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CNUCED : les perspectives économiques des pays les moins avancés sont préoccupantes

CNUCED : les perspectives économiques des pays les moins avancés sont préoccupantes

Une famille confrontée à l'insécurité alimentaire en Ethiopie.
Bien que les pays les moins avancés (PMA) aient mieux supporté le ralentissement mondial de l'économie, ils restent « prisonniers des cycles expansion-récession » et « leurs perspectives à moyen terme restent préoccupantes », estime le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

« Les 49 pays les plus pauvres du monde doivent développer leurs capacités productives - c´est-à-dire leurs capacités de produire de façon efficace et compétitive un éventail croissant de biens et services à plus forte valeur ajoutée grâce à une expansion de l´investissement et à l´innovation », soulignent les experts de la CNUCED dans leur rapport publié jeudi.

« Sinon, ils auront du mal à échapper à la pauvreté et à mettre un terme à leurs vulnérabilités chroniques. Dans les conditions actuelles de forte dépendance à l´égard des exportations de produits primaires et d´articles manufacturés à faible valeur ajoutée, même les périodes d´expansion n´ont guère contribué à l´amélioration des niveaux de vie », préviennent-ils.

La CNUCED estime que le nombre d´individus vivant dans l´extrême pauvreté a augmenté de trois millions par an au cours des années d´expansion 2002 à 2007, pour atteindre un total estimé à 421 millions d´individus en 2007, soit deux fois plus qu´en 1980.

Le rapport, intitulé "Vers une nouvelle architecture internationale du développement pour les PMA" plaide en faveur d'une nouvelle approche de la mise en place d'une nouvelle architecture internationale des politiques de développement.

Pendant les années d´expansion, les PMA en tant que groupe ont enregistré en moyenne un taux de croissance de 7 % par an. Mais la dépendance de ces pays à l´égard des produits de base s´est aussi globalement accrue. Dans plus de la moitié des 49 PMA, la part de la production manufacturière dans le total de la valeur ajoutée a en fait diminué. La dépendance à l´égard des exportations de produits primaires s´est aggravée les exportations sont devenues plus concentrées au lieu de se diversifier. Tous ces éléments assombrissent aujourd´hui les perspectives de développement des PMA dans la période d´après récession, indique le rapport de la CNUCED.

La libéralisation générale du commerce et des flux de capitaux n´entraîne pas automatiquement une plus grande diversification économique, note le rapport. Le développement des capacités productives est essentiel pour créer des emplois mieux rémunérés. La population des PMA augmentant, de plus en plus de personnes ont besoin chaque année de trouver un emploi et ils sont de plus en plus nombreux à chercher un emploi en dehors du secteur agricole. Des « politiques de croissance tirées par l´investissement » sont nécessaires, prônent les experts.

Au cours de la période 2002-2007, la croissance économique rapide n´a entraîné qu´une légère diminution de la pauvreté. D´après le rapport, 53 % de la population totale des PMA vivaient dans l´extrême pauvreté en 2007. Si des progrès vigoureux ont été faits dans la voie de la réalisation de l´objectif du Millénaire pour le développement concernant l´éducation primaire universelle, seul un tout petit nombre de pays sont en mesure de réaliser les OMD d´une manière générale et très peu sont en voie d´atteindre l´objectif d´une diminution de moitié de l´extrême pauvreté d´ici à 2015. Le Rapport qualifie de « non durable » et « non équitable » le mode de croissance qu´ont connu les PMA au cours de cette période.

Les PMA sont confrontés à de difficiles perspectives à moyen terme, estime les experts de la CNUCED. En raison de leurs bas niveaux d´investissement et du faible développement de leur secteur financier, les PMA dépendront essentiellement du rythme de la reprise économique dans le reste du monde et d´un soutien accru des donateurs internationaux. Toutefois, ceux-ci semblent réticents à accroître leur aide extérieure, déplore la CNUCED.

« De nouveaux prêts multilatéraux ont sans doute en partie amorti le ralentissement, mais ils ont assurément contribué au gonflement de la dette extérieure. Si la dette due aux créanciers publics reste bien inférieure aux niveaux observés au début des années 2000, dans les PMA africains médians, elle a augmenté de 1,5 % du PIB entre 2008 et 2009 pour s´établir à 25 % du PIB. En avril 2010, 10 PMA au total étaient en situation d´extrême surendettement, et 10 autres pays couraient un risque élevé de surendettement », conclut le rapport.