John Holmes : les opérations humanitaires sont mieux organisées et mieux financées

Dans un entretien accordé au Centre d'actualités de l'ONU, il admet toutefois que des améliorations peuvent encore être apportées pour améliorer la coordination de l'aide et alléger les souffrances des victimes.
« Je pense que la réponse de l'ONU aux catastrophes est bien meilleure qu'elle ne l'était il ya 10 ou 20 ans. Nous sommes mieux coordonnés, mieux organisés, plus professionnels, plus rapides, plus prévisibles, et nous disposons de meilleurs financements », a estimé M. Holmes, qui a participé directement à la réponse de l'ONU sur plusieurs catastrophes majeures, comme le cyclone Nargis au Myanmar en 2008, le tremblement de terre en Haïti au début de l'année, ou les inondations récentes au Pakistan.
« Assurer la livraison de l'aide humanitaire, efficacement et au bon moment, n'est pas une tâche facile, en raison des difficultés que représente la coordination des actions d'un large éventail d'acteurs, dont les gouvernements, les agences onusiennes, les organisations non-gouvernementales (ONG) et d'autres partenaires diverses », a-t-il expliqué.
« Je ne peux pas leur dire quoi faire. Je peux seulement les convaincre que c'est dans telle ou telle direction que nous devons aller, que nous devons tous travailler ensemble, que nous devons éviter les lacunes et que nous devons éviter les doubles emplois. C'est qui se passe sur le terrain », a-t-il ajouté.
Pour John Holmes, la coordination s'est améliorée ces dernières années, autant que l'acheminement de l'aide, grâce notamment à la création en 2006 du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires de l'ONU (CERF), qui a permis d'accélérer les opérations de secours et le déblocage des fonds nécessaires pour intervenir rapidement.
Dans le même temps, John Holmes a estimé qu'il y avait « encore de la marge pour améliorer la manière dont l'organisation répond aux catastrophes et autres situations d'urgence ».
« La réponse n'est jamais parfaite, mais les catastrophes sont, par définition, des événements chaotiques et désordonnées, dans lesquels nous essayons d'imposer un certain ordre. Ce travail va se poursuivre mais le plus important c'est que nous avons fait de réels progrès et continuons à en faire », a-t-il poursuivi.
John Holmes, qui a été remplacé par un autre ressortissant britannique, Valerie Amos, a également mis en avant l'un des aspects les plus délicats de son travail : la coordination avec les gouvernements des pays touchés, souvent soupçonneux à l'égard des activités humanitaires de l'ONU, selon lui.
« Au lieu de faciliter notre travail, de nous fournir toute l'aide possible, nous avons l'impression parfois qu'ils nous mettent des bâtons dans les roues, ou qu'ils pensent que nous avons d'autres objectifs ou que nous nous immisçons trop dans leurs affaires internes », a-t-il indiqué, avant d'ajouter « c'est frustrant et difficile à gérer ».
S'il a souligné l'importance de respecter la souveraineté des États, le diplomate a également rappelé que l'objectif était d'atteindre les victimes et de leur fournir l'aide et l'assistance dont elles ont besoin.
« Nous avons un impératif humanitaire moral, celui d'essayer de nous rendre là où sont les gens qui ont besoin d'aide, donc il faut trouver un juste équilibre pour faire entendre notre voix, dire parfois des choses que les gouvernements ne veulent pas entendre, tout en travaillant avec eux et en respectant leur souveraineté », a-t-il conclu.