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Affaire Hariri : l&#39enquête avance sur les motivations du crime

Affaire Hariri : l&#39enquête avance sur les motivations du crime

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Le septième rapport au Conseil de sécurité de la Commission d&#39enquête internationale sur l&#39assassinat de l&#39ex-Premier ministre libanais Rafik Hariri et de 22 autres personnes le 14 février 2005, publié aujourd&#39hui, fait état de nouveaux éléments de fait sur les circonstances de l&#39attentat mais reste discret sur ses pistes par souci de protection de l&#39enquête.

Dans ce rapport (S/2007/150) comme dans les précédents, la Commission se dit « consciente de devoir préserver le secret de ses investigations, afin de sauvegarder l'intégrité de la procédure et de protéger ceux qui ont coopéré avec elle ».

« Les autorités judiciaires libanaises souscrivent pleinement à ce choix, de sorte que, loin de rendre compte des investigations en cours de manière circonstanciée, le rapport se contente de dresser le bilan des activités entreprises durant la période considérée », souligne Serge Brammertz, chef de la Commission d'enquête.

« Le climat de sécurité au Liban et dans la région est demeuré instable, comme le montrent les attentats à la bombe perpétrés contre deux autocars dans le village d'Ain Alaq, non loin de Beyrouth, qui ont fait 3 morts et 20 blessés le 13 février 2007 », souligne le chef de la Commission d'enquête (dépêche du 13.02.07).

Ce dernier souligne aussi que « les discussions sur la création d'un tribunal spécial pour le Liban continuent à tenir le devant de la scène politique au Liban et dans la région ».

« Aussi la Commission suit-elle toujours ces questions afin d'en être avertie si elles risquaient de retentir sur ses investigations et sur les mesures à prendre pour sa propre sécurité », précise Serge Brammertz.

Mais il rappelle que « l'objectif stratégique premier de la Commission demeure d'enquêter sur l'assassinat de Rafik Hariri et de 22 autres personnes et de fournir une assistance technique aux autorités libanaises dans le cadre des autres dossiers ».

« Au cours de la prochaine période de trois mois, la Commission s'efforcera de mener des entretiens avec 50 des quelque 250 personnes qu'elle a décidé d'entendre. Elle compte aussi obtenir, en vue de les analyser, de nouveaux documents, documents électroniques et données relatives aux communications ».

La Commission mesure, au fil de son enquête, combien l'affaire Hariri est compliquée. Au cours de la période considérée, elle a ramené les hypothèses de mobile à celles liées aux activités politiques de l'ancien Premier Ministre.

« Elle a désormais une bien meilleure idée des faits et a décelé des liens très intéressants entre les principaux éléments du dossier et entre les différentes parties de ces éléments. La Commission pense pouvoir, dans les trois prochains mois ou peut-être au-delà, reconstituer les faits de manière cohérente à partir de nouveaux éléments de preuve, l'idée demeurant de relier les principaux auteurs à d'autres personnes qui étaient au courant du crime, ont participé à son exécution ou ont concouru aux préparatifs nécessaires ».

Sur plusieurs éléments de fait, le rapport apporte certains éclaircissements.

Il confirme l'hypothèse d'une explosion en surface de la camionnette chargée d'explosifs qui attendait le passage du convoi de Rafik Hariri. De même, « On a désormais une explication scientifique et expérimentale satisfaisante du fait que plusieurs témoins aient entendu plus d'une explosion », parce qu'à une « distance assez éloignée, on peut facilement se méprendre en pensant que ces ondes viennent de plus d'une explosion », explique le rapport.

En outre, l'analyse poussée de l'utilisation des six cartes SIM de téléphone a mis en évidence un certain nombre d'importants éléments qui pourraient révéler « la détermination du rôle qu'aurait joué chaque participant dans la préparation, la planification, la surveillance et l'attentat proprement dit; le fait que les auteurs de l'attentat aient eu à l'avance connaissance des activités et des déplacements de Hariri; et les attentats précédents éventuels contre la vie de Rafik Hariri ».

Enfin, « la Commission étudie l'hypothèse qu'un membre de l'équipe ou un complice a été chargé de confirmer le décès de la cible principale dès que possible et que celui-ci a contacté une personne qui attendait l'information ».

Quant à Ahmed Abou Adass, « identifié et choisi pour revendiquer l'attentat par vidéo », l'enquête permet désormais de « mieux savoir où et quand et par qui il a été recruté ».

En ce qui concerne les autres dossiers, la Commission continue d'apporter une assistance technique aux autorités libanaises, en menant des actes d'enquête qu'elle juge propres à faire avancer chaque dossier sans trop mettre à mal ses ressources.

La Commission a en effet reçu mandat du Conseil de sécurité d'enquêter également sur les autres attentats commis au Liban depuis le 1er octobre 2004.

« Elle continue de rechercher des liens de connexité entre les différents dossiers et, si possible, avec l'affaire Hariri. Elle estime que, les informations relatives à toutes les affaires s'accumulant, elle devrait pouvoir mettre au jour des liens de ce type au cours des trois prochains mois », affirme le rapport.

La Commission note que le Liban, la Syrie et les autres États ont, dans la plupart des cas, promptement donné la suite voulue aux demandes qu'elle leur avait adressées.

Serge Brammertz souligne que son équipe « continue d'avoir absolument besoin de l'assistance de tous ces États pour bien mener ses enquêtes ».

La Commission note aussi que le climat politique et la sécurité précaire dans lesquels vit le Liban, et la question du recrutement et de la rétention d'un personnel qualifié agissent sur son aptitude à s'acquitter de son mandat dans les délais fixés.

Enfin, la Commission poursuit ses travaux dans la perspective de la création d'un tribunal spécial pour le Liban. Compte tenu des activités d'enquête qu'elle mène et envisage encore de mener, comme il ressort du présent rapport, il est peu probable qu'elle aura achevé ses travaux d'ici l'expiration de son mandat, en juin 2007.

Elle accueille donc avec satisfaction la demande de prorogation de son mandat.