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Le Burundi progresse malgré des inquiétudes sur des violations des droits humains

Le Burundi progresse malgré des inquiétudes sur des violations des droits humains

Le Burundi se relève de plus de dix ans de guerre civile.
Le Représentant exécutif de l'ONU et chef du Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB), Charles Petrie, s'est dit préoccupé par des violations des droits de l'homme au Burundi tout en saluant des progrès réalisés par le pays qui a organisé ces derniers mois des élections communales, présidentielle, législatives, sénatoriales et collinaires.

« Les principaux partis d'opposition ont boycotté les élections. Le Président Nkurunziza a été réélu et le CNDD-FND a obtenu une large majorité dans les deux chambres du Parlement », a indiqué Charles Petrie. « Une préoccupation particulière, évoquée dans le rapport du Secrétaire général de l'ONU, porte sur les menaces et l'intimidation visant les membres de l'opposition parmi les plus connus qui ont quitté le pays par crainte de persécution », a-t-il ajouté.

Entre mai et septembre 2010, la vie politique a été dominée par une série de scrutins. Il s'agissait des élections communales (24 mai), présidentielle (28 juin), législatives (23 juillet), sénatoriales (28 juillet) et collinaires (7 septembre). L'élection présidentielle s'est déroulée le 28 juin 2010, en dépit de son boycottage par le parti d'opposition, l'ADC-Ikibiri. Le seul candidat, le Président en exercice, a été réélu avec 91% des voix.

Les observateurs internationaux ont déclaré que les élections avaient été pacifiques et bien organisées, tout en regrettant l'arrestation de plusieurs membres de partis d'opposition et la réticence de la Commission électorale à adopter des mesures visant à renforcer la transparence du processus électoral.

Le Représentant exécutif a fait part au Etats membres du Conseil de sécurité de sa préoccupation « au sujet du climat d'impunité qui prévaut et particulièrement aux actes de tortures relevés au cours de la période sous examen ». « Elles sont marquées entre autre par des restrictions importantes de la liberté d'expression, d'association et de réunion des partis politiques et des organisations de la société civile, et plus grave encore, par des exécutions extrajudiciaires et/ou des assassinats pour motif politique. Donc, la consolidation de l'Etat demeure inachevée en raison de nombreux défis à relever », a souligné Charles Petrie.

Le dialogue entre le gouvernement et les Nations Unies sur ces violations des droits de l'homme « est en bonne voie », a-t-il précisé en ajoutant que les arrestations et autres violations à motif politique ont récemment diminué.

Le Représentant exécutif estime que la situation sécuritaire est « relativement stable mais préoccupante ». « Les rumeurs faisant état de la naissance d'un mouvement armé nourrissent les craintes d'un retour à un passé trop violent », a-t-il déclaré.

Charles Petrie a salué le rôle de la société civile lors de la période électorale. « L'absence de violence de grande ampleur pendant et après la période électorale est la preuve de la maturité politique de la population et du fait que la violence n'est progressivement plus considérée comme un moyen d'expression », a-t-il estimé.

Le Représentant spécial a également recommandé que le Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB) soit remplacé par une structure plus légère pour appuyer les efforts de consolidation de la démocratie et poser les jalons d'un développement durable.

« J'ai travaillé pour la première fois dans la région des Grands Lacs en 1994. J'ai servi comme fonctionnaire des Nations Unies au Rwanda pendant le génocide en 1994, puis pendant trois ans en République démocratique du Congo comme représentant principal du Secrétariat auprès des groupes rebelles actifs dans le pays. J'ai été témoin d'une souffrance et violence sans égales. Donc dans un certain sens je mesure aujourd'hui le chemin parcouru par ce pays, sa population et ses dirigeants. Cette transformation est cependant fragile et réversible », a déclaré Charles Petrie.

« Il est par conséquent impératif à cette étape critique, d'accompagner et d'appuyer les autorités démocratiquement élues, dans l'espoir qu'elles poursuivront le règlement de leurs différends par le dialogue et la concertation. C'est ce modèle qui va permettre au Burundi de relever les défis politiques et d'embrasser un développement durable », a-t-il conclu.

Le Représentant du Burundi auprès des Nations Unies s'est également exprimé jeudi devant les membres du Conseil de sécurité. Il a notamment évoqué le climat postélectoral et la situation sécuritaire.

« S'agissant de la situation postélectorale sur laquelle revient le rapport du Secrétaire général, le gouvernement n'est nullement responsable de l'exil des leaders des partis politiques qui ont boycotté les élections, presque tous ont pris le chemin de l'exil dans la clandestinité et ont déclaré que leur sécurité était menacée, une fois arrivés à l'extérieur », a-t-il déclaré.

« S'agissant de l'insécurité résiduelle, le gouvernement en est conscient. C'est pourquoi il poursuit sa campagne de désarmement des populations civiles et s'est doté d'équipements de marquage et de traçage des armes pour en contrôler le mouvement », a-t-il précisé.