Iraq : 'Jamais dans l'histoire on n'a vu autant de journalistes assassinés', déplore l'UNESCO

« Lors de l'attaque du 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, un employé a été tué et l'équipement a été détruit, obligeant la station Radio Dijla à cesser d'émettre », indique un communiqué publié aujourd'hui à Paris.
« L'assaut qui a coûté la vie au gardien Adel al-Badri n'est qu'une agression parmi beaucoup d'autres commises contre cette radio et son personnel », a déploré Koïchiro Matsuura.
« Des voix indépendantes, comme celle de Radio Dijla, sont nécessaires à la reconstruction d'un Iraq démocratique. Elles sont aussi beaucoup trop vulnérables. J'exhorte les autorités à prendre d'urgence des mesures pour mettre un frein à ces attaques contre les personnes et contre la liberté du peuple iraquien d'exercer ce droit de l'homme fondamental qu'est la liberté d'expression », a dit le directeur de l'UNESCO.
L'agence précise que « le groupe qui a attaqué Radio Dijla le 3 mai était lourdement armé ».
Un gardien de la radio, Adel al-Badri, a été tué et plusieurs autres membres du personnel blessés. Les assaillants ont utilisé des explosifs pour détruire les installations techniques. Le même jour, plusieurs employés de cette radio ont été victimes d'une tentative d'enlèvement alors qu'ils se rendaient à leur travail.
Un autre enlèvement avait eu lieu le 17 mars près de la station : les deux victimes, le présentateur Karim Manhal, et le chauffeur, Thamir Sabri, n'ont pas redonné signe de vie depuis cette date. En décembre 2006, un journaliste de Radio Dijla, Nabil Ibrahim al-Dulaimi, a été abattu par des inconnus. Le Comité pour la protection des journalistes enquête également sur l'enlèvement, le 13 septembre 2006, d'un ancien employé de la station, Muhammad Abdul Rahman.
L'UNESCO a par ailleurs condamné, aujourd'hui également, l'assassinat de trois journalistes du groupe de presse al-Raad et de leur chauffeur, perpétré le 9 mai près de Rashad, au nord de l'Iraq.
Il s'agit de Raad Mutashar, Imad Abdul-Razzaq al-Obeidi, Ageel Abdul-Qader, et de leur chauffeur Nibras Razzaq.
« L'effroyable liste des journalistes et professionnels des médias tombés en Iraq s'allonge encore. Jamais dans l'histoire, on n'a vu autant de journalistes assassinés », a déploré l'UNESCO.
Raad Mutashar, président de l'Union des écrivains de Kirkouk, était le propriétaire du groupe al-Raad qui publie des journaux et des revues. Imad Abdul-Razzaq al-Obeidi et Ageel Abdul-Qader travaillaient pour ce groupe. Selon la Fédération Internationaledes Journalistes (FIJ), ils auraient été extraits de force de leur véhicule, torturés et abattus au sud-ouest de Kirkouk, près de Rashad. Leur chauffeur, Nibras Razzaq, a également été abattu.
Pour la Fédération Internationale des Journalistes, ces quatre derniers meurtres et la mort du photographe russe Dmitry Chebotayev, tué le 6 mai dans une explosion qui visait les soldats nord-américains qu'il accompagnait, portent à plus de 200 le nombre de journalistes ou employés des médias tués en Iraq depuis quatre ans.