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La justice est une condition essentielle du développement, selon l'ONUDC

La justice est une condition essentielle du développement, selon l'ONUDC

Saisie de cocaïne.
Alors que la criminalité représente une entrave grandissante à la sécurité et au développement, le Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Antonio Maria Costa, estime que les Etats doivent s'engager à établir une justice criminelle efficace.

« C'est la recherche de justice qui créera les conditions de sécurité et de développement », a déclaré M. Costa, lors d'un discours prononcé dimanche à l'occasion du douzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale dans la ville de Salvador au Brésil du 12 au 19 avril.

Dans de nombreux pays, la police est sous équipée pour lutter contre les réseaux de criminels, les juges sont victimes d'intimidations et les prisons sont surpeuplées et sont devenues des « universités du crime », a-t-il noté.

« Nous ne pouvons pas nous contenter d'envoyer de l'argent et des Casques bleus en situation de crise », a dit M. Costa. « Le crime organisé est devenu un véritable commerce doté d'une dimension macro-économique comparable au revenu des pays et des chiffres d'affaires des plus grands entreprises du monde ».

Par le biais du blanchiment d'argent, le crime organisé alimente le trafic de drogues en Amérique centrale, en Asie de l'Est et en Afrique de l'Ouest, s'associe avec des groupes terroristes notamment en Afrique centrale et en Asie du Sud-est, participe au trafic d'armes en Amérique du Nord et en Europe, favorise la contrebande de migrants et le trafic d'êtres humains, note l'ONUDC.

Pour M. Costa, seule une justice criminelle efficace et un engagement ferme des Etats en faveur de la lutte contre le crime et le trafic de drogues pourront avoir des résultats significatifs contre ces fléaux.

« Le crime organisé menace aussi les Etats-nations », a affirmé M. Costa. « Le crime est devenu une entrave à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ».

Il a salué la "Déclaration de Salvador" adoptée par les pays participants à l'issue de la conférence. Cette déclaration appelle à la réforme de la justice criminelle et formalise l'engagement des Etats membres dans la lutte contre le crime. M. Costa a appelé les Etats à engager cette réforme dans le cadre de la Convention de l'ONU contre la criminalité transnationale afin que « le prochain Congrès de 2015 puisse évaluer la progression de la lutte contre la corruption et identifier les zones d'améliorations ».

Au delà des efforts que doivent effectuer les Etats, M. Costa a insisté sur le rôle déterminant que la société doit jouer. Il a dénoncé « les séries télévisées populaires qui célèbrent les mafias, les armes, les voitures et les bimbos qui sont à leurs côtés. Les musiciens font des trafiquants de drogue des héros populaires et chantent la défonce. Des mannequins sont photographiées en train de sniffer de la coke ».

La loi seule ne pourra régler le problème, « nous devons lancer un effort de grande ampleur pour promouvoir la culture de la justice auprès des gens ordinaires et de la société », a-t-il conclu.

Le Directeur de l'ONUDC s'est par ailleurs félicité du lancement de la première 'Revue des affaires terroristes' qui a pour but de recenser les actes terroristes, de lister les relations et les ramifications entre groupes terroristes et crime organisé, de définir un cadre de travail sur la justice criminelle, et de proposer des solutions innovantes notamment par l'échange d'expériences des différents pays confrontés au terrorisme.