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L'ONU appelle Haïti à parvenir à un consensus sur la sécurité et la stabilité politique

L'ONU appelle Haïti à parvenir à un consensus sur la sécurité et la stabilité politique

Enfants haïtiens attendant devant un centre de distribution dans une petite ville près de Port-de-Paix, au nord d'Haïti.
« La communauté internationale s’est engagée auprès d’Haïti; pour cela, les autorités haïtiennes doivent s’attacher à promouvoir un consensus national non seulement sur la sécurité et la stabilité politiques, mais aussi sur la création de bases solides pour le développement économique et social », a déclaré jeudi Jose Urbina Ortega, représentant permanent du Costa Rica et chef de la mission que le Conseil de sécurité a menée en Haïti du 11 au 14 mars.

« La communauté internationale s'est engagée auprès d'Haïti; pour cela, les autorités haïtiennes doivent s'attacher à promouvoir un consensus national non seulement sur la sécurité et la stabilité politiques, mais aussi sur la création de bases solides pour le développement économique et social », a déclaré jeudi Jose Urbina Ortega, représentant permanent du Costa Rica et chef de la mission que le Conseil de sécurité a menée en Haïti du 11 au 14 mars.

Selon lui, « l'amélioration de la sécurité en Haïti tient largement à la professionnalisation de la police haïtienne (PNH), facilitée par le soutien que lui apporte depuis cinq ans la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). » Ces progrès se reflètent dans la baisse de la criminalité et la confiance croissante que la population manifeste dans sa police.

La mission du Conseil de sécurité a pu vérifier sur le terrain les progrès réalisés dans la lutte contre la violence communautaire. Ces progrès, a affirmé M. Urbina, ont été rendus possibles grâce des programmes à haute intensité de main-d'œuvre et à des projets à impact rapide.

La mission du Conseil de sécurité a reçu des informations sur le dialogue politique et le processus électoral de la part du Premier Ministre, Michèle Duvivier Pierre-Louis, du Président René Préval, ainsi que du Coordonnateur des cinq commissions mises en place par le Président pour recevoir les commentaires et doléances des partis et de la société civile sur les réformes à entreprendre. De l'avis de M. Urbina, les interlocuteurs étaient d'accord sur la nécessité de réformes profondes du pouvoir, même s'il existe des différences d'appréciation.

« Les multiples échéances électorales à venir vont se traduire par une grande agitation, avec huit scrutins en 36 mois », a observé M. Urbina. La Commission électorale s'est engagée auprès de la mission du Conseil à garantir des élections libres et justes qui n'écartent pas l'un des plus importants partis politiques.

« La mission du Conseil de sécurité a pu constater la faiblesse du système institutionnel haïtien », a déclaré M. Urbina, qui a cité en exemple l'incapacité de l'État à assurer une éducation à plus de 10% des étudiants inscrits qui, a-t-il précisé, ne représentent pourtant eux-mêmes qu'une faible proportion de la population en âge d'être scolarisée. « En outre, a-t-il ajouté, l'État n'a aucun contrôle sur la qualité ou le contenu des programmes scolaires dans le secteur privé, qui représente une part importante de l'enseignement.

« Les membres de la mission ont pu prendre connaissance des plans intégrés du gouvernement haïtien pour mieux gérer ses frontières et la perméabilité de celles-ci », a expliqué M. Urbina. Ils ont encouragé les autorités nationales à poursuivre le renforcement du contrôle douanier, afin d'augmenter les ressources fiscales de l'État. « Ils ont aussi pu constater le manque de capacité de l'État haïtien pour contrôler ses eaux territoriales et ses frontières maritimes. Les patrouilles de la MINUSTAH, désormais dotée de navires de patrouille, devraient contribuer à améliorer la situation mais ces mesures doivent être complétées par des mesures prises au niveau régional », a-t-il fait remarquer.

En ce qui concerne le renforcement de l'État de droit et les droits de l'homme, les conversations des membres de la mission du Conseil avec divers responsables ont clairement mis en lumière la priorité accordée par Haïti au renforcement de la PNH, jugé essentiel pour assurer la sécurité.

« Les membres de la mission du Conseil ont assisté à l'inauguration de l'école de la magistrature alors que d'importants textes concernant le pouvoir judiciaire viennent d'être adoptés », a déclaré M. Urbina. Il a toutefois rappelé que le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire n'est toujours pas en place et qu'il faut renforcer, entre autres, les droits des citoyens et améliorer le sort des détenus provisoires. Les autorités haïtiennes ont souligné le respect des droits civils et politiques, notamment la liberté d'expression, dans le pays auprès des membres de la mission du Conseil mais ces derniers se sont en revanche dits préoccupés de la situation en matière de droits économiques et sociaux dans le pays, liés au développement social et économique.

La délégation du Conseil a pu observer les dégâts causés par les ouragans dévastateurs d'août-septembre 2008, notamment aux Gonaïves. Elle a visité un projet à haute intensité de main d'œuvre destiné à renforcer la protection contre les inondations. Le représentant du Japon a exprimé durant la visite sa préoccupation face à la baisse de la productivité agricole dans un pays où la production couvre à peine 48% des besoins de la population.

S'agissant du développement social et économique de l'île, M. Urbina a expliqué que le fait que 80% de la population vivait avec moins de deux dollars par jour et 50% avec moins d'un dollar était incompatible avec les objectifs de développement à court terme. La tenue prochaine de la conférence des bailleurs de fonds à Washington est perçue comme un moyen de mobiliser l'aide internationale en faveur de la reconstruction d'Haïti, a souligné le représentant.