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Afghanistan : le Conseil de sécurité appelé à combattre simultanément l&#39implantation des Taliban et du pavot

Afghanistan : le Conseil de sécurité appelé à combattre simultanément l&#39implantation des Taliban et du pavot

Champs de pavot
La séance consacrée à la situation de l&#39Afghanistan aujourd&#39hui au Conseil de sécurité a été dominée par la question de l&#39insécurité qui continue de régner dans le pays et des liens avérés entre les Taliban et le trafic de drogues.

« Le besoin d'une coordination stratégique des efforts politiques, militaires et de développement est plus nécessaire que jamais », a estimé Tom Koenigs, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afghanistan pendant cette séance.

Soulignant qu'une présence militaire internationale renforcée reste nécessaire dans le pays, il a rappelé qu'il s'agissait « de vaincre un ennemi très difficile sur un terrain très difficile ».

La Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) et l'armée afghane ont lancé des opérations de grande ampleur contre les Taliban, a-t-il poursuivi, faisant état de de signes que de plus en plus de groupes d'insurgés sont réceptifs à la main tendue du Gouvernement à condition que les offres de ralliement de celui-ci soient sérieuses.

Le travail de la MANUA doit être un complément efficace à l'action du Gouvernement afghan et à l'action militaire et le Gouvernement afghan doit de son côté prendre à bras le corps la réforme de ministères clefs comme celui de l'intérieur, a-t-il déclaré.

Tom Koenigs a souligné que les efforts contre le trafic de drogues constituaient une orientation stratégique.

La récolte de pavot atteindra un record cette année, en dépit de la poursuite des efforts d'éradication et certains responsables, gouverneurs notamment, continuent de ne pas être à la hauteur de leur tâche, a dénoncé le Représentant spécial.

« La relation symbiotique entre les Taliban et la culture et le trafic de stupéfiants est avérée », a souligné Tom Koenigs, soulignant qu' « une politique antidrogue dépend de la remise en place de la gouvernance ».

Antonio Maria Costa, Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a pour sa part indiqué que dans le sud du pays, en particulier, le cercle vicieux du financement du terrorisme par la drogue et du terrorisme soutenant le trafic de drogues est plus fort que jamais.

L'usage de méthodes de pression et de compensation a démontré que l'on peut créer la stabilité dans les zones productrices de drogues, comme cela s'est vérifié en Amérique latine dans les Andes, et en Asie du Sud-Est.

« La méthode de la carotte et du bâton fonctionne », a-t-il assuré au Conseil.

Cette méthode a permis la constitution d'un cordon territorial débarrassé de la culture du pavot qui s'étend de la frontière avec le Pakistan, dans le sud-est, jusqu'à la frontière avec le Turkménistan, dans le nord-ouest.

Dans les cinq provinces d'Helmand, de Kandahar, d'Uruzgan, de Zabul et de Nimroz, la croissance de la culture du pavot tient autant à l'insurrection qu'aux trafics de drogues. Il est donc essentiel de combattre simultanément, et avec les mêmes armes, ces phénomènes, a recommandé Antonio Maria Costa.

Le Directeur exécutif de l'ONUDC a affirmé que le problème de la drogue en Afghanistan était lié à l'absence de sécurité. Il est beaucoup plus présent là où les cultures illicites coexistent avec d'autres activités criminelles qui elles-mêmes encouragent la production des drogues, a-t-il dit.

Il a en outre jugé nécessaire de renforcer le contrôle des frontières. Les pays voisins et tous ceux qui ont intérêt à mettre fin aux trafics de drogues et d'argent illicite doivent aider l'Afghanistan, a-t-il insisté, estimant qu'il était nécessaire de mettre en place de meilleurs contrôles le long des frontières maritimes de l'Iran et du Pakistan.

En outre, la corruption est devenue un véritable cancer dans le pays, et sa pratique y compromet l'état de droit et graisse les rouages des activités criminelles liées à la drogue, a affirmé Antonio Maria Costa.

Dans son dernier rapport sur la situation en Afghanistan, Ban Ki-moon avait appelé la communauté internationale à reconfirmer son engagement en faveur de l'Afghanistan et à agir rapidement pour consolider les résultats obtenus au cours des six dernières années (dépêche du 19.03.2007).

Il recommande le prolongement de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) pour un an.