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Côte d'Ivoire : l'ONU accuse le camp Gbagbo de tenter d'affamer sa Mission

Côte d'Ivoire : l'ONU accuse le camp Gbagbo de tenter d'affamer sa Mission

Des Casques bleus au siège de l'ONUCI à Abidjan.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a accusé mardi le camp du Président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, qui refuse de quitter le pouvoir après avoir été battu à l'élection présidentielle, de tenter de provoquer les Casques bleus de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) et de tarir les sources d'approvisionnement de la Mission onusienne.

Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a accusé mardi le camp du Président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, qui refuse de quitter le pouvoir après avoir été battu à l’élection présidentielle, de tenter de provoquer les Casques bleus de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et de tarir les sources d’approvisionnement de la Mission onusienne.

« La situation s’est aggravée le 18 décembre avec des attaques armées contre nos Casques bleus et contre les sites des Nations Unies à Abidjan, auxquelles nous avons dû riposter. Les forces loyales à M. Gbagbo entravent également les déplacements du personnel des Nations Unies et les opérations des Nations Unies en Côte d’Ivoire », a dit Ban Ki-moon dans un exposé sur la situation en Côte d’Ivoire aux pays membres de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York.

« L’intention de M. Gbagbo et des forces de sécurité qui lui sont loyales est clairement d’étrangler la mission de maintien de la paix des Nations Unies et d’asphyxier le gouvernement du Président élu Ouattara », a-t-il ajouté. « Nous ne pouvons pas permettre cela ».

Des patrouilles de l’ONUCI ont été bloquées par la force, les autorités portuaires ont refusé d’autoriser le passage en douanes de fournitures cruciales et le personnel des Nations Unies s’est vu refuser l’accès à l’Hôtel du Golf pour approvisionner plus de 800 policiers et militaires de l'ONU basés à l’Hôtel, où réside le Président élu Ouattara, a-t-il expliqué.

Le Secrétaire général s’est dit inquiet des conséquences de ce blocus pour les Casques bleus dans les jours à venir.

« Aussi, j’appelle vivement les Etats membres, qui sont en position de le faire, de se préparer à soutenir la Mission pour assurer un flux continu d’approvisionnements », a-t-il dit. « Il s’agit d’une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité et du mandat de l’ONU ».

« Face à ce défi direct et inacceptable à la légitimité des Nations Unies, la communauté internationale ne peut pas rester sans rien faire. Elle doit agir et agir de manière résolue », a-t-il ajouté. « Toute tentative d’affamer la Mission de l’ONU pour qu’elle se rende ne sera pas tolérée. Toute attaque contre les Nations Unies et son personnel sera considérée comme une attaque contre la communauté internationale ».

Ban Ki-moon s’est dit également de plus en plus inquiet des tentatives d’intimidation par des éléments des forces nationales de sécurité loyales à M. Gbagbo contre la population civile, et en particulier contre les partisans du Président élu Ouattara. Ces tactiques incluent des enlèvements, des meurtres et la propagation de la haine à travers les moyens de radiodiffusion de l’Etat. « Il y a un vrai risque de retour à la guerre civile», a dit le Secrétaire général.

La communauté internationale, dont l'ONU, a reconnu la victoire d’Alassane Ouattara au second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre. Des affrontements meurtriers ont éclaté jeudi entre les forces de sécurité loyales à Laurent Gbagbo et les partisans d'Alassane Ouattara.

« La situation sur le terrain est critique. Ce que nous observons jusqu’à présent est une stratégie du camp de M. Gbagbo consistant à étrangler et provoquer l’ONUCI », a renchéri le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Alain Le Roy, lors d’un point de presse après l’exposé du Secrétaire général de l’ONU.

« Des employés de l’ONUCI ont été poussés hors de leur maison. Tous nos fournisseurs se sont vu réclamer de cesser d’assurer leurs livraisons à l’ONUCI », a dit M. Le Roy, qui a également accusé la Radiotélévision ivoirienne (RTI) d’inciter à la violence contre le personnel de l’ONUCI.

Alain Le Roy a rappelé que d’importantes violations des droits de l’homme commises par des forces loyales à M. Gbagbo avaient été signalées. « Nous sommes très préoccupés », a-t-il dit.

Le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux opérations de maintien de la paix a déclaré qu’il était au courant de la déclaration que M. Gbagbo venait de faire à la télévision dans laquelle il a appelé au calme.

« Nous apprécions cet appel à la retenue. Il faut que les actes de provocation cessent, que les violations des droits de l’homme cessent et que le blocus de la Mission de l’ONU s’arrête », a déclaré M. Le Roy. « Nous avons un mandat à remplir et nous le remplirons ».

Alain Le Roy a indiqué que l’ONU était en mesure de confirmer la présence en Côte d’Ivoire de mercenaires, probablement du Libéria, certains venant peut-être d’Angola. « Ces mercenaires sont utilisés pour attaquer et provoquer la population civile et l’ONUCI », a-t-il estimé.

Lundi, le Conseil de sécurité a décidé de renouveler le mandat de l’ONUCI jusqu’au 30 juin 2011, alors que Laurent Gbagbo avait appelé au départ de la Mission onusienne. Il s’est dit également prêt à renforcer les troupes de l’ONUCI si nécessaire.

De son côté, le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (UNHCR) a acheminé par avion des équipements de secours supplémentaires vers le Libéria et la Guinée, à partir de sa base logistique d'urgence de Copenhague, pour répondre à l'aggravation de la crise en Côte d'Ivoire, a déclaré mardi un porte-parole de l'agence onusienne.

« Nous sommes actuellement en mesure d'aider jusqu'à 30.000 réfugiés », a indiqué ce porte-parole, Adrian Edwards, lors d'une conférence de presse à Genève.

Selon le HCR, le nombre d'Ivoiriens ayant fui vers l'ouest, qui sont entrés au Libéria et en Guinée, s'élève à 6200, dont 6000 dans le comté de Nimba à l'est du Libéria et 200 en Guinée. « La plupart sont des femmes et des enfants en quête d'un refuge et, jusqu'à présent, seuls quelques-uns disent avoir été victimes de brutalités au Libéria. Nous n'avons observé aucune arrivée d'Ivoiriens au Burkina Faso, au Ghana ou au Mali », a-t-il poursuivi.

L'agence onusienne a déployé du personnel supplémentaire dans le comté de Nimba, au Libéria, pour améliorer la surveillance des frontières, l'enregistrement des réfugiés qui arrivent et la mise en place de distribution d'articles de secours.

« Nous avons établi des centres d'enregistrement dans 16 villages où nous distribuons des couvertures, des jerrycans, des nattes de couchage, des lampes au kérosène, du savon et des bâches en plastique au fur et à mesure que nous enregistrons les familles », a précisé Adrian Edwards, avant d'ajouter que le gouvernement libérien avait aussi « distribué 1,8 tonne de riz et réparé des pompes à eau dans certains villages, afin d'améliorer l'approvisionnement et la distribution d'eau potable, rendus difficiles par l'afflux de réfugiés depuis le 29 novembre dernier ».