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Travail forcé : Le coût de la coercition dépasse les 20 milliards de dollars par an - BIT

Travail forcé : Le coût de la coercition dépasse les 20 milliards de dollars par an - BIT

Des centaines de familles avec de jeunes enfants travaillent et vivent dans des briquetteries près d'Islamabad.
Dans une nouvelle étude sur le travail forcé dans le monde, le Bureau international du Travail (BIT) affirme que le coût de la coercition exercée sur les travailleurs victimes de travail forcé atteint plus de 20 milliards de dollars par an, en termes de pertes de gains.

Cela représente un argument économique puissant, outre l'impératif moral, qui justifie que les gouvernements accordent dès à présent plus de priorité à ces questions, estime le BIT.

Publié en plein milieu de la pire crise économique et financière depuis des décennies, le rapport intitulé « Le Coût de la coercition » souligne que «dans une telle situation de crise, ce sont les plus vulnérables qui souffrent le plus. Dans un tel contexte, il est d'autant plus nécessaire de veiller à ce que les ajustements ne se fassent pas aux dépens des garanties qui ont été laborieusement mises en place pour prévenir le travail forcé et la traite dans les chaînes d'approvisionnement».

Alors que la plupart des pays ont introduit une législation qui considère le travail forcé comme un délit pénal et que le problème lui-même n'est plus ni dissimulé ni tabou, d'autres éprouvent des difficultés à identifier les cas d'abus, sans parler de définir des réponses politiques appropriées.

Parmi les efforts internationaux et nationaux redoublés pour réduire et prévenir le travail forcé, de nouvelles lois et stratégies sont élaborées au niveau régional et national, et des dispositions développées en faveur de la protection sociale à des personnes ou des groupes particulièrement exposés au travail forcé et à la traite.

Témoignant que le travail forcé est majoritairement pratiqué dans les pays en développement, souvent dans l'économie informelle et dans des régions isolées mal dotées en infrastructures, où les inspecteurs du travail font défaut et où la loi n'est pas appliquée, le rapport explique que «pour y mettre un terme, il faut des politiques et des programmes intégrés, combinant mise en application de la loi et mesures proactives de prévention et de protection et visant à donner aux personnes exposées au travail forcé les moyens de défendre elles-mêmes leurs propres droits».

«Il est absolument nécessaire de souligner que le travail forcé constitue un délit pénal grave qui appelle une sanction pénale», déclare Roger Plant, chef du Programme d'action spécial du BIT pour combattre le travail forcé. «Mais nous devons aussi nous rappeler que le travail forcé est souvent mal défini dans la législation nationale, rendant difficile de traiter les multiples voies subtiles dans lesquelles les travailleurs peuvent se voir priver de leur liberté. Le défi consiste à gérer ces problèmes de manière intégrée, grâce à la prévention et à la mise en vigueur de la loi, en recourant tant à la justice du travail qu'à la justice pénale.»

Le rapport détaille également les multiples pratiques frauduleuses, criminelles, dépourvues d'éthique, qui peuvent conduire les personnes dans des situations de travail forcé et lance un appel pour intensifier les efforts afin d'éradiquer ces pratiques.

«Le travail forcé est l'antithèse du travail décent», a déclaré le Directeur général du BIT, Juan Somavia. «Il cause des souffrances humaines indicibles et vole ses victimes. Le travail forcé moderne peut être éradiqué, à condition d'un engagement continu de la communauté internationale et d'une coopération entre gouvernements, travailleurs, employeurs et société civile.»