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Référendum au Sud-Soudan : l'ONU inquiète du peu d'inscriptions dans le nord

Référendum au Sud-Soudan : l'ONU inquiète du peu d'inscriptions dans le nord

Un centre d'inscription des électeurs dans un camp de déplacés à Khartoum.
Peu de Soudanais originaires du sud qui vivent dans le nord sont en passe de s'inscrire sur les listes électorales pour le référendum d'autodétermination du Sud-Soudan, a déploré lundi Benjamin Mkapa, le chef du panel de l'ONU nommé pour suivre l'organisation de ce référendum.

Peu de Soudanais originaires du sud qui vivent dans le nord sont en passe de s'inscrire sur les listes électorales pour le référendum d'autodétermination du Sud-Soudan, a déploré lundi Benjamin Mkapa, le chef du panel de l'ONU nommé pour suivre l'organisation de ce référendum

Alors que le processus d'inscription des électeurs a démarré la semaine dernière, M. Mkapa a invoqué différentes raisons pour expliquer ce faible niveau de participation, notamment le manque de sensibilisation et les incertitudes qui demeurent sur l'organisation du scrutin.

« Dans le Nord, le taux de participation reste très faible. Beaucoup de Sud-Soudanais semblent indifférents ou ne veulent pas s'inscrire », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse organisée à Khartoum, pour clore une visite de 10 jours du panel dans le pays.

Conformément à l'Accord de paix global de 2005, qui a mis fin à deux décennies de guerre entre le nord et le sud, les Sud-Soudanais doivent se prononcer le 9 janvier prochain sur l'autodétermination de leur région par rapport au pouvoir central de Khartoum. Dans un deuxième référendum, les habitants de la région d'Abyei, riche en pétrole et située entre le nord et le sud, devront aussi déterminer à quelle entité –nord ou sud- ils souhaitent être rattachés.

Devant les journalistes, Benjamin Mkapa a déploré « un manque d'information publique sur les lieux d'inscription des électeurs ». Il a exhorté les autorités dans le sud et le nord, la Commission électorale sud-Soudanaise, les médias et la société civile à faire plus pour informer les Sud-Soudanais de la possibilité qu'ils ont de s'inscrire pour participer au référendum.

Selon lui, les longues distances entre le domicile des personnes et les centres d'inscription ont également découragé de nombreux Sud-Soudanais de venir s'inscrire, précisant que le panel avait également été informé de l'existence d'une campagne menée par certains dirigeants du Sud pour décourager les Sud-Soudanais résidant dans le nord de s'inscrire.

Pour Benjamin Mkapa, les incertitudes liées au statut final des habitants Sud-Soudanais résidant au nord a également été « un autre facteur pour expliquer la faible participation aux inscriptions dans le nord ».

« Il est important que le statut des Sud-Soudanais habitants dans le nord et des Nord-Soudanais vivant au Sud soit clarifié dès que possible. Les dirigeants du nord et du sud auront aussi à faire davantage d'efforts pour rassurer les gens et les assurer que leur sécurité, leurs biens et leurs droits seront protégés », a-t-il ajouté.

Benjamin Mkapa a également demandé « à toutes les parties de modérer leur rhétorique sur le référendum pour que les gens se sentent suffisamment en sécurité pour s'inscrire comme électeurs ». A l'appui de cette demande, il a expliqué que le panel avait reçu des informations de l'extérieur du pays, faisant état « d'inquiétants cas d'intimidation et de menaces » contre le personnel des centres d'inscription dans le nord et des électeurs qui tentaient de s'inscrire.

Concernant l'organisation du référendum d'autodétermination dans la région d'Abyei, le chef du panel onusien a exprimé son inquiétude, soulignant qu'« à moins de deux mois du vote, une commission référendaire n'a pas encore été établie » et « que les relations entre les communautés Dinka et Misseriya qui habitent la région restent tendues ».

« Nous espérons que les négociations qui ont démarré lundi sous les bons auspices de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et le panel de haut niveau de l'Union africaine (AUHIP) permettront de résoudre certains des problèmes qui divisent les parties », a-t-il insisté devant les journalistes. « Nous exhortons toutes les parties à Abyei à ne pas perdre la foi et à se rappeler que leurs problèmes ne peuvent être résolus que par un dialogue pacifique », a-t-il encore ajouté.

Créé par le Secrétaire général, à la demande du gouvernement soudanais qui souhaitait renforcer la crédibilité des référendums au Sud-Soudan et à Abiye et faciliter l'acceptation de leurs résultats par leurs résidents et la communauté internationale, le panel de l'ONU rassemble aux côtés de l'ancien Président tanzanien, Benjamin Mkapa, l'ancien ministre des affaires étrangères du Portugal, António Monteiro, et l'ancien Président de la commission électorale du Népal, Bhojraj Pokhare.