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Un an après le séisme, Haïti reste confronté à d'énormes défis

Un an après le séisme, Haïti reste confronté à d'énormes défis

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Un an après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010 en Haïti, qui a tué plus de 220.000 personnes et fait 1,5 million de sans-abri, la priorité absolue des Nations Unies pour l'année 2011 est d'accélérer les efforts de reconstruction, a indiqué le Représentant spécial adjoint de l'ONU et Coordonnateur humanitaire en Haïti, Nigel Fisher.

Un an après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010 en Haïti, qui a tué plus de 220.000 personnes et fait 1,5 million de sans-abri, la priorité absolue des Nations Unies pour l'année 2011 est d'accélérer les efforts de reconstruction, a indiqué le Représentant spécial adjoint de l'ONU et Coordonnateur humanitaire en Haïti, Nigel Fisher, à l'occasion du lancement d'un rapport de l'ONU sur la situation dans ce pays.

Rendu public mardi, à Port-au-Prince, le document de soixante pages passe en revue les efforts déployés par l'ONU et ses agences pour venir en aide au peuple haïtien après le séisme. Il examine les succès et les limites des actions de l'ONU, de ses agences et de la communauté internationale, ainsi que les défis qui se présentent pour l'année à venir.

« Rétrospectivement, je crois que nous pouvons dire que, dans l'ensemble, la réponse initiale au tremblement de terre a été un succès, même si de toute évidence, les choses auraient pu aller plus vite. Mais je pense qu'il est important de rappeler aussi que la reconstruction prend du temps », a souligné Nigel Fisher.

Dans son introduction, le rapport énumère une série de chiffres clés qui permettent d'évaluer l'action de l'ONU ces douze derniers mois.

En juillet 2010, 1,5 million de personnes déplacées étaient recensées dans les camps, contre 1,05 million en novembre et 800.000 début janvier 2011, soit une baisse de près de 50% en six mois. Sur les 700.000 Haïtiens qui ont quitté les camps, environ 100.000 ont été réinstallés dans 31.000 abris provisoires, les autres sont aussi retournés dans leurs maisons, même si beaucoup vivent dans leur cour, par crainte de nouveaux effondrements.

Le rapport souligne que 390.000 familles rurales ont reçu des intrants agricoles pour les récoltes de printemps, de l'été et de l'hiver, représentant une surface cultivée de 69.000 hectares, ayant déjà permis de produire 97.000 tonnes de culture vivrières, 29 tonnes de produits maraîchers, 2.300 kilogrammes de bananes et 3.000 tonnes de patates douces.

Entre février et novembre 2010, plus de 300.000 personnes ont par ailleurs été employées dans des projets de l'ONU, du déblayement des 274 écoles endommagées ou détruites par le séisme, aux programmes « Travail contre argent » du Programme alimentaire mondial (PAM), en passant par le Programme national de cantines scolaires qui offre des repas quotidiens à 1,1 million d'enfants. Le document note également que 95% des enfants des zones touchées qui allaient à l'école avant le tremblement de terre ont regagné les salles de classe.

Revenant sur le financement des opérations, Nigel Fisher a souligné que l'appel de fonds d'urgence lancé par l'ONU avait été financé à hauteur de près de 1 milliard de dollars, soit 72%, et que les quelques 400 millions de dollars manquant avaient affecté directement plusieurs secteurs, notamment ceux de la coordination et de la gestion, à l'heure actuelle « gravement sous-financés ».

Dans ce contexte, Nigel Fisher a indiqué que pour l'année 2011, des projets d'un montant total de 3 milliards de dollars avaient déjà été approuvés, dont 1,28 milliard de dollars déjà financé et 1,63 milliard de dollars promis.

Revenant enfin sur l'épidémie de choléra qui touche le pays depuis octobre et qui a déjà fait 3.500 morts et contaminé 150.000 personnes, le Coordonnateur humanitaire a rappelé qu'elle n'était pas directement liée au tremblement de terre, mais qu'il était crucial de continuer à réduire le taux de mortalité dans la mesure où la contamination de près de 400.000 personnes étaient attendue dans les semaines et mois à venir.

« Le choléra ne tue pas nécessairement », a-t-il insisté, en soulignant que les opérations de l'ONU avaient déjà permis de faire chuter le taux de mortalité à 2,2% des personnes infectées. Dans le rapport de l'ONU, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime que quelque 2,2 millions d'écoliers haïtiens sont exposés au risque de contraction de la maladie, en mettant en avant le manque de financement pour la lutte contre la maladie et les programmes de prévention dans les écoles, les orphelinats et les centres de soins aux enfants. Sur les 174 millions de dollars demandé par l'ONU aux Etats membres pour contenir l'épidémie, 44 millions de dollars ont pour l'instant été couverts.

De son côté, Edmond Mulet, le Représentant spécial de l'ONU dans le pays, souligne en introduction au rapport la nécessité pour la communauté internationale de soutenir les efforts des Haïtiens « pour renforcer l'État de droit et le progrès social et économique ». Cela consiste selon lui avant tout « à reconstruire des infrastructures endommagées ou détruites par le tremblement de terre y compris les tribunaux, les prisons et le Ministère de la Justice », à octroyer « un soutien administratif aux institutions de l'État pour tenter de combler le déficit en ressources humaines causé par la disparition de près de 30% des fonctionnaires lors du tremblement de terre », et enfin, à transformer « la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti en plate-forme pour le lancement du grand chantier de la gouvernance et de l'État de droit ».

« En l'absence de progrès significatifs dans le domaine de l'État de droit en Haïti, tous les efforts en cours et à venir pour le relèvement d'Haïti, notamment en matière de reconstruction, de développement économique et social, d'aide humanitaire, de sécurité et de stabilité politique, risquent de s'envoler en fumée. Il est grand temps de replacer l'État de droit en haut de l'affiche des priorités du prochain gouvernement », a conclu Edmond Mulet.