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La Somalie face à la perspective d&#39un conflit aggravé, prévient François Lonseny Fall

La Somalie face à la perspective d&#39un conflit aggravé, prévient François Lonseny Fall

François Lonseny Fall
Lors d&#39un exposé sur la situation en Somalie, le Représentant spécial du Secrétaire général a demandé au Conseil de sécurité d&#39exhorter les parties à cesser les combats immédiatement et à s&#39abstenir de toute provocation supplémentaire, à l&#39heure où l&#39Ethiopie a ouvertement déclaré la guerre aux miliciens islamistes.

« Il faut rappeler à toutes les parties au conflit en Somalie au respect de la résolution 1725 du Conseil de sécurité et à reprendre d'urgence le dialogue sans conditions préalables », a dit François Lonsény Fall lors d'une séance publique du Conseil convoquée en urgence par son président pour le mois de décembre, le représentant du Qatar.

« A moins qu'un règlement politique ne soit réalisé par le biais de négociations, je crains que la Somalie ne contemple une période de conflit aggravé et de forte instabilité », a ajouté le Représentant spécial qui a précisé qu'à l'heure actuelle les hostilités entre le gouvernement de Transition et les Tribunaux islamiques s'étendaient sur un front de 400 kilomètres.

Cette situation aurait des conséquences « désastreuses pour le peuple de Somalie qui souffre déjà depuis longtemps, ainsi que pour toute la région », a-t-il dit.

François Lonsény Fall a rappelé l'escalade de la situation depuis son dernier exposé au Conseil et l'adoption de la résolution 1725 du 6 décembre dernier autorisant le déploiement en Somalie de troupes de l'IGAD – l'organisation politique et économique qui regroupe les pays d'Afrique de l'Est (dépêche du 6.12.06 et dépêche du 13.12.06).

La force (IGASOM) visait à protéger les membres et les infrastructures du gouvernement provisoire installé à Baidoa face à l'avancée de l'Union des tribunaux islamiques.

« L'adoption de cette résolution a été chaleureusement accueillie par le gouvernement de Transition mais rejetée par l'Union des Tribunaux islamiques, qui a affirmé qu'elle conduirait à des combats dans la région, ajoutant que le déploiement de forces étrangères en Somalie équivalait à une invasion du pays », a dit François Lonsény Fall.

En toute hypothèse, ni l'IGAD ni l'Union africaine n'a été en mesure de trouver des contributeurs ou des donateurs potentiels pour soutenir l'IGASOM, a-t-il expliqué.

Accusant l'Ethiopie de déployer illégalement des forces dans le pays, les Tribunaux islamiques ont appelé le 23 décembre au Djihad contre les troupes éthiopiennes, et appelé à ce que des « combattants étrangers » viennent s'y associer.

Les Tribunaux ont toutefois « nié abriter de quelconques terroristes internationaux et invité la communauté internationale à envoyer une commission d'établissement des faits ».

« Des informations font aussi part de la présence de l'Erythrée aux côtés de l'Union des Tribunaux islamiques, bien qu'elle ait constamment nié la présence de ses troupes en Somalie », a dit le Représentant spécial.

Ce dernier a aussi fait part de l'initiative de la Ligue des Etats arabes pour tenter de calmer la situation. L'Union africaine a prévu une réunion avec les membres de l'IGAD et de la Ligue des Etats arabes, demain à Addis Abeba.

Il a enfin rappelé que sa propre intervention à Mogadiscio le 4 décembre n'avait pas été suivie d'effet.

Du côté humanitaire, près de 760 blessés de guerre ont déjà été enregistrés par la Croix-Rouge qui a fourni des kits pour 1.500 patients.

La fourniture de l'assistance humanitaire à deux millions de personnes affectées par les inondations est d'ores et déjà menacée, a dit François Lonsény Fall qui a indiqué que tout le personnel international de l'ONU et des organisations non gouvernementales (ONG) avait été évacué, y compris les équipes d'évaluation d'urgence disposant d'hélicoptères pour aider les victimes des inondations, redirigés vers le Kenya.

Parallèlement, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) doit discuter demain de la possibilité d'installer de nouveaux camps au nord du Kenya, qui abrite déjà 35.000 nouveaux réfugiés somaliens, a-t-il dit (dépêche du 26.12.06).