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La libre concurrence est un outil pour sortir de la crise, rappelle la CNUCED

La libre concurrence est un outil pour sortir de la crise, rappelle la CNUCED

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Des hauts représentants de gouvernements et les responsables de plusieurs autorités nationales de la concurrence ont appelé lundi les responsables politiques du monde entier à continuer d'accorder la même attention aux respects des principes de la libre concurrence économique, en particulier au moment où la plupart des économies s'efforcent de se remettre de la récession mondiale.

Lundi, à Genève, au Palais des nations, s'est ouvert la sixième Conférence de l'ONU sur les pratiques commerciales restrictives. Organisée tous les cinq ans par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la conférence se tiendra jusqu'au vendredi 12 novembre et marquera aussi le trentième anniversaire de l´adoption de « l´Ensemble de principes et de règles de la concurrence équitable » -un corpus de règles de l'ONU sur la concurrence.

Dans son message d'ouverture, le Secrétaire général de la CNUCED, Supachai Panitchpakdi, a rappelé qu'en 1980, seulement 50 pays disposaient d'une législation sur la concurrence, contre 110 aujourd'hui. « L'importance de l'existence de telles règles sur la concurrence loyale, au niveau national ou international, ne fait plus l'objet d'interrogations, même en ces temps d'incertitudes économique », a-t-il estimé.

Après l'ouverture de la Conférence, le premier débat organisé sur le thème de « L'interface entre politiques publiques et politique de concurrence » a été l'occasion pour plusieurs responsables d'insister sur le fait que les politiques des gouvernements, indépendamment de la situation économique de leur pays, devaient aller dans le sens d'une plus grande ouverture à la concurrence et non l'inverse.

« En ces temps troublés, la libre concurrence est indispensable à la croissance des pays en développement. Le manque de législation sur la concurrence mène à des contre-performances des économies, à l'instar des cartels dont les monopoles limitent l'efficacité des mesures gouvernementales contre la pauvreté, empêchent l'entrée de nouveaux entrepreneurs sur le marché, en particulier ceux aux moyens limités », a ainsi estimé le Commissaire de la Commission Fédérale du commerce des États-Unis, William E. Kovacic, rappelant que « les entrepreneurs potentiels, dans les populations les plus pauvres, avaient pourtant de bonnes idées sur la façon de se sortir eux-mêmes de la pauvreté ».

De son côté, le Président de la Commission du commerce équitable de République de Corée, Ho-yul Chung, a souligné que l'introduction dans son pays, en 1980, d'une législation sur la concurrence s'est traduite par un accroissement du revenu par habitant.

« Ces règles sont devenues une force pour la croissance économique rapide et pourrait servir d'exemple pour les pays en développement », a-t-il expliqué, avant d'insister sur « l'importance vitale pour ces pays de prendre de telles mesures et de consacrer des ressources suffisantes pour les mettre en oeuvre ».

Devant les participants, le Président de l'Autorité de la concurrence de la France, Bruno Lasserre, a lui souligné la « robustesse de l'instrument » qui a guidé les politiques d'ouverture à la concurrence ces 30 dernières années. « Les normes internationales devraient être suffisamment solides pour passer les turbulences et l'Ensemble de principes et de règles de la concurrence équitable a permis de résister à la tempête », a-t-il ajouté, estimant qu'il fallait « poursuivre les efforts pour lutter contre les cartels, qui ne font qu'aggraver la situation ».

Le Représentant chinois, Quan Chong, a lui rappelé que la crise économique mondiale avait eu un impact majeur sur son pays, obligeant le gouvernement à « réagir activement ». « L'accent a été mis sur les mesures en faveur du secteur privé, des dispositions ont également été prises pour prévenir toute pratique restrictive susceptible d'avoir un impact négatif sur l'activité des entreprises nationales ou sur les échanges », a-t-il précisé, insistant sur les efforts des autorités chinoises pour « lutter contre les monopoles et les cartels ».

Le Président de la Commission de la concurrence de l'Inde, Dhanendra Kumar, a pour sa part estimé que la Conférence arrivait « à point nommé, parce que les effets de la crise mondiale se font encore sentir, et que la concurrence est le levier à utiliser pour soutenir la reprise ». Il a également exhorté les gouvernements à œuvrer pour que « les plus pauvres parmi les pauvres » jouissent aussi « des avantages de la libre concurrence », notamment dans des secteurs tels que l'agriculture, « où il y a souvent une grande différence entre l'argent gagné par l'agriculteur et le prix payé par le consommateur ».