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RCA : à deux mois des élections, l'ONU appelle à la responsabilité

RCA : à deux mois des élections, l'ONU appelle à la responsabilité

Un groupe de rebelles armés en République centrafricaine
A deux mois des élections en République Centrafricaine (RCA), le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, encourage les autorités centrafricaines et les partis politiques à « continuer d'agir de manière responsable » et à terminer « la réintégration des anciens combattants », la situation sécuritaire étant toujours précaire, notamment au nord et à l'est du pays.

« Les élections présidentielle et législatives constituent un jalon essentiel de la nouvelle ère de consolidation de la paix qui s'ouvre en République centrafricaine. J'encourage vivement la Commission électorale indépendante à poursuivre ses efforts pour tenir le calendrier établi d'un commun accord par toutes les parties concernées et régler rapidement et dans la transparence les derniers problèmes techniques et logistiques », déclare Ban Ki-moon dans un rapport sur la situation du pays publié vendredi.

Il appelle aussi « les parties prenantes nationales à continuer d'agir de manière responsable et de bonne foi au nom de l'intérêt suprême du pays » et exhorte « le gouvernement à parachever l'élaboration d'une stratégie globale et inclusive de réintégration des anciens combattants ».

Depuis que le mandat présidentiel a expiré le 11 juin 2010 comme prévu par la Constitution, le Président centrafricain, François Bozizé, gouverne le pays en vertu de l'amendement constitutionnel voté par l'Assemblée le 10 mai dernier, qui a prorogé le mandat du Président et de l'Assemblée nationale jusqu'à la tenue d'élections. Le 30 juillet, le Président Bozizé a pris un décret présidentiel qui fixe au 23 janvier 2011 la date du premier tour des élections présidentielle et législatives.

En août dernier, le Président Bozizé avait expliqué ce long report par la nécessité impérieuse de bien préparer les élections et de surmonter les problèmes logistiques liés à la saison des pluies, pendant laquelle de nombreuses régions du pays deviennent inaccessibles par la route.

Dans son rapport, le chef de l'ONU souligne la nécessité pour les candidats en lice de pouvoir circuler librement sur tout le territoire national pour les besoins de leur campagne électorale. « Je demande également aux partenaires régionaux et internationaux de maintenir leur appui politique et financier pour faire en sorte que des élections transparentes, crédibles, sans exclusives et pacifiques se déroulent le 23 janvier 2011 comme prévu. », rappelle-t-il.

Le début des préparatifs des élections s'est accompagné d'une atténuation de certaines tensions sociales à Bangui. Les travailleurs du secteur des télécommunications se sont vu verser leurs arriérés de salaires et les mouvements de grève du secteur de l'enseignement, qui coïncident généralement avec le début de l'année scolaire, en septembre, ont également été évités, rapporte le Secrétaire général.

L'inscription des électeurs a commencé « lentement ». L'Observatoire national des élections et l'Institut démocratique national ont constaté un faible degré de participation des partis politiques et des dirigeants de la société civile locale, y compris les dirigeants des communautés et les chefs traditionnels.

Les conditions de sécurité demeurent précaires dans certaines zones. Alors que la situation est restée relativement calme autour de Bangui et dans le sud-ouest du pays, des violences ont éclaté dans le nord et dans l'est « en raison du manque de moyens des forces de sécurité nationales et de la présence de mouvements rebelles qui ne participent pas au processus de paix, de groupes criminels, notamment de bandits et de contrebandiers lourdement armés », estime Ban Ki-moon. « Au cours de la période considérée, aucune attaque n'a été signalée dans le nord-ouest du pays. Toutefois, la profusion d'armes légères et de petit calibre menace la sécurité du pays dans son ensemble », ajoute-t-il.

Les groupes d'autodéfense qui se sont constitués au niveau des communautés locales ainsi que les mouvements rebelles, en particulier l'Union des forces démocratiques et républicaines (UFDR) et l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD), assurent dans les faits une protection contre les bandes armées criminelles et les éléments étrangers dans de vastes zones du pays, où les Forces armées centrafricaines (FACA) mal équipées ne sont pas déployées ou n'ont qu'une présence limitée. La Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) ne participe toujours pas au processus de paix de Libreville, et il n'existe toujours aucune information sur son chef, Charles Massi, qui a disparu en décembre 2009.

« Il faut absolument que tous les groupes armés continuent de participer au processus de désarmement, démobilisation et réintégration, et notamment le Front démocratique du peuple centrafricain FDPC et le Mouvement des Libérateurs Centrafricains de la Justice (MLCJ), en dépit de leur effectif relativement modeste. On doit également s'efforcer d'associer à ce processus les groupes armés qui ne l'ont pas encore rejoint et de désarmer les groupes d'autodéfense et les milices ethniques », explique le chef de l'ONU.

« Sans un personnel de sécurité suffisamment entraîné et équipé pour s'attaquer à la menace des groupes armés qui circulent librement dans le pays et à travers ses frontières poreuses, la situation d'instabilité et d'insécurité relatives persistera. J'engage vivement les partenaires bilatéraux à répondre favorablement aux appels lancés par le gouvernement et à aider les FACA afin de leur permettre de mieux garantir la sécurité, notamment dans la région instable du nord-est », appelle Ban Ki-moon.

Il souligne également la nécessité de mettre « fin à la culture de l'impunité qui reste un trait primordial des violations des droits de l'homme commises en République centrafricaine ainsi que pour lutter contre la corruption, qui constitue l'un des principaux obstacles au développement socioéconomique du pays ».

Conformément à la Résolution 1923 du Conseil de Sécurité adoptée en mai dernier 2010, la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) a transféré le 15 novembre dernier le contrôle des camps Bahai, Guéréda et Iriba aux autorités tchadiennes et prévoit d'achever son retrait définitif le 31 décembre 2010.