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Ouganda : le gouvernement également perçu comme responsable des souffrances de la guerre civile

Ouganda : le gouvernement également perçu comme responsable des souffrances de la guerre civile

Un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l&#39homme publié aujourd&#39hui indique que la population du nord de l&#39Ouganda considère que le gouvernement partage la responsabilité de la situation avec l&#39Armée de Résistance du Seigneur (Lord&#39s Resistance Army, LRA).

«Les communautés tiennent pour responsables à la fois l'Armée de Résistance du Seigneur et le gouvernement des maux, des traumatismes, de la négligence et d'autres violations des droits dont elles ont souffert, et elles pensent qu'ils devraient en répondre », indique un communiqué publié aujourd'hui à Genève.

Le rapport a pour objectif de faire entendre les voix des victimes et de contribuer aux discussions en cours sur les abus, les violations des droits et l'inégalité socio-économique qu'a connus le pays, en particulier au regard des négociations de paix de Juba qui ont conduit à la cessation des hostilités entre les autorités et la LRA, le 26 août 2006.

Au moment de la signature de l'accord de Juba, après vingt ans de guerre civile, l'ONU avait estimé que le conflit avait fait plus de 100.000 morts et entraîné le déplacement de 2 millions de personnes, tandis que 25.000 enfants soldats avaient été pris en otage et enrôlés de force.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l'époque, Jan Egeland, n'avait pas hésité à parler de « l'une des pires urgences humanitaires au monde » (dépêche du 29.08.2006).

Le rapport étudie la perception des victimes sur les thèmes de la responsabilité, la réconciliation et la justice de transition.

Si les opinions sont très partagées, une grande majorité de la population estime que le gouvernement a failli à son devoir de protéger la population, face aux atrocités commises par le LRA et son chef, Joseph Kony.

Elle le tient donc également responsables de ses souffrances.

De nombreuses personnes interrogées ont conclu sur la nécessité d'adopter un mécanisme de justice qui prenne en compte les différents types de souffrance infligés par les différents niveaux de pouvoir, autorités comme armée de résistance.

S'il est clair que le souhait d'empêcher l'impunité est partagé par les différentes communautés touchées par le conflit, les perceptions varient quant aux vertus que représentent l'amnistie, la justice pénale nationale, la Cour pénale internationale (CPI) ou les pratiques locales et traditionnelles.

L'enquête a été effectuée de janvier à juin 2007 auprès de 1.725 victimes du conflit dans 69 groupes sélectionnés dans les régions d'Acholiland, de Lango et de Teso.

Ces entretiens ont été complétés par la collaboration de 39 informateurs-clés afin de pouvoir donner une interprétation culturelle des opinions recueillies.