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Navi Pillay rappelle au régime iranien que la critique n'est pas un crime

Navi Pillay rappelle au régime iranien que la critique n'est pas un crime

Navi Pillay.
« J'appelle les autorités iraniennes à réexaminer de toute urgence le cas de Nasrin Sotoudeh et à accélérer sa libération », a déclaré mardi la Haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay. Dans un communiqué, elle s'inquiète du sort de cette opposante incarcérée depuis septembre à la prison d'Evin, à Téhéran, et plus généralement de celui des défenseurs des droits de l'homme en Iran.

« Je suis très préoccupée par cette affaire, l'incarcération de Nasrin Sotoudeh fait partie d'une répression beaucoup plus large, et la situation des défenseurs des droits de l'homme en Iran est de plus en plus difficile », indique Navi Pillay.

Nasrin Sotoudeh est une éminente avocate des droits humains assurant la défense de nombreux opposants politiques iraniens. Arrêtée le 4 septembre, elle aurait été placée en isolement, avant de comparaître le 15 novembre devant la justice de Téhéran pour infractions à la sécurité nationale. Entre son arrestation et sa première comparution, elle se serait mise en grève de la fin pendant plusieurs semaines, pour protester contre sa détention.

« Plus nous nous approchons de la Journée mondiale des droits de l'homme, le 10 décembre, plus le monde porte son attention sur le sort des défenseurs des droits qui ne sont ni libres de se rassembler, ni libres de s'exprimer », souligne Navi Pillay.

Dans son communiqué, elle rappelle que plusieurs personnes liées au Centre des défenseurs des droits de l'homme (CHRD), fondé par le Prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi, sont aussi en détention en Iran. Elle cite notamment le cas du co-fondateur du CHRD, l'avocat Mohamad Saifzadeh, condamné à neuf ans de prison et à dix ans d'interdiction d'exercer sa profession pour « constitution d'une association dont le but est de nuire à la sécurité nationale », ainsi que l'exemple de l'arrestation le 13 novembre à Téhéran de cinq avocats du CRHD, dont trois seraient toujours en détention.

La Haut commissaire de l'ONU précise encore que les membres d'autres organisations de la société civile, comme le Comité pour la défense des prisonniers politiques en Iran et le Comité des droits de l'homme des Reporters, ont aussi été arrêtés et condamnés ces derniers mois, comme des avocats assurant la défense d'étudiants militants ou d'opposants dans des affaires sensibles.

Dans ce contexte, Navi Pillay rappelle que « la liberté d'expression et la liberté de réunion sont reconnues par le droit international ». Elle insiste aussi sur les engagements de l'Iran, qui a notamment ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, un traité international juridiquement contraignant.

Par ailleurs, les 1er et 2 décembre, le HCDH a prévu d'organiser à Téhéran, un séminaire rassemblant plus de 30 juges et procureurs iraniens, pour se pencher sur les questions relatives au droit à un procès équitable et au traitement des détenus. Plusieurs experts internationaux doivent y participer.

« C'est une occasion importante d'engager directement le dialogue avec les juges iraniens sur ces problèmes et de promouvoir la mise en œuvre des normes internationales dans l'administration de la justice iranienne », a estimé la Haut commissaire, avant de « encourager les autorités iraniennes à laisser une plus grande place aux avocats et aux militants des droits de l'homme qui jouent un rôle essentiel et constructif dans la protection de ces droits dans toutes les sociétés ».

« Ils peuvent exprimer des opinions critiques - car la critique n'est pas un crime », conclut-elle.