
Il faudra entre 25 et 40 milliards de dollars par an pour compenser des années d'abandon du secteur agricole dans le monde et éviter de nouvelles famines, a prévenu vendredi le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, devant l'Assemblée générale.
« Il faut inverser des années de sous-investissement dans l'agriculture et changer les politiques qui ont accru les problèmes », a déclaré le Secrétaire général lors d'une réunion de l'Assemblée générale sur la crise alimentaire et énergétique mondiale.
Ban Ki-moon a exhorté les Etats Membres à accroître immédiatement l'aide publique afin de répondre aux besoins de ceux qui souffrent de la faim, à savoir au moins 800 millions de personnes, alors que l'accroissement de 50% du coût de la nourriture cette année menace d'augmenter ce chiffre de 100 millions de personnes supplémentaires.
Avant la crise alimentaire, 10.000 enfants mouraient chaque jour de causes liées à la malnutrition. « C'est une honte », a déploré le Secrétaire général.
Ban Ki-moon a salué une initiative annoncée par la Commission européenne visant à créer un nouveau fonds spécial de 1,5 milliard de dollars pour une réponse rapide à la crise alimentaire. Ce fonds viendra s'ajouter aux fonds de développement existants et sera coordonné avec le Groupe de travail des Nations Unies sur la crise alimentaire.
Le Secrétaire général a présenté à cet égard les principales propositions de ce Groupe regroupées dans un « Cadre d'action global », qu'il a décrit non pas comme un plan adapté à toutes les situations mais comme un « menu d'actions » qui doivent être adaptées aux besoins de chaque pays.
Parmi ces mesures, il a notamment évoqué l'accroissement de l'assistance alimentaire, alors que la part de l'aide publique dans ce domaine est passée de 18% il y a 20 ans à 3% aujourd'hui. Ban Ki-moon a souhaité que ce chiffre repasse à au moins 10%.
Il a appelé une fois de plus le G8, à savoir les huit pays les plus riches de la planète (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie et Etats-Unis), à « respecter l'engagement qu'ils ont pris en 2005 au sommet de Gleneagles ». Ces derniers avaient promis de porter l'aide publique au développement à 50 milliards de dollars d'ici à 2010.
Il a aussi appelé à accroître la production alimentaire, en aidant notamment les 450 millions de petits agriculteurs sur lesquels comptent un tiers de la population mondiale.
Du point de vue commercial, il a appelé à la liberté des marchés, à la réduction des subventions agricoles dans les pays du G8, à la limitation des restrictions aux exportations alimentaires dans tous les pays.
Enfin, il a souhaité que les Etats Membres réévaluent leurs politiques d'incitation à la production de biocarburants.
« Le coût de l'inaction serait terriblement élevé », a-t-il prévenu. En effet, en 2030, la demande alimentaire mondiale devrait s'accroître de 50% et en 2050 la population mondiale s'accroîtra d'un tiers.