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Iraq/Afghanistan : nouveaux assassinats de journalistes

Iraq/Afghanistan : nouveaux assassinats de journalistes

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Le Directeur général de l&#39Organisation des Nations Unies pour l&#39éducation, la science et la culture (UNESCO), Koïchiro Matsuura, a condamné aujourd&#39hui le meurtre de quatre journalistes en Iraq et de deux journalistes afghanes.

Il a notamment exprimé aujourd'hui sa grande inquiétude face à « l'augmentation dramatique » du nombre de journalistes assassinés en Iraq ces derniers jours, selon un communiqué publié à Paris.

Après les meurtres d'Aidan Abdallah Al-Jamiji, Mahmud Hassib Al-Kassab, Abdel-Rahman Al-Issawi et Nizar Al-Radhi, le Directeur général a déclaré que « leur seul tort était d'avoir eu le courage d'exercer ce droit de l'homme fondamental qu'est la liberté d'expression ».

« Je salue ces courageux professionnels dont le travail est essentiel pour la reconstruction de l'Iraq en tant que démocratie. Je veux également dénoncer les assassins qui, par leurs crimes odieux, sapent toute la société iraquienne », a-t-il ajouté.

« Face à l'augmentation dramatique du nombre de journalistes et employés des médias abattus en Iraq ces derniers jours, je ne peux qu'appeler, une fois encore, les autorités iraquiennes et internationales à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à ces tueries ».

Selon Reporters sans frontières, le corps d'Aidan Abdallah Al-Jamiji, chef des services en turkmène de la télévision de Kirkouk, a été retrouvé le 26 mai dans le coffre de sa voiture qui avait été incendiée et abandonnée près du cimetière de Kirkouk, à 250 km au nord de Bagdad.

Toujours à Kirkouk, Mahmud Hassib Al-Kassab, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Al-Hawadith et membre de l'Inkad Al-Turkman (Mouvement du salut turkmène) a été abattu devant son domicile le 28 mai.

Abdel-Rahman Al-Issawi, âgé de 34 ans, professeur de journalisme à l'Université de Bagdad et collaborateur de nombreux journaux, a été tué avec sept membres de sa famille, dont sa femme, son fils et ses parents, par des hommes armés qui ont pris d'assaut le 29 mai sa maison près de Fallujah.

Nizar Al-Radhi, âgé de 38 ans, employé de l'agence de presse indépendante Aswat Al-Irak (Voix d'Iraq) et correspondant de Radio Free Iraq, a été abattu, et plusieurs de ses collèges blessés, par trois inconnus qui ont ouvert le feu sur tout un groupe de journalistes à Asmara (365 km au sud de Bagdad).

Selon le Comité de protection des journalistes, au moins 140 journalistes et 39 employés des médias ont été tués en Iraq au cours des quatre dernières années.

En Afghanistan, ce sont deux journalitses qui ont été assassinées de sang froid : Zakia Zaki, fondatrice d'une des premières radios communautaires gérées par des femmes en Afghanistan, Radio Sada-e-Sulh (Paix) de Jabalussaraj, et la journaliste de télévision, Shokiba Sanga Amaaj, tuée chez elle le 1er juin.

« Je suis profondément attristé par la mort de ces femmes pionnières et je condamne leurs meurtres », a déclaré le Directeur général.

« Ces crimes sont particulièrement choquants parce qu'ils minent ce droit humain fondamental qu'est la liberté d'expression mais aussi parce qu'ils portent atteinte au droit des femmes à exercer une profession qui est vitale pour la reconstruction de l'Afghanistan. »

Selon les informations en provenance d'Afghanistan, Zakia Zaki a été tuée chez elle dans la nuit du 5 au 6 juin devant son enfant en bas-âge. En ce qui concerne Shokiba Sanga Amaaj, également tuée chez elle à Kaboul, un suspect aurait été arrêté. Cette journaliste âgée de 22 ans était reporter et présentatrice de la télévision privée en langue pachto Shamshad TV.

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a suggéré que Zakia Zaki a pu être tuée juste parce qu'elle représentait « une figure emblématique du journalisme dans un milieu qui reste encore hostile au travail des femmes ».

Dans le film documentaire If I stand up*, produit en 2005 par un groupe de femmes afghanes dans le cadre d'un projet soutenu par l'UNESCO, Zakia Zaki déclarait : « J'ai créé la première radio de femmes indépendante en Afghanistan. Tout début est difficile mais je surmonte les obstacles [?] On a commencé à émettre à partir de Jabalussaraj du temps des Talibans [?] Nous travaillons aussi bien avec des hommes ou des femmes car si les hommes respectent le point de vue des femmes, les frères celui des s?urs, les maris celui des épouses, les pères celui de leurs filles, alors les droits des femmes peuvent devenir réalité. »

Le tournage de ce film a servi d'apprentissage au premier groupe de journalistes afghanes formées à la production télé et documentaire, dans le cadre d'une collaboration avec l'ONG Aïna.