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OMS : la mauvaise santé est liée à la pauvreté en milieu urbain

OMS : la mauvaise santé est liée à la pauvreté en milieu urbain

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Un nouveau rapport publié mercredi par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-HABITAT) montre pour la première fois en quoi la mauvaise santé est liée à la pauvreté en milieu urbain, et pas uniquement parmi les populations les plus démunies. Il invite les décideurs à prendre des mesures en vue de s'attaquer aux inégalités en santé.

Le rapport, intitulé 'La face cachée des villes: mettre au jour et vaincre les inégalités en santé en milieu urbain', permettra aux responsables des grandes villes et aux planificateurs d'identifier les populations défavorisées et de cibler les mesures visant à améliorer leur santé.

Le rapport est fondé sur une analyse nouvelle qui va au-delà des simples moyennes ou des informations habituelles concernant les villes et identifie les zones où la population est en mauvaise santé et connaît des difficultés d'ordre social, qui ne sont pas d'ordinaire connues. Les efforts déployés par le passé se concentraient surtout sur les moyennes et les différences entre les villes. La nouvelle approche associe les données démographiques disponibles à une analyse novatrice. Ces observations permettent aux responsables et décideurs d'examiner les tendances, même au sein d'un même quartier, et de comprendre les différences à l'intérieur d'une même ville et d'une ville à l'autre.

« Les moyennes cachent d'immenses zones d'inégalité et de mauvaise santé, en masquant la réalité de la vie de la population », déclare le Dr Margaret Chan, Directeur général de l'OMS. « Cette nouvelle analyse met au jour les disparités en matière de santé et d'accès aux soins de santé parmi les populations urbaines, et indique aux responsables les domaines sur lesquels ils devraient faire porter leurs efforts. »

« Bien trop souvent, les décideurs et planificateurs ne comprennent pas qu'avec l'urbanisation de la pauvreté, bon nombre d'habitants des quartiers pauvres sont encore plus pénalisés : le taux de mortalité infantile est plus élevé chez ces populations que chez leurs voisins plus prospères, elles meurent plus jeunes et elles sont davantage touchées par la maladie », déclare Joan Clos, Directeur exécutif d'ONU-HABITAT. « Pour une meilleure compréhension des causes de la mauvaise santé, le rapport met l'accent sur plusieurs facteurs, dont la dynamique des populations, la gestion des villes, l'environnement naturel et l'environnement bâti, l'environnement social et économique et la gestion de l'accès aux services et des urgences sanitaires. »

Le rapport souligne que, si les pays ne prennent pas des mesures urgentes pour tenter de remédier aux inégalités en santé en milieu urbain, ils ne réaliseront pas les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) liés à la santé. Ces objectifs sont fixés pour les pays dans leur ensemble; les villes représentent toutefois un élément crucial de l'équation puisque la moitié de la population mondiale habite désormais en ville. La réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement dépendra dans une large mesure des actions accomplies parmi les populations urbaines.

Les situations mises au jour dans le rapport sont par exemple les suivantes:

Bien que les taux de survie des enfants en milieu urbain soient pour l'essentiel supérieurs à ceux qui sont constatés en milieu rural, ces moyennes masquent d'importantes inégalités entre différents groupes de population. Dans les zones urbaines, les enfants les plus pauvres ont deux fois plus de chances que les enfants les plus riches de mourir avant l'âge de cinq ans. Il existe de grandes inégalités à l'intérieur d'une même ville, non seulement entre les plus riches et les plus pauvres, mais aussi dans la totalité de la population. Les résultats montrent clairement que l'action entreprise pour réduire les inégalités doit concerner toute la population et ne pas se concentrer uniquement sur les groupes les plus pauvres.

L'accès aux services de santé influe de façon déterminante sur la situation sanitaire. L'assistance d'un personnel de santé qualifié lors de l'accouchement permet de réduire les complications, qui peuvent entraîner une incapacité ou le décès de la mère. Dans les zones urbaines de 44 pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, la couverture en matière d'accouchements pratiqués avec l'assistance d'un personnel de santé qualifié varie entre 40 et 100%. Les résultats montrent que la richesse des ménages de même que le niveau d'éducation des mères et de leur partenaire ont un fort impact sur l'inégalité de couverture.

On constate des inégalités entre riches et pauvres non seulement pour les résultats sanitaires, mais aussi au niveau des déterminants de la santé. Dans la plupart des régions, l'amélioration de l'accès à une eau courante propre constitue le principal moteur du progrès. Bien que cet accès se soit amélioré à l'échelle mondiale au cours des deux dernières décennies, d'importantes inégalités subsistent en Afrique, en Amérique et en Asie, en milieu urbain, entre les citadins les plus riches et les plus pauvres. Les résultats font apparaître l'existence d'une gradation sociale ; autrement dit, l'augmentation systématique de l'accès à l'eau courante correspond à l'augmentation de la richesse en milieu urbain.

En matière de santé, l'inéquité existe partout, non seulement dans les pays en développement, mais aussi dans les pays développés. Même au Japon on constate des inégalités en santé en milieu urbain. La tuberculose y est plus fréquente que dans d'autres pays développés et les données disponibles montrent que les disparités sont généralement plus importantes dans les grandes villes. À Osaka, l'incidence de la tuberculose est neuf fois plus élevée dans une zone où résident de nombreux journaliers que dans la zone où l'incidence est la plus faible. Le rapport montre bien que le taux de tuberculose est le reflet de la mauvaise situation économique et sociale.

Les données concernant la ville de New York montrent que certains quartiers, qui sont les plus pauvres d'un point de vue économique, sont ceux où la population a probablement le moins accès aux soins de santé essentiels et où les résultats sanitaires sont probablement les moins bons, comme l'indiquent l'espérance de vie et le taux de décès dus au sida. Les données concernant Preston (Royaume-Uni) font apparaître une situation semblable. Dans cette ville, on constate une différence considérable entre l'espérance de vie des communautés très défavorisées et des populations plus prospères, qui atteint 14,7 ans pour les hommes et 10 ans pour les femmes.