, une patrouille mixte de militaires et de policiers de l’ONU, revenant d’un quartier de la commune d’Abobo, a essuyé des tirs croisés provenant des deux côtés de la route. Les forces onusiennes ont été obligées de riposter.

Après ces violences, le Secrétaire général de l'ONU avait lancé mercredi soir un appel aux camps de Gbagbo et de Ouattara « pour qu'ils exercent un maximum de retenue » et « qu'ils évitent de nouveaux affrontements qui pourraient engendrer des pertes en vies humaines et des destructions de biens supplémentaires ».

Le Secrétaire général s’est également dit préoccupé par des informations faisant état de violences dans d'autres parties du pays et a condamné toutes les violations des droits humains. Il a assuré tous les Ivoiriens de l'engagement de l'ONUCI à protéger les civils quelle que soit leur affiliation politique.

Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Côte d’Ivoire, Y. J. Choi, s’est rendu dans la nuit du mercredi au jeudi au Quartier PK 18 d'Abobo.

« Il s’agissait pour le chef de l’Opération des Nations Unies en Côte d’ Ivoire (ONUCI), de suivre la situation sécuritaire dans ce quartier, qui s’est fortement dégradée au cours des derniers jours », a précisé l’ONUCI dans un communiqué.

Sa mission « était motivée par un désir d’assurer la protection des populations civiles face au risque de violations des droits de l’homme par les forces du camp Gbagbo ». M. Choi était accompagné par le commandant de la force de l’ONUCI, le général Abdul Hafiz et des patrouilles de Casques Bleus.

Jeudi, l’ONUCI a réitéré jeudi son appel au calme et à la sérénité face aux actes de violence enregistrés ces derniers jours.

Le chef de la division des droits de l’homme de l’ONUCI, Simon Munzu, a déclaré que la mission avait enregistré au total 247 morts depuis le début de la crise postélectorale ainsi que 61 disparitions.

Il a ajouté que l’ONUCI avait observé ces derniers temps dans le pays, des phénomènes qui, ailleurs, avaient abouti à un génocide. Il a tiré la sonnette d’alarme sur des signes précurseurs de drames tels que vécus au Rwanda, dont l’intransigeance de certains acteurs politiques et l’action des médias publics et privés.

« Depuis bientôt deux mois, la RTI est consacrée à faire l’apologie d’un seul camp dans le différend politique actuel », a poursuivi M. Munzu, qui estime qu’en tant que média d’Etat et pour mieux éclairer l’opinion nationale et internationale, il était impératif que la RTI soit plus équilibrée.

Citant encore un signe précurseur, M. Munzu a affirmé que l’ONUCI avait constaté des signes que des armes étaient distribuées à des civils.