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Afrique de l&#39Ouest : l&#39ONUDC s&#39insurge contre le trafic d&#39enfants

Afrique de l&#39Ouest : l&#39ONUDC s&#39insurge contre le trafic d&#39enfants

Dans un discours devant les experts sur la traite des enfants réunis à Abidjan, en Côte d&#39Ivoire, Antonio Maria Costa, directeur exécutif de l&#39Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, a exhorté les pays à réduire la vulnérabilité des plus jeunes en Afrique de l&#39Ouest et du Centre.

« Comment l'Afrique peut penser à construire un avenir prospère et un environnement de paix si sa jeunesse est exploitée, terrorisée, soumise à l'esclavage ? », a demandé hier Antonio Maria Costa, dans son discours devant les participants à la réunion sur la traite des enfants et les conflits, organisée par UN.GIFT du 26 au 28 novembre.

Il a ajouté que si la traite des personnes était une problématique globale, elle était particulièrement virulente en Afrique de l'Ouest. Et les enfants livrés à eux-mêmes, souffrant de la pauvreté et ne recevant aucune éducation sont particulièrement vulnérables dans les situations de conflit et de post-conflit, a-t-il expliqué.

S'insurgeant contre l'enrôlement des enfants lors des conflits, le directeur exécutif de l'ONUDC a souligné que le traitement de la toxicomanie devait faire partie intégrale des programmes de réhabilitation post-conflit, car ces enfants sont souvent drogués.

Il a aussi regretté que les filles touchées par les conflits reçoivent moins d'attention que les garçons, alors qu'elles sont doublement vulnérables. Elles sont victimes d'abus sexuels, et bénéficient rarement des programmes de réhabilitation, a-t-il déploré.

« Nous devons tout faire pour traduire en justice les criminels responsables de violences sexuelles contre les femmes et les enfants en temps de guerre ainsi que ceux qui recrutent des enfants », a-t-il insisté, avant de rappeler que la traite des personnes devrait figurer « de façon proéminente » parmi la liste des crimes pour lesquels les chefs de guerre africains doivent être tenus pour responsables.

Le système judiciaire doit être renforcé afin d'assurer les malfaiteurs à la justice criminelle et il faut assurer protection aux témoins afin qu'ils puissent collaborer avec la justice, a-t-il expliqué.

Il a par ailleurs souligné que les Nations Unies devaient continuer à appliquer une politique de « zéro tolérance » vis-à-vis des casques bleus compromis dans des affaires d'abus sexuel et d'exploitation.

Dans son discours, Antonio Maria Costa n'a pas oublié d'exhorter les entreprises qui font des affaires en Afrique à abandonner les pratiques susceptibles de faciliter la traite humaine. Il a aussi appelé les consommateurs à adopter un comportement plus responsable : « voulons nous vraiment manger du chocolat, rouler sur des pneus, porter des diamants tachés du sang et de la sueur de l'esclavage ? », a-t-il lancé.

Le directeur exécutif a par la suite rappelé les instruments dont s'est dotée la communauté internationale, en commençant par le Protocole des Nations Unies contre la traite. Le Plan d'Action CEDEAO/CEEAC et le Plan de Ouagadougou sont aussi « des plans excellents », a-t-il affirmé, « mais maintenant il faut passer à l'action ».

Les victimes doivent aussi pouvoir regagner leur dignité et se réintégrer dans la société; « il faut qu'ils puissent trouver compensation aux peines qu'ils ont soumises », a expliqué Antonio Maria Costa, qui a également recommandé d'améliorer la coopération policière régionale pour assurer une persécution sans frontières des criminels. « Il faut renforcer les système de contrôle et de supervision basés sur les mécanismes prévus dans la résolution 1612 (2005) du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les enfants soldat », a-t-il lancé.

Il a enfin encouragé les gouvernements à collecter les données sur les cas de trafic.