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Les restrictions imposées à la MINUEE font peser un risque sur le concept de maintien de la paix

Les restrictions imposées à la MINUEE font peser un risque sur le concept de maintien de la paix

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Alors que les entraves à la Mission de l&#39ONU chargée de surveiller le cessez-le-feu entre l&#39Ethiopie et l&#39Erythrée menacent désormais le concept de maintien de la paix, le Secrétaire général propose dans un rapport publié aujourd&#39hui quatre options pour l&#39avenir de cette mission dont sa transformation en mission d&#39observation ou de liaison.

« L'effet conjugué des restrictions très dures imposées par l'Érythrée pose un grave défi aux nombreux principes de base des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, dont la sécurité du personnel, la nécessité de la liberté de circulation, le caractère exclusivement international du personnel engagé sous la bannière de l'Organisation des Nations Unies et la prérogative du Secrétaire général de nommer son personnel », affirme le Secrétaire général dans son dernier rapport sur la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE).

« La MINUEE a dû opérer dans des conditions inacceptables pendant beaucoup trop longtemps et je crains que si on laisse persister cette situation, elle risque dans les faits d'avoir de graves incidences sur le concept plus large du maintien de la paix », souligne-t-il.

Dans les circonstances actuelles très précaires, « la MINUEE ne peut observer tout au plus que 40 % de la zone temporaire de sécurité et elle n'est plus en mesure de surveiller les forces érythréennes dans leurs positions de redéploiement ».

« En outre, vu que les parties ne coopèrent pas avec la Commission du tracé de la frontière, la possibilité pour la MINUEE d'aider la Commission à appliquer sa décision relative à la délimitation de la frontière reste problématique ».

En dépit de l'attitude délibérément négative à l'encontre de l'opération des Nations Unies et des soldats de la paix, la présence de ces hommes et femmes courageux et leur volonté de servir la cause de la paix reste un obstacle politique, opérationnel et psychologique à une action précipitée que pourrait déclencher l'actuelle situation où les deux armées sont déjà directement face à face sans une zone de séparation, affirme le Secrétaire général.

Ce facteur demeure un obstacle pour ceux qui souhaiteraient voir la situation s'envenimer encore davantage, avec les éventuelles conséquences pour les deux pays et la sécurité générale dans la région.

« Bien qu'elle soit moins utile, la présence de la MINUEE peut encore aider dans une certaine mesure à empêcher une reprise du conflit ». « Je suis convaincu que le Conseil de sécurité gardera à l'esprit cette considération lorsqu'il se prononcera sur l'avenir de la Mission », souligne le Secrétaire général qui propose quatre options.

Selon la première option, l'effectif militaire de la MINUEE diminuerait, passant de 2 300 à 1 700 hommes, dont 1 430 membres des contingents et éléments d'appui et 230 observateurs militaires, ce qui permettrait de conserver l'actuelle capacité d'observation.

Sous l'option II, la MINUEE aurait un effectif militaire de 1 700 hommes, dont 230 observateurs militaires, et son concept d'opérations serait le même que celui de l'option précédente.

Toutefois, tout le quartier général de la MINUEE et les unités militaires qui y sont rattachées, y compris la police militaire et la compagnie des services de sécurité et d'administration, seraient repositionnés en Éthiopie pour ne laisser à Asmara qu'un petit bureau de liaison. Cela laisserait néanmoins la Mission à la merci de l'Ethiopie comme de l'Erythrée pour poursuivre ses activités de surveillance.

La troisième option consisterait à faire de la MINUEE une mission d'observation appuyée par une force de protection militaire de plus petite taille, ce qui impliquerait une réduction des effectifs pour les porter de 2 300 à 800 hommes (160 observateurs militaires et 640 soldats, dont des éléments d'appui).

Selon la quatrième option enfin, la MINUEE deviendrait une petite mission de liaison ayant des bureaux à Addis-Abeba et à Asmara. Sa tâche principale serait de maintenir la liaison avec les responsables politiques et militaires des parties.

« Il s'agirait de déployer 30 à 40 officiers de liaison militaire, avec un appui de l'aviation civile sous contrat. Ces officiers militaires, de concert avec les fonctionnaires de liaison politique, seraient déployés dans chaque capitale. On pourrait aussi établir des postes de liaison avancés dans les deux pays ».

Comme pour toute option impliquant le déploiement du personnel des Nations Unies en Érythrée, même une petite mission pourrait toujours se heurter à de graves restrictions opérationnelles qui saperaient son efficacité. En outre, il n'en résulterait qu'une évaluation très limitée de la situation sur le terrain, souligne le Secrétaire général.

Le choix d'une de ces quatre options est rendu d'autant plus délicat que la Commission du tracé de la frontière entre l'Éthiopie et l'Érythrée, a décidé le 27 novembre, d'accorder aux parties 12 mois supplémentaires, venant à échéance à la fin du mois de novembre 2007, pour « examiner leurs positions respectives et essayer de parvenir à l'accord nécessaire sur l'emplacement des bornes frontière ».

« Il faudrait aussi tenir compte de cette importante décision de la Commission pour examiner les éventuelles options concernant l'avenir de la Mission » souligne le Secrétaire général qui « invite » le Conseil de sécurité à autoriser la mise en oeuvre de l'option I.

« Si, toutefois, il n'y a aucun progrès dans les mois à venir dans l'application de la recommandation de la Commission, le Conseil pourrait envisager de transformer l'opération des Nations Unies en une mission d'observation ou de liaison, poursuit-il.

La MINUEE a été créée par la résolution 1320 (2000) du Conseil de sécurité le 15 septembre 2000. La zone temporaire de sécurité a été officiellement établie en avril 2001.

Le 13 avril 2002, la Commission du tracé de la frontière entre l'Éthiopie et l'Érythrée a rendu sa décision sur le tracé et, selon son mandat, a été priée de procéder promptement à la démarcation complète de la frontière.