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Liban et Israël : l'ONU espère que l'incident du 3 août restera isolé

Un casque bleu de la FINUL le long de la "Ligne bleue" à la frontière entre le Liban et Israël.
Un casque bleu de la FINUL le long de la "Ligne bleue" à la frontière entre le Liban et Israël.

Liban et Israël : l'ONU espère que l'incident du 3 août restera isolé

Pour la première fois depuis la cessation des hostilités en août 2006, des combats directs ont éclaté entre l'armée libanaise et les forces israéliennes le 3 août. « Cet incident a illustré la fragilité de la sécurité d'un côté et de l'autre de la Ligne bleue et soulevé le spectre d'une grave escalade du conflit », souligne le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans son quatorzième rapport sur l'application de la résolution 1701, qui a mis un terme au conflit entre Israël et le Hezbollah libanais à l'été 2006.

« Très préoccupé » par cet échange de tirs survenu dans la localité d'Aadaissé le 3 août, le long de la Ligne Bleue délimitant la frontière israélo-libanaise, Ban Ki-moon appelle les deux pays « à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que cet incident reste un incident isolé et à coopérer étroitement avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui s'emploie à ce que ce type d'incident ne se reproduise plus ».

Rappelant aussi que les deux parties se sont engagées à respecter la Ligne bleue délimitée par l'ONU, Ban Ki-moon leur demande notamment « de s'abstenir de toute mesure à proximité de cette ligne, qui risquerait de provoquer des malentendus ou d'être perçue par l'autre partie comme un acte de provocation ». « La Ligne bleue doit être respectée dans sa totalité », insiste-t-il.

Dans son rapport, le Secrétaire général estime ensuite qu'« aucun progrès n'a été fait concernant les obligations essentielles de la résolution 1701 ».

Pour lui, « il faut en priorité régler la question de la poursuite de l'occupation par les forces israéliennes de la partie septentrionale de Ghajar et de la zone adjacente au nord de la Ligne bleue ». Il demande donc « instamment à Israël de retirer ses forces sans délai » de ces zones.

Le Secrétaire général de l'ONU se dit également « préoccupé » par la poursuite des survols « quasi-quotidiens » du territoire libanais par les forces israéliennes. Ces opérations « violent la souveraineté du Liban », « suscitent la tension au Sud Liban et portent atteinte à la crédibilité de l'armée libanaise et de la FINUL », estime-t-il, avant de demander « à nouveau à Israël de respecter la souveraineté du Liban et de cesser immédiatement » ces survols.

Après avoir énuméré les violations israéliennes de la résolution 1701, Ban Ki-moon soulève celles observées du côté libanais. Il dénonce notamment une série d'incidents qui ont « entravé la liberté de circulation de la FINUL » et « mis en danger la vie des soldats de la paix ».

« La liberté de circulation de la FINUL et la sécurité de son personnel sont indispensables », écrit-il, soulignant qu'il « incombe aux autorités libanaises de veiller à ce que le personnel de la FINUL bénéficie d'une liberté de circulation totale dans sa zone d'opérations ».

Le Secrétaire général de l'ONU salue toutefois le « rôle essentiel » joué par l'armée libanaise, qu'il qualifie de « partenaire stratégique de la FINUL » et dont il salue le renforcement de la présence au Sud Liban ces derniers mois. Il appelle d'ailleurs « vivement la communauté internationale à continuer de fournir » à l'armée libanaise « l'appui indispensable au renforcement de ses capacités », « car c'est grâce à cet appui qu'elle pourra assurer efficacement la sécurité de la zone d'opérations de la FINUL et des points d'entrée maritimes au Liban ».

Evoquant ensuite la situation interne au Liban, Ban Ki-moon se dit « préoccupé par la forte montée de la tension politique » et « par les récentes contestations de l'autorité de l'État par les représentants du Hezbollah et certains de leurs alliés ». S'il salue « les efforts entrepris par l'Arabie saoudite et la République arabe syrienne pour aider le gouvernement libanais à préserver la stabilité interne », il demande aussi aux dirigeants libanais « de continuer de veiller à empêcher une crise politique que certains craignent de voir dégénérer en violence ».

Ban Ki-moon se dit aussi « profondément préoccupé par la prolifération généralisée des armes au Liban », ainsi que par « la présence de groupes armés opérant en dehors du contrôle de l'État ». Selon lui, cette réalité « compromet l'aptitude du gouvernement libanais à exercer sa pleine souveraineté et son contrôle sur son territoire » et constitue « une violation directe » de la résolution 1701.

Le chef de l'ONU appelle donc au « désarmement des groupes armés », estimant que celui-ci « devrait être effectué dans le cadre d'un processus politique animé par les Libanais ». Il salue le Comité de dialogue national mis en place au Liban sous la conduite du Président et « encourage les participants à progresser davantage vers une stratégie nationale de défense, qui porterait sur la question des groupes armés opérant en dehors du contrôle de l'État ».

Abordant enfin la question de la frontière libano-syrienne, le Secrétaire général « encourage le Liban à poursuivre ses efforts » destinés à mieux la contrôler et « demande à tous les Etats membres d'empêcher les transferts d'armes et de matériel connexe à des entités ou des particuliers au Liban », en violation de la résolution 1701.

S'il reconnaît ensuite que le tracée de la frontière libano-syrienne est « une question bilatérale », Ban Ki-moon estime que « ce tracé est nécessaire pour permettre au Liban d'étendre son autorité à l'ensemble du territoire libanais et d'y exercer intégralement sa souveraineté, comme demandé dans sa résolution 1701 ». Il invite par conséquent « le Liban et la République arabe syrienne à progresser sur cette question » et attend des « mesures concrètes dans les prochains mois ».

Pour conclure, le Secrétaire général rappelle que la résolution 1701 appelle Israël et le Liban à œuvrer pour un cessez-le-feu permanent, il demande donc aux deux Etats « d'aboutir à ce que le Conseil de sécurité a appelé une solution à long terme régissant leurs relations ».