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Banque mondiale : les engagements du G-8 envers l&#39Afrique ont pris du retard

Banque mondiale : les engagements du G-8 envers l&#39Afrique ont pris du retard

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Deux ans après s&#39être engagés à doubler le montant de l&#39aide à l&#39Afrique et à ouvrir de nouveaux marchés aux exportations africaines, les pays bailleurs de fonds tardent à accomplir leurs promesses, a estimé la Banque mondiale, à la veille de la réunion du G-8 qui aura lieu à Heiligendamm (Allemagne) du 6 au 8 juin.

« Il apparaît à ce stade que, à l'exception de la réduction de la dette, les pays africains n'ont pas concrétisé les avantages promis au sommet du G 8 qui s'est tenu il y a deux ans, durant l'Année de l'Afrique », a déclaré John Page, économiste en chef de la Banque mondiale pour la Région Afrique, dans un communiqué publié à Washington.

Alors que les perspectives économiques de l'Afrique figurent en bonne place à l'ordre du jour du G-8, la Banque mondiale a noté qu'en dépit du sommet de Gleneagles, en 2005, où les pays-membres du Groupe se sont engagés à porter l'aide au développement à l'Afrique à 50 milliards de dollars à l'horizon 2010, l'assistance étrangère aux programmes de développement est pour l'essentiel demeurée stationnaire dans de nombreux pays africains.

Dans le même temps, les atermoiements des négociations du cycle de Doha de l'Organisation mondiale du commerce ont également déçu.

« En quarante ans, de nombreux pays bailleurs de fonds ont intensifié leur appui à des opérations spéciales d'aide humanitaire et à la réduction de la dette, mais malheureusement, cela ne se traduit pas par l'apport de ressources supplémentaires permettant aux pays africains de reconstruire leur infrastructure, de former des enseignants et de lutter contre le VIH/SIDA et le paludisme », a souligna John Page.

Obiageli Ezekwesili, Vice-présidente de la Banque mondiale pour la région Afrique, a relevé que pour leur part, les pays africains donnent de plus en plus souvent l'exemple en faveur d'une amélioration de la gouvernance et, dans de nombreux cas, ont créé un climat sensiblement plus attrayant pour l'investissement.

« Il s'agit moins de savoir si les partenaires africains tiennent leurs promesses que de définir si les riches pays industriels honorent les engagements audacieux qu'ils ont tous pris à Gleneagles », dit-elle.

Si l'aide des bailleurs de fonds tarde à se matérialiser, la Banque mondiale a indiqué que la diminution de la charge de la dette des pays d'Afrique subsaharienne a progressé un peu plus rapidement.

L'allègement multilatéral de la dette entamé par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque africaine de développement aboutira à l'extinction totale d'une dette d'un montant de 50 milliards de dollars en 40 ans.

Depuis l'entrée en vigueur de l'initiative, en juillet 2006, 16 pays africains en ont bénéficié. Dix-sept autres y seront admissibles lorsqu'ils auront mené à terme leurs programmes de réduction de la dette dans le cadre de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés de la Banque mondiale.

Surtout, le retard de l'aide vient s'ajouter à une baisse antérieure de l'assistance à l'Afrique : en dehors de l'allègement de la dette et de l'aide alimentaire d'urgence, l'assistance à l'Afrique subsaharienne a chuté de 2,1 %, en termes réels, de 2004 à 2005.

Selon les estimations du rapport de 2007 de la Banque mondiale sur le financement du développement dans le monde (Global Development Finance), les flux nets d'aide publique et de dette à destination des pays africains ont diminué, passant de 35,8 milliards de dollars en 2005 à 35,1 milliards de dollars en 2006.

Dans les pays africains qui ont affiché un bilan solide en matière de croissance économique et établi la stabilité macroéconomique grâce à des années de réformes, le montant des financements apportés par les bailleurs de fonds à l'appui du développement a peu, ou pas, augmenté.

Bon nombre de ces pays (malgré la croissance récemment enregistrée) ont besoin d'une aide extérieure pour remettre les routes en état, développer le réseau de distribution d'électricité, et améliorer les systèmes d'éducation et de santé.

« Notre priorité absolue à l'heure actuelle est d'aider l'Afrique à multiplier les acquis des cinq dernières années », a déclaré Obiageli Ezekwesili.

« Seules des retombées visibles de la croissance sur le niveau de vie des citoyens peuvent renforcer et garantir leur soutien durable à des gouvernements réformateurs, ce qui exige des ressources financières massives dont le continent ne dispose pas », a-t-elle souligné.