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Ibrahim Gambari : La médiation avec le Myanmar est un processus méticuleux

Ibrahim Gambari : La médiation avec le Myanmar est un processus méticuleux

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En réponse à ceux qui lui reprochent l’absence de progrès dans sa mission de bons offices au Myanmar, le conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU, Ibrahim Gambari, estime que cette mission est un processus méticuleux, dont les progrès sont lents et non pas spectaculaires.

En réponse à ceux qui lui reprochent l'absence de progrès dans sa mission de bons offices au Myanmar, le conseiller spécial du Secrétaire général de l'ONU, Ibrahim Gambari, estime que cette mission est un processus méticuleux, dont les progrès sont lents et non pas spectaculaires.

« Le rôle de bons offices du Secrétaire général est un processus, pas un événement. On ne peut pas les juger sur quelques visites. C'est un progrès cumulatif. Et le Secrétaire général n'a pas le pouvoir d'obliger les autorités à faire le bon choix. Il ne peut que les persuader, les encourager et c'est ça notre travail », explique M. Gambari dans un entretien au Centre d'actualités de l'ONU.

Il regrette que de nombreuses personnes ne comprennent pas le rôle de ces bons offices. « Dans mon cas, ils sont autorisés par l'Assemblée générale et non pas par le Conseil de sécurité. On ne peut pas aller au Myanmar sans y être invité par le gouvernement ; le programme ne dépend pas que de nous ; il faut en appeler au pays, user de persuasion et d'encouragement, se reposer sur les pays voisins, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et tous ceux qui ont une influence sur les deux parties. C'est ça qu'on essaie de faire et ça prend du temps », estime-t-il.

« On ne comprend pas toujours dans certains cercles que c'est un processus méticuleux. On ne peut pas se concentrer sur une seule question quelle que soit son importance. Il faut prendre contact avec les autorités de façon de plus large afin qu'elles travaillent à vos objectifs. Il faut aussi leur apporter de la part de la communauté internationale l'aide qui les intéresse et dont elles ont besoin », ajoute-t-il.

Ibrahim Gambari est rentré récemment d'une visite au Myanmar. Il se félicite de l'annonce par le gouvernement de la libération de 6.000 prisonniers, dont 23 prisonniers politiques. « J'ai suggéré aux autorités du Myanmar de profiter de la période entre mon départ et mon exposé au Conseil de sécurité, au Groupe des amis, à la prochaine réunion de l'ASEAN, pour envoyer des signaux positifs de nature à susciter une réaction positive de la part de la communauté internationale sur la situation dans le pays. Je crois que le message est en train de passer ».

Concernant ses relations de travail avec les autorités du Myanmar et l'opposante Aung San Suu Suu Kyi, il note que les autorités continuent à l'inviter, alors que dans le passé, son prédécesseur Razali Ismail « n'a pas été autorisé à entrer dans le pays pendant deux ans et demi ». « Ma dernière visite en date était ma septième depuis que j'ai pris ce dossier en charge. Et au cours de trois des sept visites j'ai rencontré le général en chef Than Swe lui-même, tandis que j'ai rencontré le Premier ministre à chaque fois », souligne-t-il.

« Par ailleurs, l'opposition a fait savoir publiquement qu'elle se félicitait du rôle de bons offices du Secrétaire général ainsi que de mon propre engagement. Même lorsqu'ils ont été frustrés par le fait que les résultats n'étaient pas assez rapides ou probants, ils ont fait savoir qu'ils s'en félicitaient. Et j'ai rencontré Daw Aung San Suu Kyi à chaque visite, à part une fois, en août dernier. Au cours de certaines visites je l'ai rencontré deux fois. Nous avons eu de très bonnes et franches discussions », ajoute-t-il. « Je suis après tout la seule voix et sa seule fenêtre vers le monde. Je suis probablement encore le seul étranger à avoir été autorisé à rencontrer Daw Aung San Suu Kyi au cours des quatre dernières années au moins. A cet égard, je suis en mesure de rapporter son opinion sur tel ou tel point. Je remplis le rôle de médiation qui est de transmettre ses positions au gouvernement et réciproquement, parce, malheureusement, ils ne se sont pas rencontrés. » Une de ses priorités est de « de relancer ce dialogue dès que possible », dit-il.

Selon Ibrahim Gambari, le dossier du Myanmar est difficile en raison des attentes toujours très élevées à chacune de ses visites : « Nous devons gérer les attentes afin que cela soit vu comme un processus et pas un événement. Bien que le processus ne soit pas une fin en soi, il doit conduire à des résultats tangibles et vers l'objectif que nous partageons tous, à savoir un Myanmar prospère, uni, pacifique et démocratique dans le respect des droits de l'homme de sa population. Le défi est d'avoir une approche commune des progrès, et de ce qu'il faut faire pour le réaliser ».