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L'ONU réclame de nouvelles mesures contre la violence sexuelle dans les conflits

L'ONU réclame de nouvelles mesures contre la violence sexuelle dans les conflits

Des femmes font la cuisine dans un centre pour les victimes de violences sexuelles à Goma, en RDC.
Face au fléau de la violence sexuelle dans les conflits sur la planète, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, appelle à de nouvelles mesures pour renforcer la protection des victimes potentielles, notamment en augmentant la pression sur les auteurs de tels actes et en mettant en place un régime de sanction.

« Malheureusement, les progrès louables observés au niveau politique ont été éclipsés par la montée de la violence sexuelle dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), qui continue de prévaloir aussi ailleurs », indique-t-il dans un rapport au Conseil de sécurité sur la mise en œuvre de la résolution 1888 adoptée en 2009 pour éliminer ce fléau.

« Bien que le Conseil de sécurité ait créé un élan historique avec cette résolution, des mesures supplémentaires doivent être mises en place pour obtenir des résultats tangibles », a-t-il ajouté. Parmi ces mesures, il propose d'appeler systématiquement les parties d'un conflit de s'engager à cesser tous les actes de violence sexuelle et d'obtenir un libre accès de l'ONU aux zones de conflit pour vérifier le respect de ces engagements.

« Compte tenu du fait que les violences sexuelles s'étendent dans le temps, la charge de la preuve devrait aussi être transférée à ceux qui démentent ou nient l'existence de viols », écrit-il.

Dans son rapport, Ban Ki-moon note également que la résolution 1888 appelle au développement de stratégies conjointes entre l'ONU et les gouvernements pour lutter contre la violence sexuelle. Il souligne aussi la nécessité « vitale » de proposer rapidement des services aux victimes en cas de situations de conflit ou d'urgence, à l'instar de ce qui s'est produit au Kenya en 2008, où les affrontements post électoraux s'étaient aussi soldés par des violences sexuelles.

Le Secrétaire général rappelle aussi qu'en vertu du droit international, la violence sexuelle ne se limite pas aux viols, mais englobe aussi l'esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée ou tout autre abus de gravité comparable, qui peuvent inclure l'attentat à la pudeur, la traite, l'absence d'examens médicaux et les fouilles corporelles à nu.

« La division de la violence sexuelle en plusieurs catégories d'infractions permet une approche plus ciblée de la prévention. L'esclavage sexuel ou la prostitution forcée, par exemple, diffèrent d'une logique politique spécifique comme celle de campagne de « purification ethnique », qui vise des grossesses forcées et des viols, en même temps que le pillage et la création d'un climat de terreur pour la population », écrit-il encore.

En fonction des circonstances, la violence sexuelle peut constituer un crime de guerre, un crime contre l'humanité, un acte de torture ou un acte constitutif de génocide.

« La violence sexuelle exige une attention soutenue, une action et une coopération à la hauteur de l'ampleur du défi. Ses conséquences durables et ruineuses vont à l'encontre des objectifs de l'ONU. La paix, la justice et la sécurité sont interdépendants: il ne peut y avoir de paix, sans la paix des esprits qui permet aux femmes d'assumer leurs tâches quotidiennes, il ne peut y avoir de justice sans un système national capable de rendre la justice, et il ne peut y avoir de sécurité, sans assurer aussi celle des femmes », conclu le Secrétaire général.