Crise alimentaire : Réunion spéciale du Conseil économique et social

« C’est maintenant qu’il faut agir », a déclaré le président de l’ECOSOC, M. Léo Mérorès (Haïti). « Alors même que nous poursuivons l’action engagée pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015, nous devons impérativement apporter une réponse efficace et globale à la crise alimentaire mondiale », a-t-il souligné.
Il a également mis l’accent sur la nécessité de répondre à la fois aux « besoins humanitaires immédiats », et de « garantir une offre de produits alimentaires suffisante pour l’avenir, en accroissant dès aujourd’hui la production agricole ».
Les États Membres se sont en particulier attachés à identifier des mesures d’urgence et concertées pour contrer cette catastrophe humanitaire qui menace des centaines de millions de personnes, faire baisser les prix et renforcer la sécurité alimentaire des populations les plus vulnérables.
Si le président de l’Assemblée générale, Srgjan Kerim et d’autres intervenants ont estimé que les causes de cette crise s’expliquent par la hausse des prix du pétrole, les effets des changements climatiques ou la popularité croissante des biocarburants, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Asha-Rose Migiro, a, quant à elle, également fustigé la « négligence » et l’« inefficacité » de l’homme.
Le président du Malawi, M. Bingu Wa Mutharika, a assuré qu’il est possible de produire assez de denrées alimentaires au niveau mondial pour nourrir toute la population de la planète. Il a engagé la communauté internationale à envisager de réorganiser l’aide alimentaire afin qu’elle comprenne des investissements dans la production agricole.
Selon lui, il importe de se concentrer sur la productivité agricole des petits agriculteurs car une agriculture à grande échelle demeure inefficace dans les pays n’ayant pas beaucoup de terre.
De nombreux orateurs ont également jugé essentiel de mettre en place des règles justes en matière de commerce agricole international.
Le président du Brésil, M. Luiz Inacio Lula Da Silva a ainsi souligné la nécessité de conclure avec succès les négociations commerciales de Doha afin de stimuler le développement agricole.
Pour le Premier ministre du Royaume-Uni, M. Gordon Brown, la poursuite des politiques de subventions agricoles par les pays les plus riches est inacceptable. Il faut aller plus loin dans les réformes agricoles, a-t-il dit, précisant que la crise alimentaire serait au cœur du prochain Sommet du G-8.
La Secrétaire d’État chargée des affaires étrangères et des droits de l’homme de la France, Mme Rama Yade, a préconisé, quant à elle, la mise en place d’un partenariat mondial pour l’agriculture et l’alimentation, destiné à mobiliser la communauté internationale et l’ensemble des acteurs du développement agricole et de l’aide alimentaire. Ce partenariat regrouperait l’ONU, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et de nombreuses autres organisations économiques, banques, agences de développement et centres de recherche.
Cette réunion spéciale de l’ECOSOC, qui se poursuivra aujourd’hui au siège de l’ONU, était la première d’une série d’événements majeurs visant à s’attaquer à la crise alimentaire mondiale, dont la réunion de haut niveau qui se tiendra à Rome, du 3 au 5 juin prochain.