L'UNESCO condamne les meurtres de journalistes au Pakistan, en Inde et au Mexique
M. Matsuura a condamné les meurtres des journalistes pakistanais Abdul Razzak Johra, de la chaîne de télévision Royal TV, le 3 novembre, et de Qari Mohammad Shoaib, des journaux Azadi et Khabar Kar, le 8 novembre.
« Le travail journalistique d'Abdul Razzak Johra sur la criminalité lui a coûté la vie, ce qui témoigne du lien direct entre liberté d'expression et Etat de droit. Des erreurs tragiques telles que celle qui ont vraisemblablement causé la mort de Qari Mohammad Shoaib attestent également la nécessité de préserver l'Etat de droit », a dit le directeur général de l'UNESCO.
Selon l'Union fédérale des journalistes pakistanais (PFUJ), Abdul Razzak Johra, âgé de 45 ans, aurait été traîné de force hors de son domicile par six hommes armés, avant d'être exécuté le 3 novembre. Apparemment, il enquêtait sur des crimes liés à la drogue. Les auteurs de son meurtre pourraient être des trafiquants de drogue locaux.
Qari Mohammad Shoaib a été abattu par les forces de sécurité à Mingora, dans la vallée de Swat (nord-ouest du pays), cinq jours plus tard. Il n'aurait pas obéi à un ordre lui enjoignant de stopper son véhicule. Selon le PFUJ, les forces de sécurité ont reconnu que Shoaib avait été tué par erreur.
Le directeur général de l'UNESCO s'est également dit inquiet « des informations faisant état d'une augmentation des enlèvements de journalistes nationaux et étrangers, ainsi que des attaques perpétrées contre ces derniers au Pakistan. Je suis persuadé que les autorités ne ménageront aucun effort pour défendre le droit des médias à exercer leur métier, au service de la société dans son ensemble ».
Motoki Yotsukura, chef du bureau d'Islamabad du quotidien japonais Asahi Shimbun, et Sami Yousufzai, correspondant du magazine américain Newsweek, ont été gravement blessés en échappant à une tentative d'enlèvement à Peshawar le 14 novembre.
Le sort de Khadija Abdul Qahar, journaliste canadienne qui auparavant portait le nom de Beverly Giesbrecht, et éditrice d'un magazine en ligne (http://www.jihadunspun.com), suscite également beaucoup d'inquiétude. L'Union fédérale des journalistes pakistanais a déclaré qu'elle avait été enlevée le 11 novembre en compagnie de son guide et de son interprète, tous deux pakistanais, alors qu'elle se rendait en taxi à Miramshah, dans la zone tribale du Nord-Waziristan, frontalière de l'Afghanistan.
Selon la Fédération internationale des journalistes, sept journalistes ont été tués au Pakistan cette année.
M. Matsuura a aussi condamné le meurtre du chroniqueur judiciaire mexicain Armando Rodríguez, perpétré à Ciudad Juárez (Mexique), et réclamé l'amélioration des conditions de sécurité des journalistes dans le pays.
« L'assassinat de sang-froid du chroniqueur judiciaire chevronné Armando Rodríguez met en lumière le lien, reconnu de longue date, entre liberté d'expression et Etat du droit. Il faut mettre fin à la campagne criminelle impitoyable menée actuellement contre les médias au Mexique. Je suis convaincu que les pouvoirs publics mettront tout en uvre pour élucider ce crime et traduire les coupables en justice », a déclaré M. Matsuura.
Armando Rodríguez, 40 ans, a été abattu par des tireurs non identifiés le 13 novembre au matin. Chroniqueur judiciaire pour le quotidien local El Diario, celui-ci se trouvait dans le garage de son domicile, au volant de sa voiture, lorsqu'il a été assassiné. Sa fille, assise à côté de lui, est indemne.
Selon la presse, Ciudad Juárez, située en face d'El Paso (Texas), a été touchée par une vague de violence liée au milieu de la drogue qui a fait plus de 1 000 victimes cette année. D'après le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), 24 journalistes – en comptant Armando Rodríguez – ont été tués au Mexique depuis 2000. Sept autres ont disparu depuis 2005.
Enfin, Koïchiro Matsuura, a condamné le meurtre de Jagajit Saikia, perpétré le 22 novembre dans l'État indien de l'Assam. Les faits se sont déroulés dans une région en proie à des troubles.
« Le statut de civil des journalistes travaillant en zone de conflit doit être respecté. Le droit fondamental qu'est la liberté d'expression et le droit du grand public d'être informé de la situation en cours dans les zones de troubles sont essentiels pour la démocratie et l'Etat de droit », a dit M. Matsuura.
Jagajit Saikia, correspondant du quotidien en assamais Amar Asom, a été abattu par un groupe d'hommes armés. Il se rendait à moto à son domicile après le travail et circulait dans un quartier commerçant et animé de la ville de Kokrajhar.
Selon la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Jagajit Saikia est le deuxième journaliste tué dans le Nord-Est de l'Inde depuis la mi-novembre. Rien que dans l'Assam, 16 journalistes ont été assassinés depuis 1991.