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Grèce : inquiétudes sur les conditions de détention des migrants clandestins

Grèce : inquiétudes sur les conditions de détention des migrants clandestins

Un camp de fortune pour réfugiés à Patras (Grèce) avant sa fermeture en juillet 2009.
Le Rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Manfred Nowak, s'est inquiété mercredi de la surpopulation des prisons grecques et des difficultés rencontrées par les autorités pour gérer quotidiennement le flux de centaines de migrants irréguliers qui entrent en Grèce par la Turquie.

« Leur nombre sans précédent a mis dans une situation critique les centres des gardes frontières, les commissariats et les centres de détention des migrants », a estimé Manfred Nowak après avoir accompli une mission d'enquête entre le 10 et le 20 octobre. « Je crois que le gouvernement a la volonté de répondre aux défis. Le facteur clé sera la mise en œuvre de nouvelles politiques et de pratiques au milieu de l'actuelle crise économique », a-t-il ajouté.

« Cependant la Grèce ne doit pas porter seule le poids de recevoir la grande majorité des migrants irréguliers qui entrent dans l'Union européenne. C'est un véritable problème européen qui a besoin d'une solution européenne conjointe », a souligné le Rapporteur spécial.

Dans cette perspective, l'Union européenne devrait « immédiatement renégocier » les règles de régulation de Dublin II qui définissent les normes européennes en matière d'immigration clandestine. Un système plus juste devrait être mis en place qui prenne notamment en compte les problèmes des demandeurs d'asile et des migrants illégaux. « Je soutiens pleinement les recommandations du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) et les institutions des droits de l'homme pour stopper tous les retours en vertu de Dublin II à cause notamment de la protection inadéquate contre le refoulement et les conditions de détentions inhumaines pour les migrants en Grèce », a expliqué Manfred Nowak.

Le Rapporteur spécial a été en mesure d'effectuer des visites inopinées dans des centres de détention afin d'interroger des détenus en privé. Selon lui, de nombreux détenus vivent dans des cellules surpeuplées, mal ventilées, mal éclairées et bénéficient d'un accès limité au droit, à la santé et aux interprètes. Dans les Départements d'enquêtes criminelles, des conditions de détention inhumaine et des traitements dégradants ont été constatés, a-t-il précisé.

La Grèce fait face à une crise nationale sur l'immigration irrégulière. En 2010, presque la totalité des arrestations de migrants clandestins dans l'Union européenne ont eu lieu en Grèce. La plupart de ces migrants sont emprisonnés dans des centres administratifs de détention pendant plus de six mois en attendant une expulsion vers leur pays d'origine. Le système des demandes d'asiles souffre également de dysfonctionnement grave, estime le Rapporteur spécial.

Les citoyens en provenance de la République islamique d'Iran, d'Iraq ou de la Syrie sont confrontés à des risques sérieux d'être expulsés par les autorités turques dans leur pays d'origine sans avoir effectué une évaluation individuelle des risques encourus en cas de rapatriement, ce qui est contraire à l'article 3 de la Convention contre la torture.

Mardi, le Président du Comité de l'ONU contre la torture, Claudi Grossman, a appelé tous les Etats membres à dire « non à la torture » en mettant en œuvre la Convention contre la torture adoptée depuis 1984 par 147 Etats. Lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU, à New York, le Président du Comité, a rappelé que « l'interdiction absolue de la torture n'est pas encore une réalité dans de nombreux Etats qui ont ratifié de la Convention ».