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Le Conseil de sécurité autorise à lister les groupes auteurs de violences sexuelles

Le Conseil de sécurité autorise à lister les groupes auteurs de violences sexuelles

Des femmes font la cuisine dans un centre pour les victimes de violences sexuelles à Goma, en RDC.
Le Conseil de sécurité a adopté jeudi une résolution autorisant à lister précisément les groupes armés à travers le monde qui sont soupçonnés d'avoir commis des violences sexuelles. L'objectif est de pouvoir prendre des sanctions ciblées à l'encontre de ces entités si les faits sont avérés.

Dans cette résolution, le Conseil encourage le Secrétaire général à fournir dans ses rapports annuels « des informations détaillées sur les parties à un conflit armé qui sont soupçonnées d'avoir, selon toute probabilité, commis des viols où d'autres formes de violences sexuelles ou d'en être responsables, et d'annexer à ces rapports la liste des parties qui sont sérieusement soupçonnées de se livrer systématiquement à des viols dans des situations de conflit armé ».

Le Conseil de sécurité a exprimé « son intention d'utiliser cette liste pour mieux cibler l'action de l'Organisation à l'encontre de ces parties, y compris, au besoin, par des mesures prises dans le cadre des procédures mises en place par les comités de sanctions compétents ».

La Représentante spéciale de l'ONU pour la violence sexuelle dans les conflits, Margot Wallström, a salué jeudi l'adoption cette résolution. « Depuis que j'ai pris mes fonctions en avril de cette année, j'ai demandé à plusieurs reprises que l'ONU puisse utiliser ses instruments de responsabilité », a-t-elle dit dans un communiqué.

« La résolution adoptée aujourd'hui va aider à garantir à ce que les viols de masse n'aboutissent plus jamais à une impunité massive », a-t-elle ajouté.

Dans sa résolution, le Conseil a appelé les parties aux conflits à travers le monde à mettre un terme aux violences et a encouragé le Secrétaire général de l'ONU à mettre en place des mécanismes de suivi, d'analyse et de communication et d'information sur la violence liée aux conflits.

Les Etats membres ont aussi souligné que « pour s'acquitter de leur mandat, les missions doivent communiquer efficacement avec les communautés locales » et ont engagé « le Secrétaire général « à renforcer ses capacités dans ce domaine ».

Devant les Etats membres du Conseil de sécurité, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a également appelé les gouvernements et la communauté internationale à agir pour éliminer les violences faites aux femmes et a rappelé que le système des Nations Unies travaillait dans le monde entier pour changer les comportements.

« Ensemble, les Nations Unies, les gouvernements nationaux et la communauté internationale, nous pouvons éliminer la menace et garantir un meilleur avenir pour tous », a déclaré Ban Ki-moon. « Des groupes armés ciblent des civils, violent des femmes et des hommes et terrorisent des populations entières. Des campagnes préméditées sont organisées avec les objectifs les plus sinistres », a-t-il ajouté.

Les responsables réservent « intentionnellement » un sort particulier aux enfants pour « traumatiser les garçons et les filles en les forçant à regarder leurs mères se faire attaquer ». Le chef de l'ONU a évoqué les événements qui se sont déroulés cet été en République démocratique du Congo (RDC) à Walikale dans l'est du pays où des centaines de femmes ont été violées.

« Une vieille femme a raconté son supplice en disant 'ces garçons qui m'ont violée auraient pu être mes petits-enfants. Une jeune fille, d'à peine cinq ans, a tellement souffert des violences physiques, qu'elle pourrait ne jamais être rétablie », a raconté Ban Ki-moon en soulignant que les crimes et les violences sexuelles étaient un des rares crimes où les victimes étaient stigmatisées par la suite.

Depuis cet épisode tragique, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) en coopération avec l'armée congolaise a arrêté l'un des responsables de ces viols de masse le 'Lieutenant Colonel' Mayele. Les Casques bleus ont également mené des opérations de sécurisation pour renforcer la protection des civils.

« Aujourd'hui les résolutions nous permettent de disposer d'instruments plus pointus dans la lutte contre la violence sexuelle. Cela me permet d'avoir un mandat pour lister, dans mes rapports sur ces questions, ceux qui commettent de tels actes », a souligné Ban Ki-moon.

Le système entier des Nations Unies est mobilisé dans le cadre ma campagne 'Tous unis pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes'. Nous travaillons dans le monde entier pour changer les attitudes », a-t-il conclu.