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Le HCR fête les 10 ans d'un centre de formation aux situations d'urgence

Le HCR fête les 10 ans d'un centre de formation aux situations d'urgence

Un employé du HCR dans un camp de réfugiés au Tchad.
Depuis 2000, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) gère à Tokyo, au Japon, un centre de formation spécialisé dans les modes d'intervention en situation d'urgence, baptisé eCentre. Dix ans après sa création, 2700 travailleurs humanitaires de la région Asie-Pacifique y ont reçu des enseignements basés sur des exercices grandeur nature de mise en situation.

Depuis 2000, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) gère à Tokyo, au Japon, un centre de formation spécialisé dans les modes d'intervention en situation d'urgence, baptisé eCentre. Dix ans après sa création, 2700 travailleurs humanitaires de la région Asie-Pacifique y ont reçu des enseignements basés sur des exercices grandeur nature de mise en situation.

« Les combats que vous allez voir se déroulent avec des balles réelles. Vos faits et gestes sous les tirs croisés sont une question de vie ou de mort ». Voilà le message adressé par un formateur de l'eCentre de Tokyo, à un groupe de 32 travailleurs humanitaires, quelques minutes avant qu'ils soient envoyés au milieu d'un champ de tir.

L'exercice se déroule sur une base militaire thaïlandaise, c'est l'un des aspects de la formation accélérée proposée par l'eCentre aux employés d'ONG, représentants de gouvernements, personnels des Nations Unies et autres organismes appelé à intervenir dans toute la région Asie-Pacifique et au-delà.

Pendant une semaine, les participants passent peu de temps dans des salles de classe. L'essentiel de la formation se déroule en extérieur, lors d'exercices qui les confrontent à des situations réelles qu'ils sont susceptibles de rencontrer une fois sur le terrain: barrages ou point de contrôle tenus par des individus armés agressifs, foules hostiles, prise d'otage, champs de mines ou tirs à balles réelles.

Les journées sont longues, elles commencent à 6h30 du matin avec des communications radios et se terminent tard dans la soirée avec l'apprentissage des techniques et des outils de positionnement géographique, essentiellement par GPS.

« Nous tentons de simuler la réalité de certaines situations, dans un environnement dangereux, pour donner la possibilité aux travailleurs humanitaires d'apprendre les procédures à suivre, les reflexes à avoir, les erreurs à éviter », indique l'un des formateurs de l'eCentre, Hani Abu Taleb.

Etabli par le HCR en 2000 avec le soutien du Gouvernement japonais, de l'Agence de coopération internationale du Japon et de l'Agence australienne pour le développement international (AusAID), l'eCentre a déjà formé 2700 travailleurs humanitaires de la région Asie-Pacifique, comme Sabirullah Memlawal, administrateur en chef du « Japan International Volunteer Centre » (JVC), une ONG japonaise qui travaille en Afghanistan.

Formé en octobre 2009, il a été confronté quelques semaines plus tard à une situation à laquelle il avait été préparé : une embuscade, le long d'une route près de Djalalabad, dans l'est de l'Afghanistan.

« Alors que notre véhicule dépassait un convoi de transport d'essence, des talibans ont ouvert le feu en utilisant des grenades propulsées par fusées et d'autres armes lourdes », raconte Sabirullah Memlawal. « Nous avons mis à profit les conseils appris pendant la formation, j'ai donné l'ordre à chacun de se coucher à terre, sans bouger. Quand les tirs ont cessé, j'ai mené le groupe vers un lieu plus sûr et j'ai contacté mon bureau ». Sang-froid, gestion du stress, prise de décision rapide et lucide? l'enseignement reçu au centre a peut-être sauvé la vie de Sabirullah Memlawal et de ses collègues.

Quel conseil donne-t-il aujourd'hui à d'autres travailleurs humanitaires confrontés à des situations comme celle à laquelle il a survécu ? « Selon ma propre expérience, les travailleurs humanitaires devraient d'abord tenter d'éviter de telles situations en affichant clairement leur neutralité, mais ça ne suffit pas toujours et en cas de problème, il faut connaître les procédures et les techniques pour assurer sa sécurité et celle de ses collègues. Tous ceux qui sont amenés à travailler dans des environnements dangereux devraient suivre cette formation de base ».

En juin, l'eCentre célébrait son dixième anniversaire, avec l'organisation à Tokyo d'un symposium sur les améliorations futures à apporter dans la préparation régionale aux situations d'urgence. Parmi les invités, la Présidente de l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et ancienne Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Sadako Ogata.

« L'eCentre a contribué à renforcer la capacité des organisations internationales, des agences gouvernementales et des ONG dans la région Asie-Pacifique, en leur permettant de se préparer concrètement et de savoir répondre à des situations d'urgence humanitaire dans des environnements dangereux », a-t-elle souligné.

« Il n'est pas exagéré de dire que le travail du eCentre a renforcé la capacité du Japon dans le domaine de l'action humanitaire », a estimé de son côté le Ministre japonais des Affaires étrangères, Katsuya Okada, dans un communiqué lu à l'ouverture du symposium.