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L'ONU demande 164 millions de dollars pour lutter contre le choléra en Haïti

L'ONU demande 164 millions de dollars pour lutter contre le choléra en Haïti

Une femme est allongée à côté de son fils qui reçoit un traitement contre le choléra en Haïti.
L'ONU et ses partenaires ont lancé vendredi la « Stratégie de réponse intersectorielle au choléra », un plan de soutien au gouvernement haïtien destiné à endiguer l'épidémie de choléra qui a contaminé plus de 11.000 personnes et en a tué plus de 700 depuis son apparition le 22 octobre.

La Stratégie, qui nécessitera 163,8 millions de dollars des bailleurs de fonds internationaux, englobe les projets de 42 organisations non gouvernementales (ONG), de cinq agences de l'ONU et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Elle est destinée à appuyer le ministère haïtien de la santé publique et de la population (MSPP) qui dirige et coordonne la réponse à l'épidémie qui continue de se propager.

La Stratégie est fondée sur des projections prévoyant jusqu'à 200.000 personnes contaminées par la maladie dans les 6 à 12 prochains mois, avec des symptômes allant de diarrhées légères à de graves déshydratations pouvant entrainer la mort. Cette estimation est basée sur les expériences d'épidémie de choléra dans d'autres pays et sur les évaluations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Sur les dix départements d'Haïti, cinq ont été directement touchés par le choléra jusqu'à présent, avec plus de 11.000 personnes hospitalisées et plus de 700 morts. Les épidémiologistes s'attendent désormais à voir de nouveaux foyers apparaître dans différentes parties du pays, dans les prochains jours, semaines et mois. Ils estiment donc que les dispositifs et les moyens déployés devront rester en place pour au moins six mois.

« Bien que le nombre de personnes touchées continue d'augmenter, il est clair que la communauté humanitaire internationale a pu réagir rapidement et efficacement grâce à ses stocks de matériels et son personnel déjà sur le terrain, ce qui a permis d'éviter de nombreux décès », a souligné la porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Elisabeth Byrs, lors d'une conférence de presse à Genève.

« Actuellement 15 centres de traitement du choléra sont en place dans le pays, dont sept dans la capitale Port-au-Prince. Dans la région de l'Artibonite d'où est partie l'épidémie, 60% des habitants ont reçu des sels de réhydratation ou des comprimés de purification d'eau et des campagnes d'information ont été menées », a-t-elle ajouté, avant de souligner la nécessité « de renforcer d'urgence les efforts, en termes de logistique, de personnel médical et de stocks de médicaments disponibles »

Dans ce contexte, « les efforts doivent aller plus vite que l'épidémie » et « les 163,8 millions de dollars nécessaires à la Stratégie de lutte doivent être reçus d'urgence », a-t-elle encore insisté.

Sur les 163,8 millions de dollars demandé, 89 millions sont destinés à l'eau, l'assainissement et l'hygiène, 43 millions au le secteur de la santé et 19 millions pour la coordination de l'aide et la gestion des camps de déplacés où vivent plus d'un million d'Haïtiens sans abri depuis le tremblement de terre du 12 janvier.

« Il y a eu à ce jour 11.125 personnes hospitalisées, 724 décès, dont 434 dans des hôpitaux et 290 dans les communautés », a par ailleurs détaillé le porte-parole de l'OMS, Gregory Hartl, qui participait aussi à la conférence de presse.

Il a également fait part de ses préoccupations devant l'augmentation des cas dans la capitale Port-au-Prince, où 278 personnes ont été hospitalisées, dont 10 sont décédées. « Alors que 15 centres de traitement sont déjà en activité, l'OMS, en collaboration avec le Programme alimentaire mondial, a identifié et préparé de nouveaux sites pour y installer de nouvelles unités de traitement du choléra », a-t-il expliqué.

« Un effort important a déjà été fait, mais la quantité incroyable d'articles de secours qui doivent être livrés va nécessiter davantage de soutien au gouvernement », avait déjà déclaré jeudi Nigel Fisher, coordinateur humanitaire en Haïti. « Sans cet aide, l'épidémie pourrait bien devancer tous nos efforts », avait-t-il ajouté.