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Patrimoine mondial : nouveaux sites inscrits, dont la Cité épiscopale d'Albi en France

Patrimoine mondial : nouveaux sites inscrits, dont la Cité épiscopale d'Albi en France

L'Aire protégée des îles Phoenix (Kiribati)
Le Comité du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), dont la 34e session se tient actuellement à Brasilia, au Brésil, a approuvé ce weekend l'inscription de nouveaux sites, notamment la cité impériale de Thang Long à Hanoï au Vietnam, l'Aire protégée des îles Phoenix faisant parties de Kiribati ou encore la Cité épiscopale d'Albi, en France.

Le Comité du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), dont la 34e session se tient actuellement à Brasilia, au Brésil, a approuvé ce weekend l'inscription de nouveaux sites, notamment la cité impériale de Thang Long à Hanoï au Vietnam, l'Aire protégée des îles Phoenix faisant parties de Kiribati ou encore la Cité épiscopale d'Albi, en France.

Edifiée au XIe siècle par la dynastie Viêt des Ly, la cité impériale de Thang Long fut le lieu du pouvoir politique régional de manière continue pendant près de treize siècles. Les édifices de la cité impériale et les vestiges de la zone archéologique 18 Hoang Diêu expriment une culture originale du Sud-Est asiatique propre à la basse vallée du fleuve Rouge, à l'intersection des influences venues de la Chine, au nord, et de l'ancien royaume du Champa au sud.

L'Aire protégée des îles Phoenix (APIP) est composée d'habitats marins et terrestres qui s'étendent sur 408.250 km2 dans l'océan Pacifique sud. Le bien inscrit comprend le groupe des îles Phoenix, un des trois groupes d'îles formant Kiribati. Il s'agit de la plus grande aire marine protégée au monde. L'APIP conserve l'un des derniers écosystèmes intacts d'archipel corallien océanique de la planète. La zone abrite environ 800 espèces connues de la faune, dont près de 200 espèces de coraux, 500 espèces de poissons, 18 mammifères marins et 44 espèces d'oiseaux. C'est le premier site des îles Kiribati à être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial.

La vieille ville d'Albi, dans le sud-ouest de la France, située en bordure du Tarn, témoigne de l'épanouissement d'un ensemble architectural et urbain médiéval. Au 13e siècle, la ville devint une puissante cité épiscopale au lendemain de la croisade des Albigeois contre les Cathares. D'un style gothique méridional original à base de briques aux tons rouge et orangé fabriquées localement, la cathédrale fortifiée qui domine la ville (XIIIe siècle) illustre la puissance retrouvée du clergé romain. Elle est complétée par le vaste palais épiscopal de la Berbie qui surplombe la rivière et est cernée par des quartiers d'habitations datant du Moyen Age. La cité épiscopale d'Albi forme un ensemble de monuments et de quartiers cohérent et homogène qui n'a pas subi de changements majeurs au fil des siècles.

Egalement en France, les pitons, cirques et remparts de l'île de la Réunion, ont été inscrits à la Liste du patrimoine mondial. Ce bien coïncide avec la zone centrale du Parc national de la Réunion. Il couvre une superficie de plus de 100.000 hectares, soit 40% de la Réunion, une île composée de deux massifs volcaniques située dans le sud ouest de l'océan Indien. Dominé par deux pics volcaniques, le site présente une grande diversité d'escarpements, de gorges et de bassins boisés qui, ensemble, créent un paysage spectaculaire. On y trouve des forêts ombrophiles subtropicales, le tout formant une mosaïque d'écosystèmes et de caractéristiques paysagères remarquables.

Le Camino Real de Tierra Adentro a également été inscrit à la Liste du patrimoine mondial. Connue sous le nom de Route de l'argent, cette voie était la route royale intérieure. Le bien inscrit, qui se compose de 55 sites et de cinq autres déjà inscrits sur la Liste, concerne une section de 1.400 kilomètres et d'une longueur totale de 2.600 km qui partait du nord de Mexico pour se prolonger jusqu'au Texas et au Nouveau-Mexique, aux Etats-Unis. Cette route, utilisée de la moitié du 16e au 19e siècle, servait principalement à convoyer l'argent extrait des mines de Zacatecas, de Guanajuato et de San Luis Potosí et le mercure importé d'Europe. Bien qu'elle doive son existence et sa consolidation à l'industrie minière, cette route favorisa aussi la création de liens sociaux, culturels et religieux, en particulier entre les cultures espagnole et amérindienne.

Encore au Mexique, les Grottes préhistoriques de Yagul et Mitla au centre de la vallée d'Oaxaca, se composent de deux ensembles archéologiques préhispaniques et une série de grottes préhistoriques et d'abris sous roche. Certains de ces abris ont livré des traces archéologiques et d'art rupestre qui sont un témoignage des premiers agriculteurs sédentarisés. Des graines de cucurbitacée vieilles de 10.000 ans découvertes dans la grotte Guilá Naquitz sont considérées comme les premiers témoignages de plantes domestiquées sur le continent. Le paysage culturel des grottes de Yagul et Mitla démontre le lien entre l'homme et la nature qui est à l'origine de la domestication des plantes en Amérique du Nord, permettant ainsi le développement des civilisations mésoaméricaines.

La place São Francisco, dans la ville de São Cristovão, au Brésil, a aussi été inscrite à la Liste du patrimoine mondial. Cette place forme un quadrilatère à ciel ouvert, entouré d'édifices imposants anciens tels que l'église de São Francisco et son couvent, l'Eglise de Santa Casa da Misericórdia, le palais provincial et les demeures associées de différentes époques autour de la place. Cet ensemble monumental, avec les maisons du 18e siècle et du 19e siècle avoisinantes, crée un paysage urbain qui reflète l'histoire de la ville depuis son origine. L'ensemble franciscain est un exemple de l'architecture typique de cet ordre religieux qui s'est développée dans le nord-est du Brésil.

Danxia de Chine est le nom donné aux paysages qui se sont formés sur des couches sédimentaires terrigènes rouges continentales, influencées par des forces endogènes comme le soulèvement et des forces exogènes, notamment l'altération et l'érosion. Le site inscrit comprend six secteurs situés dans la zone subtropicale du sud-ouest de la Chine. Il se caractérise par des falaises rouges spectaculaires et toute une gamme de reliefs et d'érosion, en particuliers des colonnes naturelles spectaculaires, des tourelles, des ravins, des vallées et des cascades. Ces paysages tourmentés ont contribué à la conservation de feuillus sempervirentes subtropicaux et ils abritent de nombreuses espèces de flore et de faune, dont 400 sont considérées comme rares ou menacées.

Toujours en Chine, les Monuments historiques de Dengfeng seront désormais préservés. Songshang est considéré comme le mont sacré central de la Chine. Au pied de cette montagne haute de 1.500 mètres, à proximité de la ville de Dengfeng, dans la province du Henan, s'étendent sur 40 kilomètres carrés huit ensembles d'édifices, qui comprennent notamment trois portes Que Han -vestiges des plus anciens édifices religieux d'Etat chinois-, des temples, la plateforme du cadran solaire de Zhougong et l'observatoire de Dengfeng. Edifiées tout au long de neuf dynasties, ces constructions reflètent de différentes manières la perception du centre du ciel et de la terre et le pouvoir de la montagne comme centre de dévotion religieuse. Les monuments historiques de Dengfeng figurent parmi les meilleurs exemples de bâtiments anciens voués à des activités rituelles, scientifiques, technologiques et éducatives.

Au Tadjikistan le site de Sarazm, qui signifie « le commencement de la terre », a été protégé. Site archéologique, Sarazm témoigne de peuplements humains sédentaires en Asie centrale, du IVe millénaire avant J.-C. à la fin du 3e millénaire avant J.-C. Les vestiges montrent l'essor d'un proto-urbanisme précoce dans cette région. Ce centre de peuplement, parmi les plus anciens d'Asie centrale, est situé entre une zone montagneuse propice à l'élevage du bétail par des bergers nomades et une grande vallée favorable au développement de l'agriculture et de l'irrigation par les premières populations sédentarisées de la région. Sarazm démontre aussi l'existence d'échanges matériels et culturels et des liaisons marchandes entre les steppes de l'Asie centrale, le Turkménistan, le plateau iranien, la vallée de l'Indus et jusqu'à l'océan Indien.

La Zone des canaux concentriques du 17e siècle à l'intérieur du Singelgracht à Amsterdam, au Pays-Bas font désormais partie du patrimoine mondial. L'ensemble urbain historique du quartier des canaux à Amsterdam est le projet d'une nouvelle « ville-port » construite à la fin du 16e siècle et au 17e siècle. Il s'agit d'un réseau de canaux à l'ouest et au sud du bourg historique et du bourg médiéval qui enserre la vieille cité et qui accompagna le déplacement des limites fortifiées de la ville vers l'intérieur des terres, le Singelgracht. Ce programme de longue durée consistait à étendre la ville en drainant les terres marécageuses par des canaux en arcs concentriques et à remblayer les espaces intermédiaires. Ces espaces ont permis l'épanouissement d'un ensemble urbain homogène constitué de maisons à pignons et de nombreux monuments. Ce site présente un exemple de planification urbaine de grande échelle qui servi de modèle de référence dans le monde entier jusqu'au 19e siècle.

Le site d'At-Turaif à ad-Dir'iyah en Arabie Saoudite a été inscrit par le Comité du patrimoine mondial. Ce site fut la première capitale de la dynastie saoudienne, dans le centre de la péninsule arabique, au nord-ouest de Ryad. Fondée au 15e siècle, elle témoigne du style architectural Nadji, propre au cœur de la péninsule arabique. Au 15e et au début du 19e siècle, son rôle politique et religieux s'est accru et la citadelle d'at-Turaif est devenue le centre du pouvoir temporel des Saoud et de la diffusion de la réforme wahhabite au sein de la religion musulmane. Le bien comprend des vestiges de nombreux palais et d'un ensemble urbain érigé en bordure de l'oasis ad-Dir'iyah.

Egalement inscrits, les sites de bagnes australiens qui comprennent une sélection de onze colonies pénitentiaires, parmi les milliers qu'établit l'Empire britannique en Australie aux 18e et 19e siècles. Elles sont situées sur le pourtour maritime fertile, dont les Aborigènes furent chassés, principalement autour de Sydney et dans l'île de Tasmanie, mais aussi dans l'île Norfolk et à Fremantle. Ces bagnes accueillirent des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, condamnés par la justice britannique. Chacun des sites avait une vocation propre, qu'il s'agisse d'enfermement punitif ou de rééducation par le travail forcé au service du projet colonial. Le bien présente les meilleurs exemples survivants de la déportation de criminels à grande échelle et de l'expansion colonisatrice des puissances européennes par la présence et le travail des bagnards.

Le Jantar Mantar, en Inde, est un site d'observation astronomique construit au début du XVIIIe siècle. Il comprend un ensemble d'une vingtaine d'instruments fixes. Edifiés en maçonnerie, ce sont des exemplaires monumentaux d'instruments connus mais souvent aux caractéristiques particulières. Destinés à des observations d'astronomie à l'œil nu, ils comportent plusieurs innovations architecturales et instrumentales. C'est l'ensemble le plus significatif, le plus complet et le mieux conservé des observatoires anciens de l'Inde. Il exprime les compétences astronomiques et les conceptions cosmologiques acquises dans l'entourage d'un prince savant à la fin de l'époque moghole.

L'ensemble du Khānegāh et du sanctuaire de Cheikh Safi al-Din à Ardabil, en République islamique d'Iran. Construit entre le début du 16e siècle et la fin du 18e siècle, ce lieu de retraite spirituelle soufi utilise les formes architecturales traditionnelles iraniennes. Les constructeurs ont su tirer le meilleur parti de l'espace réduit pour assurer de multiples fonctions, notamment une bibliothèque, une mosquée, une école, un mausolée, une citerne, un hôpital, des cuisines, une boulangerie et quelques bureaux. Le site comprend un cheminement conduisant au sanctuaire du Cheik articulé en sept étapes qui reflètent les sept stades du mysticisme soufi, séparées par huit portes qui représentent les huit attitudes du soufisme. Il forme un rare ensemble d'éléments d'architecture islamique médiévale.

Egalement en République islamique d'Iran, l'Ensemble du bazar historique de Tabriz a été protégé. Lieu d'échange culturel depuis l'Antiquité, l'ensemble du bazar historique de Tabriz est l'un des plus importants centres de commerce le long de la Route de la Soie. L'ensemble du bazar historique de Tabriz se compose d'une série d'enceintes et de structures couvertes en briques reliées entre elles et d'enceintes aux fonctions variées. Tabriz et son bazar étaient déjà prospères et célèbres au 13e siècle, lorsque Tabriz, située dans la province d'Azerbaïdjan-Oriental, devint la capitale du royaume safavide. La ville, qui perdit son statut de capitale au XVIe siècle, conserva son rôle de pôle commercial majeur jusqu'à la fin du XVIIIe siècle avec l'essor du pouvoir ottoman. Il s'agit d'un des exemples les plus complets de système commercial et culturel traditionnel d'Iran.

L'Atoll de Bikini aux Iles Marshall a aussi été inscrit. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, en étroite relation avec les débuts de la guerre froide, les Etats-Unis décidèrent de reprendre leurs essais nucléaires dans l'océan Pacifique sur l'atoll de Bikini dans l'archipel des Marshall. Une fois les habitants déplacés, 67 tirs nucléaires furent réalisés entre 1946 et 1958, dont celui de la première bombe H en 1952. La flotte coulée dans le lagon par les essais de 1946 ou le gigantesque cratère Bravo constituent des témoignages directs des tirs nucléaires. D'une puissance totale 7.000 fois supérieure à celle d'Hiroshima, ils eurent des conséquences importantes sur la géologie de Bikini, son environnement naturel et la santé des populations irradiées. Par son histoire, l'atoll symbolise l'entrée dans l'âge nucléaire malgré une image paradoxale de paix et de paradis terrestre. Il s'agit du premier site des Iles Marshall à être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial.

Fondés au 14e-15e siècle, les villages historiques de République de Corée de Hahoe et Yangdong sont considérés comme les deux villages claniques historiques les plus représentatifs de la République de Corée. Leur disposition et leur emplacement, abrités par des montagnes boisées et face à une rivière et à des champs agricoles ouverts, reflètent la culture confucéenne aristocratique propre au début de la dynastie Joseon (1392-1910). Les villages étaient situés de façon à tirer une nourriture à la fois physique et spirituelle des paysages alentour.

Le Plateau de Putorana dans la Fédération de Russie a également été inscrit au patrimoine mondial. Ce site, qui coïncide avec la Réserve naturelle d'Etat de Putorana, se trouve dans la partie septentrionale de la Sibérie centrale, à une centaine de kilomètres au nord du cercle polaire. Le Plateau abrite un ensemble complet d'écosystèmes arctiques et subarctiques dans une chaîne de montagnes isolée : des systèmes de taïga, de toundra, de désert et des systèmes lacustres et fluviaux d'eau froide intacts. Il est un lieu de migration de rennes sauvages, ce qui est un phénomène naturel exceptionnel, de grande ampleur et de plus en plus rare.

Ces nouvelles inscriptions s'ajoutent à celles des Hauts plateaux du centre de Sri Lanka, Papahānaumokuākea (Etats-Unis), et la Zone de conservation de Ngorongoro (Tanzanie).

La 34e session du Comité du patrimoine mondial se tient sous la présidence du ministre de la Culture du Brésil, João Luiz Silva Ferreira. Ouverte le 25 juillet, elle se poursuit jusqu'au 3 août. La Convention de l'UNESCO encourage la coopération internationale afin de sauvegarder le patrimoine commun de l'humanité. Avec 187 Etats parties, c'est l'un des instruments juridiques internationaux ratifiés par le plus grand nombre de pays.