L'actualité mondiale Un regard humain

&#39L&#39AIEA gravement sous-financée&#39, regrette son directeur devant l&#39Assemblée générale

&#39L&#39AIEA gravement sous-financée&#39, regrette son directeur devant l&#39Assemblée générale

Mohamed ElBaradei
Plaidant pour le développement du nucléaire civil et pour l&#39intensification des opérations de vérification, le chef de l&#39agence des Nations Unies pour l&#39énergie atomique a qualifié aujourd&#39hui « d&#39intenable » le sous-financement de cette institution.

« Il existe trois facteurs qui expliquent l'intérêt renouvelé de la communauté internationale vis-à-vis de l'énergie nucléaire: la croissance de la demande énergétique, les préoccupations de plus en plus nombreuses en ce qui concerne la sécurité énergétique et les défis des changements climatiques », a rappelé aujourd'hui le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) lors d'une séance de l'Assemblée générale à New York.

Ce dernier y présentait son dernier rapport annuel (dépêche du 17.09.2007).

« Il existe actuellement 439 réacteurs opérationnels dans 30 pays », a indiqué Mohamed ElBaradei, « qui fournissent un peu plus de 15% de l'énergie mondiale ». La moitié d'entre eux se trouvent dans des pays en développement. Parallèlement à l'accroissement de l'intérêt pour l'énergie nucléaire, l'AIEA a expérimenté une forte hausse dans la demande d'assistance. Elle apporte désormais son expertise à 77 États Membres, dont 29 envisagent l'énergie nucléaire comme une option potentielle.

S'agissant de l'innovation technologique, Mohamed ElBaradei a fait valoir que le Projet international sur les réacteurs nucléaires et les cycles du combustible nucléaire innovants était en train d'envisager des collaborations sur des questions spécifiques qui méritent d'être prises en compte pour des raisons économiques, de sûreté et de prolifération.

Évoquant la question de la vérification, le directeur de l'AIEA a rappelé que le Protocole additionnel au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) élargit la capacité de l'Agence à obtenir l'accès aux installations nucléaires et à tirer des conclusions crédibles concernant non seulement la nature pacifique du programme national déclaré, mais aussi l'absence d'installations nucléaires non déclarées.

Mais jusqu'à présent, à peine plus de la moitié des 162 États ayant mis en place des Accords de garanties ont mis en ?uvre le Protocole additionnel. Le directeur général a estimé que c'était loin d'être satisfaisant, puisque plus de 100 États n'avaient pas signé les Protocoles additionnels et que 31 États parties au TNP n'avaient même pas mis en ?uvre les Accords de garanties généralisées avec l'Agence.

Or, sans ces Accords, l'AIEA n'est pas en mesure de vérifier les activités nucléaires des pays concernés, a-t-il insisté.

En ce qui concerne la République populaire démocratique de Corée (RPDC), Mohamed ElBaradei a rappelé qu'une équipe s'était rendue en juin dans ce pays pour discuter avec les autorités de la mise sous scellés des installations nucléaires de Yongbyon, qui ont été effectivement fermées le 17 juillet, comme ont pu le vérifier les inspecteurs.

En Iran, l'AIEA a pu vérifier le non-détournement de matériaux nucléaires déclarés dans le pays, le gouvernement ayant continué à offrir l'accès et à donner les informations nécessaires pour permettre à l'Agence de mener à bien sa vérification.

Par ailleurs, l'Iran a remis à l'Agence des informations additionnelles et l'accès nécessaire au règlement d'un certain nombre de questions en suspens, comme l'étendue et la nature de ses expériences à partir du plutonium. Cependant, en contrariété avec les résolutions du Conseil de sécurité, par lesquelles il avait appelé l'Iran à adopter certaines mesures de confiance, Téhéran n'a pas suspendu ses activités d'enrichissement d'uranium et a poursuivi la construction de son réacteur à eau lourde d'Arak, a regretté le directeur général.

Bien que l'AIEA n'ait pas été en mesure de vérifier certains aspects importants de l'étendue et de la nature du programme nucléaire iranien, l'Iran et le secrétariat de l'Agence ont toutefois conclu en août dernier un plan de travail afin de résoudre toutes les questions de vérification en suspens.

Si l'Agence était en mesure de fournir une assurance crédible quant à la nature pacifique des programmes nucléaires actuels et passés de l'Iran, cela constituerait une mesure significative de rétablissement de la confiance et permettrait de réunir les conditions d'une solution globale et durable, a-t-il ajouté.

Mohamed ElBaradei a ensuite déclaré que l'Agence était sous-financée, ce qui pourrait porter atteinte à sa capacité à mener à bien ses activités. Pour remédier à cette situation qu'il a qualifiée d'« intenable », il a chargé le secrétariat de rédiger une évaluation prévisionnelle du budget pour la prochaine décennie et a dit son intention d'établir un groupe d'experts de haut niveau pour examiner ce rapport et fournir des directives concernant les niveaux de financements requis et les mécanismes adaptés.

Enfin, 50 ans après l'Initiative « Des atomes pour la paix », le directeur général a estimé que l'heure était venue d'élaborer un nouveau cadre de travail pour l'utilisation de l'énergie nucléaire, qui devrait inclure les volets suivants: un développement technologique robuste et des innovations dans les applications et l'énergie nucléaires, un nouveau cadre multinational pour le cycle de combustibles, l'application universelle des Accords de garantie et du Protocole additionnel comme norme de la vérification nucléaire, la reconnaissance du lien entre non-prolifération et désarmement et par conséquent le besoin de faire des progrès vers le désarmement nucléaire, un régime de sûreté nucléaire international robuste et un financement adéquat de l'AIEA.